Discours de l’an du président Alpha Condé : ce qu’il n’a pas dit selon des leaders de l’opposition

Comme d’habitude, le Président de la République, Pr Alpha Condé s’est adressé à la nation dans la soirée du 31 décembre dernier à l’occasion du nouvel an 2018. Dans ce discours, le président Alpha Condé a annoncé les couleurs de l’année nouvelle.

Interrogés par la rédaction de MEDIAGUINEE, certains leaders politiques de l’opposition qualifient déjà le contenu dudit discours de  »promesses non tenables’’. Ils ont par ailleurs dénoncé quelques points essentiels qui n’ont pas été mentionnés dans l’adresse du chef de l’Etat.

Alhousseiny Makanéra Kaké : « Malheureusement, il est complètement passé à côté’’

« J’ai été déçu par rapport au discours de l’An du chef de l’Etat pour la simple raison que tout ce que qu’on attend, on n’a pas retrouvé dedans. D’abord, il est resté toujours égal à lui-même en faisant des promesses et nous n’avons eu aucun d’élément nouveau, c’est toujours la même chose. Alors qu’au fond, après une année, le chef de l’exécutif devait nous faire un bilan. Le bilan commence d’abord par les difficultés.

Son discours nous fait penser aujourd’hui qu’il faut se préparer encore pour l’année 2018 pour affronter les difficultés

Comment ils ont réussi à contourner les difficultés pour finir par les résultats positifs obtenus comme ils l’ont toujours chanté tout au long de l’année? Avoir réalisé une croissance de plus de 6,7% et nous dire comment ils ont reparti cette croissance, cette croissance a permis de sauver combien de Guinéens de la pauvreté ? Et nous avons aujourd’hui quelque chose de très important, ce qui a choqué l’humanité entière, c’est-à-dire l’esclavage en Libye. Quelles sont les dispositions que la Guinée a prises contre la migration clandestine? Puis, que pour lutter contre le mal, il faut commencer au niveau de la racine. Ensuite, il y a le problème de l’insécurité, de la lutte contre la corruption et surtout l’alternance démocratique en Guinée puisqu’il est sur la ligne droite de la fin de son dernier quinquennat. Ce sont des éléments qu’on attendait retrouver dans son discours. Mais, malheureusement, il est complètement passé à côté. Ce qui nous fait penser aujourd’hui qu’il faut se préparer encore pour l’année 2018 pour affronter les difficultés. C’est pourquoi, je profite ici de votre micro pour saluer et féliciter celui que moi je pense être l’un des plus grands patriotes de notre pays, le président de l’INDH, M. Kaba qui est en train de faire du bon boulot. Malheureusement, je crois qu’il n’est pas beaucoup encouragé par les hommes politiques, ni par les médias pour assurer une alternance pacifique en Guinée. Le seul président des institutions qui a clarifié sa position par rapport  à l’alternance et sa position au tripatouillage de la constitution c’est bien lui »

Dr Faya Lansana Millimouno, président du Bloc Libéral (BL) : ‘’le discours du président devait beaucoup plus s’appesantir sur le quotidien des Guinéens »

‘’Nous avons entendu des annonces qui, si elles se réalisent peuvent  avoir un impact positif sur le quotidien des Guinéens. Il nous a parlé de l’usine militaire pour la confection des tenues des militaires qui devait bientôt rouvrir et qui créerait de l’emploi. Si cela se réalise, tout cela est quelque chose de positif. Il est revenu sur les promesses de financements de la Chine, des pays européens etc. Tout cela à notre avis relève encore des promesses et nous savons le sort des promesses dans notre pays. C’est un peu comme quand on promet aux jeunes des tablettes. On est en train d’attendre ces tablettes jusqu’à présent. C’est aussi un peu comme quand nous avons entendu avec le cas Rio Tinto, ils nous ont annoncé le financement de 20 milliards sur Simandou pour découvrir après même un dollar ne sera pas dépensé. Il y a beaucoup d’exemples comme ça que nous avons connus par le passé et qui n’ont eu aucun effet. Le Président de la République a beaucoup insisté sur cela et nous avons pris acte. Mais il devait beaucoup plus s’appesantir sur le quotidien des Guinéens, il y a eu beaucoup de choses qui n’ont pas été pris en compte. Notamment, la criminalité qui est galopante dans notre pays et le fait de ne pas en parler d’ailleurs corrobore l’acte qu’il venait de prendre. Celui de grâcier 245 personnes parmi lesquelles 80% avaient été condamnés pour vol. Nous savons dans notre pays que les voleurs s’introduisent dans les maisons privées avec des armes et beaucoup de familles ont été endeuillées. Non seulement, on devait rendre plutôt sévère les peines contre ceux qui vivent de vols à mains armées, mais voir le Président de la République exercer sa prérogative constitutionnelle de grâce, ou gracier des gens qui ont été condamnés pour vols, cela n’est pas cautionnable. Et beaucoup d’autres choses que nous attendions que le Président en parle, il ne l’a pas évoqué. C’est le cas des élections législatives et des communales auxquelles nous sommes en train de courir après. Il y a encore des doutes, même si à notre niveau, nous pensons qu’on ne prendra plus le risque d’arrêter le processus et qu’on ira aux élections locales.

On nous a annoncé la fin de l’instruction même si nous n’avons pas entendu des acteurs comme le général Sékouba Konaté

Mais en 2018, ça sera aussi les élections législatives parce que les députés que nous avons, leur mandat expire en 2018. Il n’en a pas parlé et il n’a pas non plus parlé du cas du procès pour le 28 septembre. Et, je crois qu’on nous a annoncé la fin de l’instruction même si nous n’avons pas entendu des acteurs comme le général Sékouba Konaté  qui était aussi ministre de la Défense nationale. On n’aura pas terminé l’instruction par rapport au cas mais le fait de ne pas en parler qu’est-ce que cela ne constitue pas une priorité pour le gouvernement? En tout cas, nous avons entendu beaucoup de choses sur lesquelles le président est revenu, mais nous voyons une très grande différence entre le tableau qu’il a peint et la réalité quotidienne que vivent les Guinéens…’’

Propos recueillis par Elisa Camara         

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