Eventuel troisième mandat, parlons-en !!!
Répondant à la question d’un journaliste sur l’éventualité d’un troisième mandat, lors d’une conférence de presse tenue le 15 mai 2016 à SEKHOUTOUREYA, le Président Alpha Condé déclara : « … seuls DIEU et le peuple en décideront ».
Loin de satisfaire tout le monde, dans un pays où existe une tradition longuement établie de, qui ne s’exprime comme je veux, devra porter le fardeau de mes soupçons et de mes accusations, autrement dit enfiler le manteau que je souhaite lui faire porter. Ces paroles pleines de sagesse donnèrent lieu à des interprétations tendancieuses, partisanes et généralement malveillantes.
Des attaques aussi brutales qu’injustifiées contre Le Président de la République ne pouvaient que susciter l’ire et la riposte de ses partisans, conduisant ainsi à la formation de deux blocs aux approches diamétralement opposées, sur le pour ou le contre un troisième mandat. Il devient dès lors intéressant de connaitre les éléments constitutifs de chaque camp, d’analyser leurs argumentaires, afin de permettre aux lecteurs de se faire une opinion sur cet important débat qui préoccupe aujourd’hui la classe politique et la société civile. Une découverte des plus intéressantes que l’on fait au cours de cette analyse est que, les approches n’épousent pas obligatoirement les lignes de fracture politico idéologiques qui séparent les deux camps, du moins sur certains aspects même si, au finish, l’objectif recherché par chacun reste l’obtention ou l’empêchement d’une éventuelle modification constitutionnelle qui permettrait au Président, Alpha Condé, de rempiler pour un troisième quinquennat. Quels en sont les éléments constitutifs et quels sont leurs arguments ?
Les opposants à toutes formes de modifications de l’article 154 de la constitution : ce groupe comprend l’opposition en général, avec comme fer de lance l’UFDG et ses partis saprophytes, ainsi que des organisations de la société civile et certaines personnalités soit disant apolitiques. Si certains éléments de ce groupe s’enferment dans un stéréotype stupide et borné du genre῍ Touche pas à ma Constitution῎, d’autres, par contre, ont une approche plus réaliste et démocratique qui place le Peuple comme déterminant suprême de son destin même si , en raison de considérations purement politiciennes , celle-ci finit par s’engouffrer dans une impasse.
Au nombre des partisans de cette vision intelligente et réaliste, nous citerons deux des voix les plus autorisées de l’opposition dite républicaine : l’honorable Aboubacar Sylla , prolixe et infatigable porte-parole de cette opposition , et l’honorable Ousmane Gaoual Diallo, une intelligence confirmée et une valeur sure de la génération montante, mais les aspérités et les rugosités de son discours politique nuisent à la perception, à la compréhension et à l’acceptation du message qu’il veut véhiculer, par de nombreux Guinéens, peu habitués à ce style occidentalisé du débat politique.
Invité de la Radio Lynx FM, et abordant le débat sur le code électoral l’honorable Aboubacar Sylla déclare qu’il ne comprend pas l’agitation de certains à soutenir un code qui aura été élaboré par une institution (Conseil National de Transition) dont les membres ont été désignés et non élus, et publié par un Général putschiste. Ce qui enlève, selon lui, toute légitimité à cette Loi qui gagnerait donc à être amendée et adoptée par les représentants du peuple que sont les députés. Malheureusement, il oublie que l’actuelle constitution, considérée comme non modifiable par certains, élaborée par la même institution, et publiée par le même Général putschiste, est frappée du même péché originel que le code électoral. Il y a là l’évidence d’un poids, 2 mesures, qui ne saurait échapper à la perspicacité de l’éminent polémiste de l’opposition. Plus loin, il professera l’idée que l’organisation d’un référendum est un moyen d’expression de la volonté du peuple que rien ne saurait contrarier, mais craindrait que le vote populaire ne soit confisqué par de prétendues fraudes électorales. A ce niveau, il est difficile de comprendre qu’une opposition qui se dit capable de mettre dans la rue deux millions de personnes prêtes à affronter , le cas échéant, des policiers et gendarmes armés, et revendiquant 80% de l’électorat, soit incapable de sauvegarder les résultats, du bureau de vote jusqu’à leur proclamation définitive. Il nous semble pourtant qu’il est plus facile et plus sage de sonner la mobilisation générale de militants aussi déterminés, pour un vote massif et la sauvegarde des résultats, que d’appeler à de violentes manifestations qui mettent en péril la vie et les biens de paisibles citoyens.
S’agissant de l’honorable Ousmane Gaoual Diallo, il admet, au cours d’une interview accordée à un site de la place que le Peuple qui est souverain, peut se prononcer sur quelque modification constitutionnelle qu’il souhaite. En somme, il n’y a pas d’intangibilité qu’un peuple libre et responsable ne puisse lever, par voie référendaire ou parlementaire, à condition qu’il ne bénéficiât au détenteur du pouvoir qui organise la consultation. Signalons cependant qu’en l’an 2001, il y a eu jurisprudence en la matière. On aurait pu lui donner raison si les prétendants à l’héritage de Feu Général Lansana Conté, nombreux parmi les cadres dirigeants des deux mouvances, pouvaient jurer de n’avoir ni cautionner, ni militer activement en faveur d’une révision constitutionnelle ayant abouti à la levée d’une limitation de mandat et d’âge. On aurait pu encore lui donner raison si ces mêmes personnalités, hier cadres administratifs ou responsables politiques de haut niveau du régime du PUP, aujourd’hui hauts cadres de l’opposition ou de la mouvance, si ces personnalités, disons nous, pouvaient, par une déclaration à minima , présenter publiquement leurs excuses au peuple de Guinée, en exprimant leurs regrets d’avoir soutenu avec enthousiasme et servi avec docilité ,un troisième mandat à un Président. En raison de la haute improbabilité de voir ces éventualités sus- évoquées se produire, dès lors, il ne serait pas exagéré de penser que ceux qui critiquent aujourd’hui un éventuel amendement constitutionnel, pourraient bien être tentés d’y recourir, s’ils accédaient un jour au pouvoir. Ne dit-on pas que l’habitude est une seconde nature? Enfin, l’honorable Gaoual acceptera t- il que le nouveau règlement intérieur de l’Assemblée Nationale auquel l’ UFDG tient tant , s’il venait à être adopté par la prochaine session du mois d’avril 2017, ne s’appliquasse qu’à la prochaine législature, vu que c’est la nôtre qui en aura été l’auteure ?. Ce tour d’horizon des opposants à tout amendement de l’actuelle Constitution serait incomplet si on ne parlait de la position de ceux-là qui prétendent qu’il remettrait en cause la légitimité des institutions qui en sont issues, notamment la Présidence de la République et l’Assemblée Nationale .
Nous nous inscrivons en faux contre cette assertion que nous considérons comme une interprétation fantaisiste et simpliste de la loi pour 2 raisons :
La première est qu’une constitution doit être dynamique : elle doit évoluer en fonction des conditions sociales, politiques, économiques et culturelles. Vouloir l’amender ne signifie nullement qu’elle est fondamentalement mauvaise. La constitution de 2010, en dépit des insuffisances qu’elle renferme, a créé le cadre légal qui aura permis l’organisation des différentes consultations électorales, ce qui ne signifie pas pour autant qu’elle soit parfaite, donc intouchable. Mamadou Billo Sy Savané , intellectuel et politicien guinéen installé en France que l’on ne pourrait taxer de pro Alpha, les honorables Aboubacar Sylla et Ousmane Gaoual Diallo , ont chacun, avec le style qui lui est propre, admis l’idée de la possibilité de révision de la constitution de 2010, au cours de leurs interviews dans le passé.
La deuxième est qu’en créant le cadre légal pour l’organisation des élections présidentielles et législatives, elle aura permis au suffrage populaire de s’exprimer en faveur des différents candidats , donnant ainsi aux élus , Président de la République et députés, l’onction populaire qui est la base de leur légitimité. En effet, la constitution en son article 2, alinéa 1 stipule : « la souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants élus ou par voie de référendum.» L’actuelle Constitution, malgré d’importants acquis qu’elle aura permis d’obtenir, a besoin d’une légitimation populaire, en l’état ou amendé, a travers les mécanismes prévus à cet effet. Il n’est donc pas superflu d’insister sur ce besoin de légitimation, disons même cette nécessité de légitimation qu’énonce l’article 2, alinéa 2, qui dit : « aucun individu, aucune fraction du peuple ne peut s’en attribuer l’exercice » car le CNT, nonobstant la qualité des hommes et des femmes qui le composaient , restera toujours marqué par les mécanismes et critères plus ou moins subjectifs ayant présidé à leur choix.
Les partisans d’un troisième mandat : ils comprennent des hauts cadres du RPG arc -en – ciel et certains de ses alliés, ainsi que des militants et de nombreux citoyens convaincus qu’après 2020, le Peuple aura encore besoin d’Alpha le bâtisseur. Pour appuyer leur choix, ils citerons les nombreux acquis depuis 2010, et les perspectives séduisantes et convaincantes envisagées durant les trois prochaines années. Au nombre des acquis ils parleront entre autres de :
-Kaleta (240MW), qui a pratiquement doublé la capacité énergétique du pays en moins de 5 ans.
-des milliers de lampadaires et de forages qui ont rendu moins pénible la vie dans nos campagnes.
– les chantiers de l’Indépendance qui donnent une nouvelle physionomie à nos villes de l’intérieur.
– un taux de pénétration et de couverture téléphoniques fort appréciable, le déploiement de 4000 km de fibre optique à travers le pays, avec comme bénéfice attendu, la vulgarisation de l’Internet dans les agglomérations les plus reculées du pays.
Concernant les perspectives, pour eux, il n y a l’ombre d’aucun doute quant à la réalisation du barrage de Souapiti ( 550 MW), la réhabilitation de la route Conakry- Dabola, l’autosuffisance alimentaire, ainsi que beaucoup d’autres projets non moins importants.
Dans cette empoignade qui se révèlera de plus en plus rude à mesure que l’on s’approchera de la fin du deuxième quinquennat, on attend toujours que les 2 principaux acteurs, le Président de la République et le Peuple, acteur décisif et incontournable, se prononcent. Est-ce pour autant dire que le Chef de l’Etat devrait se prononcer maintenant comme l’exigent ses adversaires politiques ? La réponse sera assurément non car, les défis à relever qui ont pour nom insalubrité, manque d’eau et d’ électricité, augmentation de la production et de la productivité dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche, lutte contre le machiavélisme politique aux allures de guérilla urbaine qui veut prendre la capitale en otage par la terreur de rue …etc, sont des challenges plus intéressants et plus exaltants que des débats stériles et prématurés sur un troisième mandat. Cependant, en application de la liberté d’expression consacrée en son article 7 par la constitution guinéenne, rien n’autorise les adversaires d’un éventuel amendement constitutionnel à vouer à la géhenne leurs adversaires qui le souhaitent. En temps opportun, en vertu du principe de souveraineté , le Peuple départagera les différents protagonistes.
Le locataire de SEKHOUTOUREYA, artisan infatigable du changement, ne devrait point se laisser distraire ou influencer par les manœuvres de diversion d’ adversaires apeurés et déboussolés par son ambitieux programme de développement, dont la réalisation enterrera de la plus belle des manières leur prétention présidentielle. En 2020, s’il le souhaite et si Dieu le veut, le Peuple, consulté, lui déroulera le tapis rouge pour un troisième mandat de bonheur et de prospérité pour la Guinée et les Guinéens.
Fria le 26 février 2017.
Dr Sidiki Cissé
In Nouvelle Elite
Que Dieu sauve ce pays.
Lol !