Les défis de l’Union africaine (Par Mamadou Gando Bah)

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Créée pour promouvoir le développement économique dans le continent, l’union africaine peine encore à s’exprimer pleinement dans un contexte géopolitique complexe et marqué par la domination des grands ensembles.

Certes plusieurs initiatives ont été entreprises depuis sa création, notamment le lancement du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), et l’instauration des prélèvements d’une taxe de 0,2% sur les importations des produits non africains en vue de combler son gap budgétaire.

Mais la volonté des dirigeants à construire une organisation forte et capable de prendre en charge les multiples attentes des peuples africains reste bousculée par d’énormes défis.

Le rêve africain de partager un même destin, un grand destin, passe nécessairement par l’appropriation des valeurs de l’intégration par les peuples africains. L’intégration ne doit plus être vue comme un ensemble de décisions prises au sommet de l’union, elle doit aussi et surtout être transformée progressivement en une culture qui sera encrée dans le vécu des sociétés africaines.

C’est pourquoi, il est important de préciser que l’union ne doit pas se résumer au sommet des chefs d’Etat et de gouvernement ou encore à faire des grandes annonces, elle doit plutôt abattre un travail de fond pour amener les différents peuples africains à partager l’esprit des principes qui ont sous- tendu à la création de l’institution.

Dans les lignes qui vont suivre, je mettrai un accent particulier sur les défis que l’union doit prendre en compte, si elle veut exister pleinement et durablement.

Ces défis loin d’être exhaustifs constituent néanmoins de sérieux verrous à la porte d’entrée de l’institution pana-africaine dans le concert des décideurs de la planète.

Le premier défi est celui de conquérir l’indépendance économique. Il est révoltant d’apprendre qu’une institution continentale qui se veut locomotive du développement du continent est incapable de couvrir les 2/3 de son budget. Le budget de l’union africaine est financé par des bailleurs étrangers dont plus de la moitié est supportée par l’union européenne.

L’effort entrepris pour le prélèvement de 0,2% sur les importations des produits non africains est une excellente idée, mais les reformes doivent aller plus loin dans le désenclavement économique et la mise en place du paquet de stabilité des économies des pays membres.

Les Etats de l’union peuvent « oxygéner » leurs économies au travers trois reformes voire révolutions :

*Industrialiser la transformation des matières premières ;

*Construire de manière diversifiée les industries agro-alimentaires ;

*Créer et développer un marché intérieur en mettant un accent sur les échanges intra-africains de biens, services et capitaux ;

*Battre une monnaie continentale ayant tous les attributs de la souveraineté ;

*Faire de la lutte contre la corruption un enjeu continental.

Les dirigeants africains doivent également mettre en place un paquet de règles de stabilité pour discipliner les Etats membres dans la gestion de leur économie. Une institution forte résulte du poids économique de ses membres.

 Le second défi est celui de la libre circulation dont je faisais allusion. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest constitue un exemple d’intégration, un véritable model d’organisation inclusive. Il est souhaitable que les autres zones du continent prennent l’exemple sur la CEDEAO. Mais le Maghreb et l’Afrique centrale ainsi que d’autres zones du continent comme l’Afrique du Sud peinent encore à intégrer dans leurs sociétés l’esprit de partage des valeurs africaines que sont : l’hospitalité et la libre circulation. La récente chasse organisée contre les noirs en Algérie est illustrative d’un profond mépris dont sont victimes des africains de la part des africains.

Les Magrébins ne réalisent pas suffisamment leur africanité, ils pensent vivre dans un autre continent d’où les réactions parfois abominables qu’ils infligent aux « nègres » africains qui par aventure se retrouvent chez eux. En plus ils font peu d’effort pour le fonctionnement de l’union, c’est ce qui explique par endroit leur va et vient dans l’institution.

Mais malheureusement la xénophobie est également pratiquée entre noirs voire entre voisins. Le monde entier a déploré les exactions dont sont victimes les congolais de RDC chez les voisins de Congo brazza, ou encore des massacres au grand jour que les extrémistes sud-africains ont fait subir à leurs frères africains venant d’autres pays.

L’union se construit dans la tolérance et l’acceptation des différences. Antoine de Saint-Exupéry dans Citadelle ne disait-il pas « Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me lésertu m’enrichis ».

Le rapprochement entre les Chefs d’Etats et de Gouvernements doit servir de boussole pour Construire une union forte dont la truelle est tenue par les 1,2 milliards d’habitants (2015) que compte le continent.

Le troisième défi touche à l’opérationnalisation effective d’une force africaine de maintien de la paix et de la sécurité continentale. Cette force doit être pérenne et capable de ramener la paix dans les Etats à conflits. Des sacrifices doivent être consentis par les Etats membres pour fournir suffisamment de moyens humains et financiers. La violation systématique des droits de l’homme au Burundi, au Centre Afrique, au nord Mali, au soudan de sud prouve à suffisance les limites de l’Union Africaine sur les questions de paix et de sécurité.

Le développement se fait sur fond de paix et de sécurité.

 Le quatrième défi est celui du déficit du leadership. Le Nigeria, l’Afrique du sud et l’Egypte doivent pleinement jouer leur rôle, ils doivent être le moteur du fonctionnement de l’union africaine. Je suis certain, si ces états sortent de leur diplomatie de couloir et décident de prendre en main le destin du continent, l’Afrique connaîtra la transformation tant souhaitée pour son développement.

Les grandes organisations sont remorquées par des grands leaders.   

Le cinquième défi est celui qui me semble le plus important, il s’agit du respect des droits de l’homme et du jeu démocratique.

Les dirigeants africains en font le cadet de leur souci, or sans le respect des droits de l’homme, l’union africaine sera une maison sans toiture.

Comment comprendre qu’après des décennies depuis sa création, la Cour Africaine des Droits de l’Homme n’est toujours pas véritablement opérationnelle ?

La question des droits de l’homme doit être vue dans un angle global. Les droits de l’homme sont catégorisés en trois :

La première catégorie porte sur les droits qui exigent de l’état une abstention, ce sont les droits civils et politiques (ex : la liberté d’aller et de venir, la liberté d’être électeur et éligible, la liberté d’expression, la liberté d’opinion…)

La deuxième catégorie ce sont les droits qui demandent une intervention de l’Etat. L’Etat doit faire ou faire faire des écoles, des hôpitaux, offrir de l’eau, de l’électricité … ces droits sont appelés, les droits socio-économiques.

La dernière catégorie porte sur les droits de la troisième génération. Ce sont : le droit à un environnement sain, le développement durable…

Vous constatez donc le respect et la garantie de ces droits conduisent littéralement au bien-être et au développement.

Les dirigeants africains doivent donc en faire une priorité s’il est vrai qu’ils se fixent pour objectif le développement du continent.

L’autre défi négligé est celui du jeu démocratique. L’union ne saurait prospérer lorsque certains de ses membres sont élus dans des conditions peu démocratiques et dans des contextes conflictuels.

Les discours des chefs d’état qui ont bafoué les règles démocratiques sont improductifs face à la soif de liberté et d’épanouissement de la nouvelle jeunesse. Vouloir construire le développement en feignant d’ignorer le jeu démocratique et le respect des droits de l’homme relève de la pure utopie.

Je conclu sur une citation de l’institutionnaliste, Jean Monnet « Sans les Hommes rien est possible, sans les Institutions rien n’est durable ».

Mamadou Gando Bah, Spécialiste en Gestion publique

Gando483@gmail.com

 

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1 commentaire
  1. Observateur dit

    Moi je rajoute ceci:
    Il faut interdire en afrique tous les ministres limoges pour faute legere, semi-legere ou lourde pour servir d’exemple sinon un ministre demi pour faute lourde ne peut donner la lecon meme a un petit voleur de Madiana.

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