Affaire journaliste français arrêté en Guinée : un commissaire pointe du doigt le ‘’laxisme’’ de l’ambassade de Guinée à Paris

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Suite aux polémiques et autres commentaires qu’a suscités sur la toile l’affaire du journaliste français, Raphaël Nicolas Godechot, qui avait passé 30 heures en garde à vue dans les locaux des Services spéciaux, de la lutte contre la drogue et les crimes organisés, la rédaction de Médiaguinée, a envoyé le lundi 18 juin un de ses reporters au siege de cette institution relevant de la Présidence de la République, dans le but d’apporter plus d’éclaircissements à cette affaire. Les commissaires Traoré Daba et Kaba Mohamed Lamine, chargés de l’affaire et sur instruction du colonel Moussa Tiégboro Camara, ont bien voulu nous livrer leur version des faits.

Selon les commissaires Traoré et Kaba, c’est après avoir reçu l’information de la venue d’un Etranger au quartier Keitaya que leur service s’est mis à filer Raphaël. « Notre service a reçu l’information qu’il y a un Etranger qui vient d’arriver au quartier Keitaya et qui est toujours avec les jeunes du quartier. Il fait des va-et-vient. Il part à l’intérieur du pays, il revient. Finalement ça a tiqué les gens. Et nous ici, lorsque les citoyens doutent de quelqu’un comme un Etranger dans un quartier, ils nous font appel. Alors, nous l’avons filé pendant deux semaines. Et c’est plus tard qu’on s’est rendu compte qu’il partait à l’intérieur du pays. Tantôt il disparaissait, tantôt il réapparaissait. Et la dernière fois qu’il est réapparu, nous, nous n’étions plus tranquilles. On se demandait mais qu’est-ce que celui-là fait ici ? Et un jour, on l’a arrêté alors qu’il était à moto vers Kaporo », expliquent-ils.

Arrêté alors qu’il disait se rendre à l’assemblée nationale pour y réaliser une interview, les commissaires affirment que le journaliste n’avait aucun document justificatif sur lui, n’a fourni que plus tard une lettre de mission non cachetée et un badge professionnel expiré.

« Cette mission c’était du 3 mai au 4 juin. Lui, il n’est arrivé que le 6 mai et nous, nous l’avons interpellé que le 21 mai. Jusqu’au 21 mai, lorsque nous l’avons arrêté, il n’avait pas encore commencé à faire son travail proprement dit, pour lequel il est venu en Guinée. Lorsqu’on l’a interpellé, directement, il a affirmé qu’il est journaliste et qu’il est là parce qu’il doit réaliser une interview au niveau de l’assemblée nationale. Et lorsque mes officiers lui ont demandé de fournir les documents par rapport à cela, il a produit une lettre de mission signée par Monsieur Serge Halimi qui est le directeur du journal  »Le Monde diplomatique  ». On lui a posé des questions, il a dit qu’il voulait se rendre à l’assemblée pour faire l’interview mais il n’avait pas la lettre de mission et nous, ça nous avait semblé franchement suspect » poursuivent-ils.

Après avoir constaté pendant l’audition que son ambassade n’était pas informée de sa présence en territoire guinéen et ce, malgré les risques d’insécurité, le commissaire Traoré dit avoir informé son patron qui, à son tour, lui aurait intimé l’ordre d’aviser l’ambassade française en le plaçant quelque temps en garde à vue. « On a informé l’ambassade, le chargé de la sécurité est venu en personne avec madame le consul, ils lui ont posé des questions, il a répondu la même chose. Ils lui ont dit qu’il n’a pas encore pris contact avec la HAC  qui devait quand même l’autoriser et lui donner un ordre de mission en interne ici, car sa lettre de mission c’était pour entrer en Guinée et se présenter à l’ambassade. Mais une fois en Guinée, il y a des institutions qui doivent t’autoriser à procéder à ton travail et il ne l’avait pas fait » relatent-ils, en ajoutant qu’au moment de sa mise en liberté, Nicolas Raphaël Godechot, malgré les instructions qu’il avait reçues de se rendre le lendemain à l’ambassade de France puis à la HAC pour se mettre en règle et accomplir sa mission, avait, à leur fort étonnement, pris son vol pour retourner en France.

« Il disparaît et après il vient raconter qu’on lui a volé 30 euros. Et ce qu’il raconte là qu’il y a des Etrangers qui attendent ici, des Asiatiques qu’on est en train de racketter, c’est des histoires (…)»

Ils ont par ailleurs pointé du doigt le laxisme de l’ambassade de Guinée à Paris. « Ils ont été vraiment laxistes, au vu d’une seule lettre de mission sans cachet, on donne un visa à un monsieur pour venir en mission en Guinée sans aucune lettre d’invitation des autorités guinéennes ni même de son ami Ibrahima au moins. Parce que vous-même, vous savez que quand vous devez vous rendre en France quels sont les documents que l’ambassade va vous demander. Même les personnes qui vous invitent vont se renseigner…», martèle le commissaire Traoré.

Il termine en ajoutant que quiconque viendra en Guinée pour des raisons inconnues, les services spéciaux s’intéresseront à son cas pour faire leur travail dans les règles de l’art.

Maciré Soriba Camara

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