Espace Santé : Zoom sur la lutte contre le sida, avec Dr Abass Diakité

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Conakry, le 15 Décembre 2017 – Le monde a bel et bien basculé dans le XXIème siècle, en y entraînant, hélas, des fléaux qui semblent se jouer du temps et des espaces. Ainsi, de nos jours, encore et toujours, les hépatites, le VIH sida, l’Ebola, la tuberculose, la syphilis, etc., exigent plus que jamais des humains de tous âges, des comportements les plus prudents, en particulier dans les domaines sexuels qui demeurent cependant ceux de la reproduction.  A l’occasion de la célébration du mois du SIDA (décembre), un mois destiné à attirer l’attention du monde sur cette pandémie en vue de renforcer la lutte, le Bulletin du Gouvernement reçoit pour vous Docteur Abass Diakité, médecin de Santé Publique et Secrétaire Exécutif du Comité National de Lutte contre le Sida.

Bonjour Docteur Abass Diakité ! Vous êtes médecin de santé publique ; pouvez-vous présenter brièvement votre structure à nos auditeurs ?

Je me nomme Abass Diakité, médecin de santé publique. Je suis depuis Juin 2011, le Secrétaire Exécutif du Comité National de Lutte contre le Sida et ce Comité National est le seul organe, de coordination de toutes les interventions contre le VIH sida en République de Guinée, placé sous l’autorité directe du Premier Ministre, Monsieur Mamadi Youla.

Le CNLS regroupe en son sein, les représentants au plus haut niveau des départements ministériels, des institutions républicaines, du secteur privé, des organisations non gouvernementales nationales et internationales, des confessions religieuses et des organisations de Personnes vivant avec le VIH (PVVIH), des partenaires techniques et financiers, bi et multilatéraux et de la société civile.

Le Secrétariat Exécutif que je dirige, est l’organe technique qui appuie le Comité National de Lutte contre le Sida. Il a pour mission d’élaborer les éléments de la politique nationale de lutte contre le sida et de veiller à la mise en œuvre et au suivi de cette politique notamment le Cadre Stratégique National qui est élaboré chaque cinq ans. Il se charge, entre autres, d’impulser et de coordonner les activités multisectorielles, d’assurer la mobilisation et la gestion des ressources humaines et financières de la riposte au VIH/SIDA.

Nous sommes en 2017. Comment se fait-il que le Sida continue à tuer depuis bientôt un demi-siècle ?

Cette question est intéressante en ce sens qu’elle aborde la complexité de la lutte contre le sida sur plusieurs plans. Sur le plan médical, le vaccin n’est pas encore trouvé même s’il existe aujourd’hui des médicaments permettant de vivre le plus longtemps avec le virus, tout en diminuant le risque de contamination des personnes saines.

Sur le plan de la prévention, la lutte touche un aspect de la transmission qui reste tabou, c’est à dire les rapports sexuels. Ils sont une des voies de transmission du virus, je dirai même la première voie de transmission chez nous.

Au niveau des communautés, il existe encore la stigmatisation et la discrimination à l’endroit des Personnes Vivant avec le VIH. Cela fait que les gens refusent de faire les tests de dépistage. Des millions de personnes ont le virus dans le sang mais elles ne le savent pas et elles continuent à le transmettre. Malgré tout, nous pouvons pousser un ouf de soulagement, en raison des progrès dans les traitements, et les avancées enregistrées dans la recherche, aussi bien dans notre pays que dans le monde entier.

Selon un constat, on ne parle du VIH, qu’à l’occasion du 1er décembre de chaque année. Quelles sont vos stratégies de communications, pour atteindre, et sensibiliser plus de personnes pour limiter la propagation du virus ?

Non, le VIH est abordé chaque jour sur le territoire Guinéen. En décembre, la communication est accrue du fait de la solennité conférée à la lutte par le monde entier. Sinon, la communication est faite chaque jour que dieu fait. Nous utilisons tous les canaux de communication. En fonction du sujet à aborder et des groupes cibles, nous utilisons la communication à travers les anciens et les nouveaux médias (télévision, radio, internet, etc.), ainsi que la communication interpersonnelle où des personnes formées, vont sensibiliser les populations dans leur cadre de vie privée ou professionnelle. La communication occupe une place très importante dans la lutte à tous les niveaux. Il faut toutefois noter qu’elle est beaucoup ciblée en fonction des groupes et populations concernées.

Y a-t-il pour bientôt, un espoir pour un vaccin ?

Grâce à l’avancée de la recherche, on peut vivre longtemps avec le VIH et mener une meilleure vie grâce aux médicaments antirétroviraux (ARV). Si le traitement est bien suivi, la personne vit ‘’normalement’’, la quantité de virus devient indétectable dans son corps et elle ne transmet pas le virus à une autre personne.

Pour un vaccin, il y a de l’espoir car, les études se poursuivent et ce qui est obtenu après quelques décennies de lutte, est un réel motif de satisfaction.

Les points forts actuellement dans la lutte contre le VIH, seraient : -le dépistage, -l’abstinence, -et les préservatifs !! Où en est-on, en Guinée, et ailleurs, dans la lutte contre cette pandémie engagée depuis une quarantaine d’années ?

Le point fort, c’est la combinaison de toutes les stratégies. Outre ceux que vous venez de citer, il faut ajouter les cas de prévention dans la Transmission du VIH, de la Mère à l’Enfant (PTME), pour compléter la prise en charge globale des PVVIH. Notre souhait étant que plus personne ne soit plus contaminé par le VIH.

– En Guinée, l’épidémie est stable avec un taux de séroprévalence de 1,7% au sein de la population.

Malheureusement, les femmes sont les plus infectées (2,1%) contrairement aux hommes (1,2%).

Le taux est de 1,6% chez les jeunes de 15 à 24 ans. Le nombre moyen estimé de personnes, vivant avec le virus en 2015, était de 120 000 personnes.

Grâce, en 2015, aux efforts du gouvernement et des partenaires, 35 082 PVVIH ont eu accès au traitement antirétroviral gratuitement. A côté de cela, des efforts sont en cours pour rapprocher les services VIH des populations, avec la multiplication des sites de dépistage, de prise en charge, de PTME dans tout le pays. Cela est fait également pour les activités de sensibilisation qui sont menées auprès de nos communautés dans les zones les plus reculées.

– Dans le monde, on dénombre aujourd’hui 36,7 millions de personnes vivant avec le VIH. Il y a également des progrès. En juin 2016, 18,2 millions de personnes vivant avec le VIH, dont 910 000 enfants, avaient accès à la thérapie antirétrovirale, contre 15,8 millions en juin 2015 et 7,5 millions en 2010.

La gratuité de la prise en charge du VIH est-elle effective en Guinée ?

Oui, la prise en charge des PVVIH avec le traitement antirétroviral est gratuite partout en République de Guinée. Des efforts sont en cours pour rendre totalement gratuits les examens médicaux qui sont requis pour les PVVIH. Grâce à l’appui du Gouvernement Guinéen et des partenaires, notamment du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, du Système des Nations Unies, MSF/Belgique, GIZ, DREAM, Solthis à travers le projet Opera, UNITAID, Chambre des Mines, Mission philafricaine, Labmart et Mercodi-Guinée, nous avons acquis 59 compteurs CD4 et 06 appareils à charge virale, 07 unités radiologiques, 07 automates d’immunologie, 05 semi-automates de biochimie et 05 automates d’hématologie pour les hôpitaux régionaux et préfectoraux. Nous avons fait acquisition d’un camion de 10 tonnes, de 03 camionnettes de 2 tonnes, 15 frigos et 15 modules solaires pour la Pharmacie Centrale de Guinée et de ses dépôts régionaux.

Pour terminer Docteur, quel est le rapport entre le VIH et l’hépatite ?

Je parlerai brièvement des points de ressemblance entre l’infection à VIH et l’hépatite. Elles sont toutes les deux des maladies virales, c’est à dire qu’elles se transmettent par virus. La ressemblance porte aussi sur les modes de transmission dont la voie privilégiée est les rapports sexuels et la voie sanguine ! Pour ne citer que celles-là.

En cas de co-infection, c’est à dire lorsqu’une personne a, à la fois le virus VIH et celui de l’hépatite dans son corps, elle est soumise à un traitement antirétroviral.

Si vous me le permettez, je voudrais ici vous parler des différentes échéances qui nous attendent d’ici à 2030. Le monde entier avec à sa tête l’ONUSIDA s’est fixé d’éliminer le sida comme problème de santé publique. Cela passe par l’atteinte d’un objectif intermédiaire d’ici à 2020 qui est l’objectif 90 -90 – 90 à savoir :

-90% de personnes sont dépistées et connaissent leur statut sérologique

-90% de Personnes Vivant avec le VIH sont sous traitement antirétroviral

-90% des PVVIH sous traitement antirétroviral ont une charge virale indétectable.

Donc vous voyez que les objectifs sont ambitieux mais pas impossibles à atteindre. Pour cela, nous avons besoin de ressources et surtout de l’engagement de chacun et de tous.

Je terminerai mes propos en adressant mes vifs remerciements respectivement au Président de la République, à Monsieur le Premier Ministre, Mamady YOULA, au Président du Comité National de lutte contre le Sida et à tout le Gouvernement, pour leurs soutiens constants à la riposte anti sida.

Enfin, je remercie également l’ensemble des partenaires et acteurs de la riposte au sida, avec à leur tête l’ONUSIDA et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme pour tous les efforts fournis.

La Cellule de Communication du Gouvernement

IN LE BULLETIN DU GOUVERNEMENT – NOVEMBRE 2017

 

 

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