Bolivie : El Alto l’endormie se réveille pour soutenir Evo Morales

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Lourdes a la rage : « Nous nous sentons humiliés ». A El Alto, ville jumelle de La Paz, l’arrivée à la tête de la Bolivie de Jeanine Añez ne passe pas. Ici, entre manifestations et grèves, on tient à Evo Morales et on le fait savoir.

« Cette présidente n’est pas présidente. Elle s’est auto-proclamée, un point c’est tout », enrage Lourdes Chino Lima. Comme l’immense majorité des habitants d’El Alto, une ville d’ordinaire calme perchée à 4.000 mètres d’altitude, Lourdes continue à soutenir l’ex-président Evo Morales qui a démissionné dimanche.

A l’issue de la présidentielle controversée du 20 octobre, Evo Morales, qui cherchait à obtenir un quatrième mandat, s’est proclamé vainqueur, provoquant des manifestations parfois violentes de l’opposition qui accusait le président de fraude. Acculé, lâché par l’armée, Evo Morales a démissionné et est parti en exil au Mexique.

Et lorsque Jeanine Añez est devenue présidente par intérim du pays andin mardi, Lourdes s’est sentie « humiliée ».

Le contraste entre Mme Añez et Evo Morales ne saurait être plus flagrant.

D’un côté, celui qui a dirigé la Bolivie pendant près de 14 ans. Indigène, athée revendiqué, proche du défunt président vénézuélien Hugo Chavez en particulier et des gouvernements de gauche latino-américains en général, il est populaire dans les milieux indigènes les plus humbles, comme à El Alto et son million d’habitants.

– Un « coup d’Etat » –

De l’autre, Jeanine Añez est avocate, conservatrice, ancienne sénatrice et fièrement chrétienne.

Lorsque Mme Añez a ceint l’écharpe tricolore mardi et s’est proclamée présidente de la Bolivie, El Alto s’est rebellé.

« Certaines règles (relatives à la proclamation de la présidente, ndlr) n’ont pas été respectées, dont le règlement interne de l’Assemblée législative plurinationale (le Parlement, ndlr) », s’échauffe Jorge Cevallos.

En signe de protestation, les habitants d’El Alto se sont mis en « grève civique » indéfinie. Certains dénoncent un « coup d’Etat » contre Evo Morales.

Dans la deuxième ville de Bolivie par la taille et la plus jeune du pays, les Wiphalas, le drapeau andin indigène multicolore adopté comme symbole national par Evo Morales, sont bien plus nombreuses que dans le reste du pays à flotter au vent.

Et depuis trois jours, les « Alteños » descendent par milliers dans les rues de La Paz, en contrebas, pour manifester en faveur d’Evo Morales. Souvent, les manifestantes portent la « pollera », la jupe traditionnelle des Améridiennes aymara. Nombre de manifestants mâchent des feuilles de coca, une pratique andine ancestrale pour résister au froid et à la fatigue.

– « Nous devons parler » –

A El Alto, la « grève civique » se traduit par la fermeture des magasins, des écoles, des universités. Des barrages ont été érigés dans les rues et sur les routes qui mènent à La Paz, à 10 km de là.

« Je ne suis d’aucun parti, je ne soutiens pas Evo, je ne soutiens personne. Je suis simplement une Bolivienne qui a la rage. J’en ai marre », lance Dominga Apaso.

Des rochers et des pneus bloquent l’accès à la raffinerie Senkanta, d’où sortent tous les combustibles (essence, gaz…) consommés à La Paz et El Alto. Une action qu’a condamnée la présidente par intérim Jeanine Añez. Elle affirme qu’une « pénurie » commence déjà à se faire sentir « dans les foyers ».

Des journalistes de l’AFP ont observé de longues files d’attente devant plusieurs stations-service de La Paz et d’El Alto.

Et les barrages dressés sur les routes d’El Alto, qui relient La Paz au reste du pays, menacent aussi l’approvisionnement de la capitale administrative en aliments.

« Si la présidente veut la pacification, nous devons parler, nous devons nous parler. Elle ne va rien imposer à El Alto », explique un habitant qui ne souhaite pas donner son nom.

AFP

 

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