En Une de L’Observateur no 861 du 10 juillet 2017. La grande mosquée Fayçal en piteux état: des artistes volent au secours de l’édifice religieux

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La Grande mosquée Fayçal en piteux état: des artistes volent au secours de l’édifice religieux

Une perle se meurt à Conakry. La grande mosquée Fayçal, autrefois symbole vivant de l’islam en Guinée, est en passe de sombrer au vu et au su de tout le monde. Inaugurée le 24 janvier 1984, la mosquée Fayçal est le fruit de la coopération entre la Guinée et l’Arabie Saoudite. Financée entièrement par sa Majesté le Roi Fayçal, cette mosquée est la plus grande des 1 300 mosquées agréées en République de Guinée. Autrefois, véritable bijou national, la grande mosquée Fayçal vit dans un état lamentable en cette saison de pluie. Face à l’inaction des autorités compétentes et à la surprise générale, ce sont des artistes qui se sont levés pour porter secours à l’édifice religieux. Suscitant ainsi un débat autour de la compatibilité de ce geste à l’endroit d’un site religieux dont les principes fondamentaux n’ont rien à avoir avec le monde des artistes. Blasphème ! Dirait l’autre.
En effet, le samedi 1er juillet 2017, l’artiste Sayon Camara et son mari Mohamed Lacrass Cissoko ont offert une enveloppe symbolique de 5 millions GNF à nos autorités religieuses comme contribution à la réhabilitation de cette mosquée qui se meurt à petits feux. Ce, malgré la subvention et les dons qu’offrent les partenaires marocains et d’autres religieux à travers le monde.
La grande mosquée de Conakry se trouve dans un état délabré et critique. C’est pourquoi, à la place des autorités, des opérateurs économiques et de la ligue islamique, ce sont des hommes de culture qui donnent le bel exemple en prouvant leur foi en la religion du prophète Mahomet (PSSL). Les donateurs, l’artiste émérite Sayon Camara (Taramakhè) et son mari Mohamed Lacrass Cissoko s’étant préoccupés de l’ampleur de la dégradation poussée de ce temple viennent de poser un acte fortement à saluer. Si le geste de ces artistes est louable à tout point de vue, la question que bon nombre de nos concitoyens se posent cependant, c’est de savoir si les valeurs religieuses de l’islam épousent de tel acte. Autrement dit, la mosquée doit-elle accepter un don offert par des artistes ? La question reste tout de même posée. Et ouvre le débat. Peut-on utiliser cet argent pour la rénovation de la mosquée Fayçal ? A toutes ces interrogations les avis sont partagés.
Si des guinéens sont partants pour ce geste, cela n’est du tout pas le cas chez certains qui s’adossent à des considérations coraniques pour rejeter l’offre pourtant opportune et nécessaire de Sayon Camara et son époux. Pour l’instant le couple, s’estimant heureux de n’avoir accompli qu’un devoir de bon musulman se dit prêt à poser d’autres actes pour sauver notre plus grande mosquée. « C’est juste une somme symbolique en tant que musulmans. Cette mosquée est une maison de Dieu. Donc chacun doit jouer sa partition pour l’entretien de l’édifice qui se dégrade du jour au jour. C’est pourquoi nous avons décidé d’offrir cette enveloppe de 5 millions GNF pour aider les autorités et les personnes de bonne volonté. Tout le monde est concerné. Artistes, politiciens, hommes de culture, opérateurs économiques, chacun doit jouer sa partition et participer au rayonnement de l’islam », a indiqué Sayon Camara.  Plus loin, la Diva des scènes prévoit d’organiser un concert très prochainement et affirme que les recettes qui seront obtenues seront orientées pour la rénovation et l’entretien de la mosquée. Aujourd’hui, certains commentateurs qui saluent de passage l’acte magnanime de Sayon Camara et de son époux, regrettent l’inertie des autorités au plus haut niveau, les hommes politiques et les opérateurs économiques. La question qui est sur les lèvres est celle de savoir où vont les subventions et les dons qu’offrent nos partenaires techniques et financiers à travers le monde, notamment le Maroc et l’Arabie Saoudite.

Où est l’argent octroyé par le Roi du Maroc pour sa rénovation ?
Constatant  les signes de dégradation des infrastructures,  au cours d’une prière qu’il avait effectuée dans la mosquée en compagnie du Président Alpha Condé,  lors de sa visite de travail en Guinée, en mars 2016, le Roi du Maroc, Sa Majesté Mohamed VI, avait annoncé l’octroi d’une forte somme d’argent à la Guinée, pour la rénovation de cette mosquée. Mais au regard de son état actuel, l’on se demande si cette somme d’argent avait été bel et bien investi pour sa rénovation. En dehors de la couche de peinture, vue de l’extérieur, on peut dire sans risque de se tromper qu’il n’y a pratiquement pas eu rénovation. Et curieusement, lors de son récent séjour en Guinée (en 2017), le Roi du Maroc avait été amené à effectuer la prière du vendredi à la mosquée de Kébéya à Coléah. A-t-on voulu cacher quelque chose ? En tout état de cause, il est inconcevable de dire qu’en moins d’une année de rénovation, les infrastructures se sont de nouveau dégradées à tel point.

Cette action des artistes à nos yeux est une gifle administrée aux autorités étatiques de notre pays. Elle devrait désormais les pousser à relever leurs bretelles afin de remédier de manière définitive à cette situation lamentable qui n’honore guère leur gouvernance. Car, Cette offre de Sayon et de son époux constitue incontestablement une honte pour nos autorités qui doivent en tirer toutes les leçons et rectifier le tir. Cela y va de leur crédibilité non seulement aux yeux des guinéens, du monde musulman mais aussi ceux de nos partenaires financiers étrangers qui ont perdu toute confiance en notre pays. Dommage !
A bon entendeur salut !
Par Macky Daff

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