Violence, vandalisme et criminalité : les symptômes de la déliquescence de l’Etat (Par Bangaly Keïta)

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La violence, le vandalisme et la criminalité ont entamé depuis quelques années dans notre pays, une croissance des plus vertigineuses et des plus dévastatrices portant ainsi, des atteintes multiples et graves à plusieurs libertés publiques et droits fondamentaux consacrés et constituant du coup, une menace sérieuse et imminente pour la sécurité de l’ensemble des citoyens et le vivre-ensemble guinéen.

  Chaque jour qui passe, partout sur le territoire national, depuis nos grandes villes, jusque dans nos hameaux les plus reculés, par la survenance de nouvelles scènes criminelles inouïes, nous apporte le témoignage parfait et alarmant de la monté en puissance de ces terribles maux.

  Mieux pour porter dans l’opinion publique et pour faire valoir face à l’État, leurs différentes réclamations, davantage de groupe d’individus ont recours à la violence et au vandalisme, quitte à porter atteinte à la sécurité publique. Dans la capitale, les protestations citoyennes qui sont devenues récurrentes contre les délestages électriques, l’insalubrité, l’emploi et tant d’autres donnent naissance à des actions de violences dans les rues. Routes barricadées, boutiques, commerces et usagers de la route vandalisés et violentés sont des illustrations quotidiennes de ces maux.

  Les statistiques judiciaires qui existent ou du moins celles médiatiques établies des manifestations de ces phénomènes font froid dans le dos et révolte à juste titre la conscience de chacun et de tous, des données complètement inadmissibles dans une société qui se veut être un État de droit, une société du règne du droit et de la primauté de la loi en tout, partout et envers et contre tous.

  Des assassinats de tout genre aux actes de vandalismes tout en passant par le meurtre, les viols, surtout ceux de mineures et de vieilles femmes, les vols, les kidnappings et tant d’autres crimes graves et inédits, notre pays peint un véritable tableau noir de ces délinquances et une terrible descente aux enfers pour les droits humains.

  Pourtant, en remontant de seulement un peu plus de trois décennies, le cours de l’histoire de notre pays, il n’est pas possible de s’imaginer que de telles ignominies pouvaient s’y commettre et encore moins à une échelle aussi importante. Certainement, l’époque où l’État existait réellement et faisait respecter son autorité par tous est totalement révolue pour laisser place à cette situation de sa déliquescence et ce spectacle tragique et triste de désordre généralisé. Dans la sous-région et peut-être même sur le continent, notre pays trône dans le cercle vicieux et sinistre de la violence et de la criminalité.

  Paradoxalement, l’État lui-même aujourd’hui, dépositaire de la protection des personnes et de leurs biens, s’est souvent, du fait des agents qu’il emploie dans les services de sécurité et de défense, rendu responsable et à plusieurs reprises d’actes de violence grave et de vandalisme contre les citoyens. À l’occasion de manifestations politiques ou sociales, le recours aux armes et aux méthodes non-conventionnelles de maintien de l’ordre ont abouti à plusieurs meurtres, des blessures et des destructions de biens. La comptabilité tenue par l’Opposition des victimes des violences et des crimes étatiques du régime est macabre, 90 morts, des centaines de blessés et des destructions de biens évalués à plusieurs milliards de nos francs. À la lumière de ces chiffres, ceux qui soutiennent que l’État est devenu un prédateur de libertés, ne font pas d’abus de langage.

  Pourtant, point n’est besoin de soutenir que la violence et le vandalisme quelques soient leurs auteurs et leurs commanditaires constituent des actes de délinquance prévue et réprimée par les lois de la République. Le législateur guinéen a pris soin, dans le Code Pénal de la République d’incriminer et de sanctionner sérieusement ces comportements délictueux. Leur commission est assortie de punition sérieuse.

  Mais le laisser-aller et le laisser-faire de l’appareil judiciaire fait malheureusement obstruction à la répression de ces infractions et encourage les auteurs de ces actes de violence à la tentative et même à la récidive. L’impunité quasi-systématique et la complaisance avec laquelle l’État traite ces problématiques est en passe d’instituer si ce n’est le cas déjà, une véritable anarchie dans notre pays qui, si l’on y prend garde nous fait courir, les risques réels et imminents de chaos généralisé. D’ailleurs les signaux que nous envoies la vendetta populaire qui se repend, comme traînée de poudre, à l’échelle du pays, sont inquiétants et interpellent urgemment à l’entreprise d’une action forte de restauration de l’autorité de l’État dans les conditions et suivant les modalités prévues par les lois.

  Partout et de tout temps, l’État a toujours été le garant du  »contrat social », sans lequel, la promesse de liberté civile, fondement du  »vivre-ensemble » et du bien-être collectif et individuel sera illusoire. La persistance du désordre social, dans notre pays et l’hyper-inflation de la violence et de la criminalité nous menacent tous, tant que nous sommes. Bossuet avait raison d’avertir :  »sans État, c’est la guerre de tous contre tous. Livrés à eux-mêmes, les hommes s’entre-déchireraient au gré de leurs passions désordonnées ».

  Il est temps d’endiguer la violence, le vandalisme et la criminalité. Il est temps de siffler la fin de l’ère de l’impunité. Il est temps que revienne le règne du droit dans la république et que l’État restaure son autorité et toute son autorité. C’est en cela que le péril pourra être évité et le salut de tous, assuré.

En tout cas, le signal de détresse aura, au moins, été envoyé. Dans cette atmosphère de tempête généralisée, le navire Guinée prend de l’eau et menace de chavirer. Le capitaine à bord pourra-t-il reprendre la main pour nous amener à bon port ? Bien malin pourra répondre !

Bangaly KEITA
Directeur de Communication de l’UFC

 

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