Côte d’Ivoire: polémique après des propos de l’ex-président Bédié contre les étrangers

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Le gouvernement ivoirien a condamné samedi dans un communiqué des « propos d’une extrême gravité, appelant à la haine de l’étranger », tenus par l’ex-président Henri Konan Bédié trois jours plus tôt.

« Actuellement on fait en sorte que l’Ivoirien soit étranger chez lui. Mais les Ivoiriens n’accepteront jamais cela », a déclaré l’ex-président (1993-1999), selon le communiqué gouvernemental, qui reprend une vidéo de M. Bédié diffusée sur le site internet de son parti, le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire – Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA), et que l’AFP a pu consulter.

M. Bédié y incrimine « des étrangers armés » présents en Côte d’Ivoire. « Le moment venu, nous agirons, pour empêcher ce hold-up sur la Côte d’Ivoire sous le couvert d’orpaillage », déclare-t-il.

M. Bédié évoque aussi « d’autres (étrangers) qu’on fait venir clandestinement » et à qui « on fait faire des papiers », possiblement pour « fausser les élections de 2020 » (le prochain scrutin présidentiel).

« Ces propos, d’une extrême gravité, appelant à la haine de l’étranger, sont de nature à mettre en péril, au-delà de la paix et de la cohésion sociale, l’unité nationale et la stabilité du pays », dénonce le gouvernement dans son communiqué signé de son porte-parole, le ministre de la Communication Sidi Touré.

« Cette déclaration (de M. Bédié) intervient à un moment où plusieurs localités du pays sont secouées par des violences intercommunautaires qui se sont soldées par des morts, des blessés », ajoute le gouvernement.

Des violences ont éclaté jeudi dans le centre de la Côte d’Ivoire après l’assassinat d’un chef traditionnel, moins d’un mois après des violences intercommunautaires qui ont ravagé la ville de Beoumi (centre), se soldant par 14 morts et une centaine de blessés.

« Le gouvernement tient à rappeler que l’instrumentalisation de la haine de l’étranger par le Président Henri Konan Bédié et les dérives qui en ont résulté ont été à la base des différentes crises que notre pays a connues depuis le décès du président Félix Houphouët-Boigny en décembre 1993″, selon le communiqué.

En Côte d’Ivoire, pays dont une partie importante des 25 millions d’habitants est issue de l’immigration, la question de la nationalité est extrêmement sensible depuis une vingtaine d’années, notamment lorsqu’était apparu le mot d' »Ivoirité ».

Allié jusqu’à l’an dernier du parti au pouvoir du président Alassane Ouattara, le PDCI est depuis entré en lutte ouverte avec lui, dans la perspective de l’élection présidentielle d’octobre 2020 qui s’annonce déjà tendue.

AFP

 

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1 commentaire
  1. CONDÉ ABOU dit

    Quels étrangers à la veille de la présidentielle de 2020, en dehors des Burkinabé, Maliens, Guinéens,
    Sénégalais et autres ressortissants de la CEDEAO ?

    Incroyable destin politique de la Nation en Côte D’Ivoire ! Quand j’ai écrit la semaine dernière sur Médiaguinée, que le Nigeria peuplé de plus de 190 millions d’habitants faisait beaucoup mieux que la Côte D’Ivoire (25 millions d’habitants) en matière de cohésion nationale, en voici la preuve.

    L’ensemble de la population Ivoirienne est à peu près l’équivalent de la population de l’agglomération de Lagos, et les leaders politiques Ivoiriens sont incapables de trouver le compromis indispensable à la cohésion nationale dans leur pays !

    Toute la planète entière sait que c’est le même Henri Konan Bédié qui a inventé le concept diabolique de l’Ivoirité et dont tout le monde a vu les conséquences sociales et politiques désastreuses en Côte D’Ivoire. C’est un concept qui n’a absolument rien du tout reglé en Côte D’Ivoire depuis toujours (1930, 1957, 1970 et 1995).

    Selon Jeune Afrique, c’est dans un discours prononcé lors de la convention nationale du PDCI, à Yamoussoukro, en Août 1995, que Mr. Henri Konan Bédié, évoque pour la première fois « l’ivoirité » et, dans la foulée, demande à des universitaires proches de lui, de théoriser la notion. Il s’agit avant tout d’exalter les « valeurs » Ivoiriennes.

    Selon l’anthropologue Jean-Pierre Dozon, Directeur du Centre d’études africaines, à Paris, « dès la naissance de l’ivoirité, les intellectuels de l’entourage de Bédié, pour la plupart d’ethnie Akan, en ont donné une lecture centrée sur la culture Akan, selon une logique d’exclusion.

    Comment est-il possible aujourd’hui de continuer dans une telle logique absurde, en opposant les communautés dites de souche aux communautés dites de circonstance en Côte d’Ivoire, et qui, représentent entre 26 % (selon le recensement de 1998) et 29 % de la population totale ?

    En 2019, est-ce la meilleure façon de préparer politiquement sa propre candidature au sein du PDCI à la présidentielle de Côte D’Ivoire, en réveillant les démons de la tribalisation et des affrontements ethniques dans ce pays ?

    De toutes façons, absolument rien n’empêche encore le Président Alhassane Ouattara de se représenter en 2020 à la présidentielle face à des velléités dévastatrices aussi dangereuses pour la Côte D’Ivoire, que celles qui se profilent maintenant sous le drapeau de Mr. Henri Konan Bédié.
    Wait and see.

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