Front pour la défense de la Constitution : un front pour légitimer Abdouramane Sano?

C’est une erreur de parier sur l’union sacrée du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) dévoilé hier mercredi au siège de la PCUD à Conakry. Ce regroupement de leaders anti-maintien d’Alpha Condé au pouvoir a toutes les chances de capoter avant date. A bien voir les têtes qui le composent, on peut tout de suite dire que l’ego et les petits calculs risquent de le dépecer. Dans ce lobby, même les analphabètes se croient investis de la légitimité populaire pour arriver à Sékhoutouréya. Sidya Touré et Cellou Dalein Diallo -deux concurrents sérieux d’Alpha Condé- qui jouent apparemment leur va-tout ne lâcheront pas prise. L’ancien ministre Me Abdoul Kabèlè Camara qui attend d’être rappelé ne se mouillera que pour la rédaction des communiqués et les rencontres devant les paparazzis. Que dire de Lansana Kouyaté du Pedn -véritable contrepoids- qui a préféré mener depuis des années le combat contre le régime de Conakry au bord de la Seine? Que restera-t-il donc de ce front qui a le mérite d’avoir été créé pour s’opposer à un maintien du président Alpha Condé au pouvoir?

Pour les plus malins, Abdouramane Sano, le poil à gratter de la chaîne, qui ne cache plus ses intentions d’arriver au sommet pourrait être le grand bénéficiaire de ce Front anti-Alpha. L’ancien ministre qui a déjà un nom pour avoir refusé de cautionner le massacre du 28 septembre 2009 sous la junte du capitaine Moussa Dadis Camara, cherche maintenant un prénom. Et mieux, Alpha Condé, sans s’en rendre compte, l’a propulsé le 24 mars dernier au devant de la scène en l’accusant de vouloir le renverser. N’est-ce pas là une manière de mettre sous les projecteurs un leader qui ne rêvait que de ça ? La bataille donc engagée contre Alpha Condé risque d’être une rixe entre tenants du pouvoir et opposition d’un côté et entre membres du FNDC de l’autre. L’eau va donc gicler du robinet. La suite du feuilleton sera pleine de surprises.

Mamadou Savané