Bénie soit la nuit au Festival Nuits d’Afrique

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Le maître de cérémonie du Festival Nuits d’Afrique a trouvé le bon bouton pour allumer la foule de l’esplanade du Quartier des spectacles : « Est-ce que la Guinée est dans la place ? » Oh oui, elle y était : la Guinée au complet, ainsi que ses amis, ça en fait du monde, croyez-nous. On se dansait sur les pieds hier soir pour le concert de clôture de cette 32e édition du festival, mettant en vedette la grande voix de Guinée-Conakry, Sékouba Diabaté, dit Bambino, ancien chanteur étoile de l’orchestre national Bembeya Jazz dans les années 1980 et prolifique artiste solo depuis le début des années 1990.

Quelqu’un de l’organisation a dû suspendre un chapelet (ou autre gris-gris) à sa corde à linge, car la pluie s’est abstenue de venir gâcher la soirée de clôture des Nuits d’Afrique. Bénie soit-elle, cette dernière nuit, avec ses familles nombreuses venues danser aux rythmes de Boogat et de Bambino. Un océan sépare ces deux auteurs-compositeurs-interprètes, mais avec la chaleur et, surtout, l’humidité qui régnait hier soir, c’est comme si nous l’avions traversé à la nage pour profiter d’abord de la cumbia contemporaine, ensuite de musique mandingue.

Tout de même, Boogat a dû lutter pour gagner son public, occupé à 20 h à terminer son poulet yassa, ou bien à discuter avec son voisin, ou encore à accéder au site. Si seulement la sonorisation l’avait aidé un peu ! Son bel orchestre, un tromboniste, un guitariste (puis un second arrivé à la toute fin), un batteur qui déclenchait les séquences synthétiques, perdait du lustre si mal amplifié. On n’entendait que le trombone et la batterie : les solos de guitare se perdaient dans la masse et, par moments, même Boogat aurait mieux fait de nous crier ses textes.

Les intempéries de la scène ont coulé sur le dos de Boogat comme la pluie qui n’est pas venue. On appelle ça l’expérience, le métier qui rentre : le rappeur et chanteur a gagné un à un les festivaliers présents, avec sa bonhomie, sa présence et des interventions pertinentes entre chaque chanson. Et avec son répertoire, surtout : l’album San Cristóbal Baile Inn, paru l’automne dernier, était bien sûr en évidence, et tant mieux, que du bon de la première à la douzième chanson. Sur une base de cumbia des temps modernes, Boogat visite le hip-hop, le dancehall, la salsa, offrant une performance aussi cohérente que variée. À la fin, une fois les plats terminés et le reste des festivaliers arrivés, la foule dansait dans sa main. Et tant pis pour le son pourri.

Heureusement, ni le porte-parole du festival, l’humoriste Eddy King transformé en DJ hier soir (hé, il s’est honorablement débrouillé grâce à une irréprochable sélection de tubes afro-dance, de Kassav à MHD !), ni l’étoile de la soirée n’ont eu à subir les affres de la sonorisation. Quand Bambino est arrivé sur scène, c’était pour le grand moment de clôture, et tout le monde a pu en profiter comme il se devait.

Un orchestre de première classe accompagnait le maître : un joueur de kora, un balafoniste d’exception, le guitariste et le percussionniste aussi nous en mettaient plein la vue et les oreilles, puis le bassiste, claviériste, batteur et deux spectaculaires choristes. Un splendide groupe, qui nous a offert une heure trente de chansons surtout dansantes et joyeuses.

Le fougueux griot a ainsi privilégié les rythmes festifs, réservant seulement quelques compositions plus mélancoliques et acoustiques pour faire reposer la foule, et préférant hier soir le répertoire dansant de son pays plutôt que les métissages afro-latins qu’il nous avait proposés lors de sa participation au projet afro-salsa Africando dans les années 2000. Sa voix n’a rien perdu de sa superbe : forte, agile, évocatrice. Fallait lire les sourires dans la foule, les admirateurs de Bambino qui se pinçaient de pouvoir l’entendre gratuitement hier soir, à la belle étoile et sans les averses qui étaient tombées plus tôt. La tombée de rideau de rêve.

Le Devoir (Canada)

 

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