Le championnat national, le Ministère des Sports, la CAJD… le président Sinkoun Kaba à coeur ouvert sur le damier guinéen

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« Nous avons l’une des rares fédérations à avoir remporté des trophées pour le pays »

Acteur clé du renouveau de la Fédération guinéenne du jeu de dames et d’échecs (FGJD), SinkounKaba annonce le championnat national 2017 pour le 21 décembre prochain. Pour le président de la FGJD, c’est l’occasion de rappeler les talents que dispose le pays, et d’appeler les mécènes à investir dans la discipline. Interview !

Guineenews : Plus de dix ans après la relance de la Fédération, qu’elle est aujourd’hui la situation du jeu de dames en Guinée ?

Sinkoun Kaba : Je tiens d’abord à vous remercier de l’opportunité que vous m’offrez pour m’exprimer sur la situation actuelle de notre fédération. Par extension, je voudrais remercier toute la presse guinéenne. Elle a largement contribué à la relance du jeu de dames en Guinée.

En réponse à votre question, je voudrais d’abord remonter à l’historique pour rappeler que cette fédération est l’une des plus vieilles en Guinée. Elle a été créée en 1981 à l’époque du Haut commissariat des sports. Deux ans après sa création, notre fédération nationale a été affiliée à la Confédération africaine du Jeu de dames (CAJD). Quelques années après, la Guinée a eu le privilège d’organiser le tout premier championnat africain des jeux de dames. C’était je crois bien en 1982. Et cela, en catégorie individuelle. Il faut préciser que la CAJD, à l’image de la Fédération mondiale de jeu de dames, organise deux compétitions distinctes, à savoir le championnat d’Afrique en catégorie individuelle et celle des équipes. Depuis l’organisation de ce premier championnat jusqu’à 2005, date à laquelle nous sommes venus à la tête de cette fédération, la Fédération guinéenne de jeu de dames et d’échecs n’a existé que sur papier. Elle n’arrivait pas à organiser le championnat national, ni la coupe nationale, alors qu’à l’international, elle ne parvenait pas à payer ses cotisations à la CAJD et à la Fédération mondiale du jeu de dames. Cette fédération moribonde ne pouvait non plus présenter des candidats ou des équipes aux compétitions internationales. C’est dans cette situation que nous avons pris la fédération en 2005 suite à la décision du monde des damistes guinéens de lui donner une nouvelle impulsion. C’est donc à la faveur de cet engagement à changer la donne que j’ai été élu comme nouveau président de la Fédération.

Une fois à la tête de la Fédération, j’avais à la fois la lourde tâche de renouer avec les instances internationales du jeu de dames et celle de mettre de l’ordre dans le secteur en Guinée. C’est pourquoi, dès ma prise de fonctions, je me suis rendu en Hollande, au siège de la Fédération mondiale du jeu de dames, pour discuter du cas guinéen. Après des négociations avec le comité exécutif, la Guinée a été reprise. Toutefois, il lui a été demandé de s’acquitter des arriérés de cotisation des deux dernières années. L’essentiel, c’est que la Guinée a réintégré la Fédération mondiale. Dans la foulée, durant la même année (2005), la Guinée a présenté des candidats pour les championnats mondiaux. D’abord au championnat mondial par équipes, en Italie. Puis, dans le championnat en individuel.

Et quels ont été les résultats de ses premières participations ?

Pour cette toute première participation au championnat mondial par équipes, la Guinée a reçu le trophée de la révélation du tournoi. Et en individuel, Laye Moussou Diawara, notre représentant, a obtenu le titre de Maître international, l’un des trois grands titres fondamentaux décernés par la Fédération mondiale (la Guinée à aujourd’hui deux Maîtres fédéraux dont un en activité, un Maître international et un Grand Maître international). Aujourd’hui, la Guinée a le privilège d’avoir dans le rang de ses damistes, un Grand maître international qui est Charles AkoiKoivogui. Tous ces résultats sont à mettre à l’actif des efforts fournis pour promouvoir cette discipline tant à Conakry que dans les préfectures. Grâce à ces mêmes efforts, le damier est aujourd’hui bien reconnu par notre département de tutelle… Au moment où je venais à la tête de cette fédération, la Guinée n’avait pratiquement aucune médaille. Aujourd’hui, notre fédération est l’une des rares en Guinée à avoir remporté un trophée continental. En 2009, la Guinée a remporté le championnat d’Afrique par équipes, à Abidjan. Je me rappelle que le trophée avait été âprement disputé avec l’équipe du pays organisateur.

Comme j’aime le rappeler à chaque fois, la Guinée a deux grands défis à relever dans le domaine sportif. Il s’agit d’abord du défi de la participation. Et à ce niveau, je crois que notre pays n’a pas assez de problème. Puisque la Guinée participe à beaucoup de grandes rencontres sportives en dépit des difficultés. Mais le second défi, qui est celui de l’organisation, reste presque total. Celui-ci reste d’ailleurs le talon d’Achille de notre sport national. Pourtant, pour rehausser le niveau de nos athlètes, il nous faut de temps à autre organiser des tournois. Cela nous permettra aussi de vendre l’image de notre pays. Je crois que c’est un souci auquel notre département de tutelle doit chercher à répondre. Il est inadmissible que la Guinée qui se réclame comme un grand pays de football ne soit pas parvenue jusqu’ici à organiser une Coupe d’Afrique. On ne parle même pas des autres disciplines sportives… Conscients de ce défi, nous avons, lors du dernier congrès électif de la CAJD, introduit notre demande pour l’organisation du Championnat d’Afrique (catégorie individuelle) en Guinée (prévu en novembre 2018). En ce moment, je dispose le cahier de charges que je vais bientôt soumettre à l’appréciation de mon département de tutelle. J’espère que nous allons bénéficier de l’appui du ministère des Sports. En tout cas, il ne faudrait pas que la Guinée passe à côté de l’organisation d’une telle rencontre continentale.

Dans un pays où le football est le sport roi, comment se passe la collaboration avec le ministère en charge des Sports ?

En réalité, les relations ne sont pas au beau fixe. C’est la Fédération qui s’auto-finance sur tous les aspects. Depuis plus de cinq ans, nous participons à des compétitions internationales, mais tout à nos frais. On ne souhaite pas avoir le même privilège que le football a, mais que notre département de tutelle ait au moins un regard positif à  notre égard. Surtout que nous au moins, nous rapportons des trophées pour le pays. Malheureusement, nous constatons ce que nous appelons une discrimination fédérale. Les 90% du budget de notre fédération sont engloutis par le football qui malheureusement ne fait pas de résultats. Si le tiers de ce montant était alloué aux autres fédérations sportives, la Guinée allait connaître le rayonnement sportif auquel nous aspirons tous.

Ce qui se passe aujourd’hui est lamentable. Toutefois, il faut reconnaître que l’Etat ne peut pas tout faire. C’est donc l’occasion de lancer un appel pressant à l’endroit de tous les mécènes de ce pays pour qu’ils s’intéressent à des disciplines comme la nôtre. Personne n’est sans savoir que le sport est aujourd’hui une industrie des temps modernes qui peut générer autant de profits que d’autres secteurs d’activité. S’ils s’y mettent, je suis sûr qu’ils ne vont pas le regretter. Normalement, les efforts de l’Etat sont à considérer comme un appoint de l’investissement des mécènes.  Mais, aujourd’hui, nous évoluons sans sponsors. Comme je l’ai tantôt signalé, tout est fait sur fonds propre.

C’est donc dans cette situation d’autofinancement que vous organisez le championnat national ?

Bien-sûr. Quoi qu’il en soit, conformément à notre programme d’activité annuel, il nous faut organiser ce championnat national individuel. Nous comptons l’organiser du 21 au 28 décembre 2018 au grand complexe hôtelier Novotel (Hôtel de l’Indépendance)— qui reste pour l’instant le seul partenaire de la Fédération. Durant ce championnat, se déroulera également le congrès électif.

Combien de damistes participent à ce championnat ?

Il y aura 14 damistes. Chacun des quatorze va défendre ses compétences dans des rencontres individuelles. Ils vont tous se rencontrer, et celui qui totalisera plus de victoires sera le sacré champion de Guinée.

Quels sont les critères de sélection des candidats ?

Nous avons au préalable demandé au directeur technique de la Fédération de soumettre une liste de joueurs à l’approbation du Comité exécutif. Nous allons statuer sur cette liste et la liste définitive sera connue avant le début de la compétition. Mais il y a des joueurs qui sont qualifiés d’office. Il s’agit des joueurs de l’équipe nationale. Cesont les joueurs de  » seconde main  » qui vont passer par un challenge préliminaire. Cela, pour éviter toute discrimination. C’est surtout pour donner l’opportunité aux nouveaux talents de s’affirmer.

D’où viennent les joueurs ? Des clubs ? 

Oui, Conakry dispose d’assez de clubs pour nous fournir des joueurs. Il y a aussi des clubs à l’intérieur du pays. En tout, il y a une centaine de clubs accréditée par la Fédération.

Le damier est d’un point de vue considérer comme un jeu militaire. Est-ce que l’armée prend part à ce championnat ? 

Le damier fait partie des disciplines cérébrales. Mais je peux rejoindre ceux qui disent qu’il est aussi un jeu militaire. Parce que ce jeu repose d’abord sur la tactique, la stratégie. Je parle de la stratégie militaire. C’est pourquoi nous avons demandé à la Grande muette de nous envoyer un représentant. C’est aussi dans le souci de colorer ce championnat national que nous demandons leur participation. Nous les avons toujours invités, mais ils ne sont jamais venus.  Cette fois-ci, nous croyons qu’ils vont nous répondre favorablement.

In Guineenews

 

 

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