Au Liberia, le réconfort dans la prière après la mort d’une trentaine d’enfants

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« Ce qu’Allah permet, nous devons l’accepter, quoi que ce soit »: l’imam Mohamed Barry a prêché la force de l’acceptation vendredi devant les fidèles pressés dans et autour de la mosquée du Liberia où une trentaine d’enfants ont péri cette semaine dans un incendie.

La mosquée de Bassa, où est survenue la pire catastrophe du genre dans l’histoire récente et pourtant douloureuse du Liberia, n’avait pas connu une telle affluence depuis longtemps, de l’aveu attristé des responsables religieux.

Les musulmans de Paynesville, ce faubourg de la capitale libérienne, Monrovia, où se trouve la mosquée, avaient été appelés à y venir prier pour les disparus ou, à défaut, à prier pour eux dans leur mosquée habituelle à l’occasion du grand rituel hebdomadaire du vendredi.

Ils sont venus par dizaines s’entasser dans et même à l’extérieur de la mosquée légèrement endommagée dans sa partie haute par les flammes qui ont ravagé dans la nuit de mardi à mercredi le dortoir logeant les élèves de l’école coranique attenante.

Trente-six personnes se trouvaient là, a dit la mosquée vendredi: huit ont survécu, 27 garçons, tous d’origine guinéenne et âgés entre 10 et 20 ans, et un enseignant sont morts, dans des conditions épouvantables selon les témoignages.

– Peut-être un défaut électrique –

Le feu, peut-être causé par un défaut électrique, a pris près de la seule porte d’accès au dortoir.

« Quand je suis arrivé sur les lieux, tout le bâtiment était la proie des flammes », raconte Emmanuel Kahn, 25 ans, un habitant du quartier toujours sous le choc.

« Je me suis approché de la fenêtre où les élèves ont cherché un ultime refuge. Le feu commençait à les brûler. Mon ami était parmi eux. Il a crié mon nom, il disait qu’ils étaient en train de mourir. Nous n’avons pas pu approcher davantage, le feu était trop violent ».

Le Liberia, l’un des pays les moins développés au monde, a été durement éprouvé dans son histoire récente par les guerres civiles et le virus Ebola. Il n’a cependant pas connu de drame analogue d’une telle ampleur depuis longtemps.

– « Volonté de Dieu » –

Des dizaines d’enfants d’une école voisine sont venus exprimer leur sympathie, mais aussi aider à nettoyer la mosquée pour la prière. Isatu Sow, la mère d’une des victimes, est arrivée avec d’autres parents. Les larmes coulent sur ses joues. « Comment croyez-vous que je vais dans de telles conditions ? » demande-t-elle sans attendre de réponse.

« Ces enfants étaient promis à prendre notre tête », dit l’imam. « Le voeu des parents, c’est que leurs enfants les enterrent. Ici, Allah a décidé le contraire. Nous remercions Allah, lui seul sait pourquoi il a fait ce qu’il a fait, et nous ne pouvons pas le remettre en question ».

« C’était la volonté de Dieu », admet Ousmane Keita, élève lui aussi d’une école coranique, mais « c’est difficile à supporter ». « C’étaient nos amis et nos collègues », dit-il, « nous sommes ici pour leur dire au revoir, que leur âme repose en paix, qu’Allah le tout-puissant leur accorde la paix ».

Tous les enfants disparus faisaient partie de l’importante communauté originaire de Guinée voisine. La Guinée est très majoritairement musulmane, quand le Liberia est très majoritairement chrétien, avec une part notable de sa population de confession musulmane.

Même si les défunts sont nés au Liberia, leur père ou leur mère vient de Guinée, dit l’ambassadeur de Guinée à Monrovia, Abdoulaye Doré, présent à la mosquée. « C’est triste pour les deux pays, la Guinée et le Liberia. Nous sommes venus rencontrer les proches et leur dire notre tristesse ».

La police dit n’écarter aucune hypothèse quant aux causes du sinistre. Elle a évoqué la possibilité d’une défaillance électrique.

Yacouba Sow, imam adjoint, demeure circonspect. Il rapporte que l’an dernier à la même heure de la nuit, quelqu’un avait lancé un engin incendiaire sur le dortoir. Les élèves avaient réussi à éteindre le feu, dit-il.

Rien n’est venu conforter publiquement la thèse criminelle dans le feu de cette semaine.

AFP

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