Extrémiste, misogyne et homophobe, il s’apprête à diriger le Brésil

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Il est d’extrême droite, militariste, misogyne et homophobe mais a su se présenter comme l’homme providentiel capable de sortir le Brésil de son marasme, face au candidat de gauche Fernando Haddad: Jair Bolsonaro est le grandissime favori de la présidentielle.

Les derniers sondages lui prédisent un mandat clair le 28 octobre avec 59% des voix contre 41% à Haddad pour succéder au conservateur Michel Temer à la tête du plus grand pays d’Amérique latine.

La campagne électorale s’achève dans une ambiance tendue, parfois nauséabonde: multiplication des violences contre des anti-Bolsonaro depuis le 1er tour du 7 octobre et enquêtes pour un blitz sur la messagerie WhatsApp de millions de fausses informations contre la gauche.

Le Brésil va aux urnes coupé en deux. La campagne s’est vite polarisée, poussant les 147 millions d’électeurs vers les extrêmes. Le 1er tour, couplé à des législatives, a marqué la plongée dans le coma des grands partis traditionnels du centre et de la droite.

C’est Jair Bolsonaro, 63 ans, qui, avec son minuscule Parti social libéral (PSL), a renversé la table. Il a manqué de peu d’être élu dès le 1er tour (46%) en réussissant à se faire passer pour un candidat antisystème alors qu’il est député depuis 27 ans. L’ancien parachutiste, chantre d’une dictature (1964-85) qui a commis selon lui « l’erreur de torturer sans tuer », a promis à des Brésiliens excédés par la corruption, la violence et le chômage de remettre de l’ordre dans le pays.

« Nettoyer le pays »
Cet admirateur de Donald Trump a surfé sur la vague de dégagisme et « a su reconnaître l’exigence de changement au Brésil », relève Paulo Sotero, directeur du Brazil Institute du Wilson Center, à Washington. Bolsonaro a excité chez des millions de Brésiliens une haine farouche du Parti des Travailleurs (PT) de l’ex-président Lula, dont la gestion, de 2003 à 2016, serait à l’origine de toutes les crises d’aujourd’hui.

« Le système politique brésilien s’est épuisé. Les gens sont fatigués », explique M. Sotero. Ainsi, le populiste Bolsonaro a promis de « nettoyer le pays » de ses élites corrompues avec un gouvernement resserré composé pour un tiers de généraux, d’éradiquer la violence en libéralisant le port d’armes et de protéger la famille traditionnelle.

Avec un discours outrancier, voire de haine, il s’est attiré le soutien crucial des très conservatrices églises évangéliques, comme des lobbys pro-armes et de l’agro-business. Sur le plan économique, cet ancien défenseur du secteur étatique s’est reconverti en ultra-libéral pour relancer une économie aux 13 millions de chômeurs.

En dépit du flou entourant son programme sur des questions cruciales comme les réformes fiscale ou des retraites, la Bourse a déjà voté pour lui. « Les investisseurs semblent rester optimistes quant au potentiel de réformes sous Bolsonaro », notent les consultants de Capital Economics.

Machine de guerre
Avec le PT, Fernando Haddad, 55 ans, veut « rendre le Brésil heureux à nouveau » comme sous les deux mandats de croissance de son mentor Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), par des politiques sociales, la fin du gel des dépenses publiques et un contrôle des armes à feu. Il s’est posé en défenseur des minorités et de la démocratie. Une démocratie en grand danger, 50% des Brésiliens estimant qu’il y a un risque de retour de la dictature au Brésil, selon un sondage publié vendredi.

Haddad est entré tardivement en campagne, se substituant à Lula, emprisonné pour corruption et inéligible. Puis il a manqué d’agressivité face au rouleau compresseur Bolsonaro et n’a pas fait l’inventaire du pétisme. Ainsi, pour le 2e tour, il n’a pas pu obtenir le ralliement du centre gauche ni des centristes afin de faire barrage à l’extrême droite dans un « front républicain ». Haddad a porté comme un fardeau la figure tutélaire de Lula, dont il a fini par enlever la photo sur ses spots de campagne. « Lula est devenu toxique », dit Paulo Sotero.

Contrairement à Bolsonaro, Haddad a déjà exercé des fonctions de pouvoir en étant ministre de l’Education (2005-1012) sous Lula et maire de Sao Paulo (2012-2016), plus grande métropole sud-américaine.

Il a mis au défi Bolsonaro de participer aux six débats télévisés de l’entre-deux tours. Ce dernier les a tous refusés, « pour raisons médicales », préférant les réseaux sociaux. Sa machine de guerre. « Si nous perdons les réseaux sociaux, c’est terminé », avait dit Bolsonaro, fort de ses 14 millions d’abonnés sur Facebook, Intagram et Twitter, contre 2,8 millions pour Haddad. Et c’est sur internet qu’il a mené l’essentiel de sa campagne après un attentat qui a failli lui coûter la vie le 6 septembre.

AFP

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