Ibrahima Sacko de CPUG : ‘’arrêtez de me dire que le président de la République n’a pas le droit de proposer une nouvelle Constitution’’

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Invité dimanche dernier dans l’émission ‘’Terrain politique’’ de la radio Sabari FM, le président de Changement, Progrès et Unité pour la Guinée Ibrahima Sacko s’est exprimé sur la situation sociopolitique du pays.

Selon le président de CPUG qui désavoue cette façon de manifester de la classe politique, le dialogue est important dans la résolution des problèmes, surtout des conflits politiques…

« Les populations d’un pays c’est très important, on ne peut pas jouer avec. Alors faire appel à la population pour descendre dans la rue et manifester en sachant très bien qu’au bout il y aura des morts pour un hypothétique 3ème mandat, moi je le désavoue. Je ne suis pas du tout pour. Parce que ce qui est important actuellement c’est vraiment les Guinéens, donc faire appel à nos concitoyens pour que tout s’arrête en termes d’économie et ensuite aboutir à des manifestations qui vont certainement être meurtrières, pour moi ce n’est pas acceptable, ce n‘est pas tolérable. Je dirais ceci à la classe politique, qu’ils se souviennent un tout petit peu. Vous savez, nous avons vu 1959, nous avons vu 1970, nous avons vu 1985, nous avons vu 1993, nous avons vu 2007, nous avons vu 2009. Lors de ces manifestations de 2009, nous avons vu des femmes et des hommes guinéens qui ont été tués, qui ont été violées, il y a eu des dégâts matériels et jusqu’à présent nous voyons très bien que ces plaies-là ne sont pas refermées. Et au regard de tout ça, je pense que la classe politique doit comprendre que ce qui est important dans la résolution des problèmes, surtout des conflits politiques c’est le dialogue. Nous devons commencer toujours par le dialogue, continuer par le dialogue et finir par le dialogue, parce que quoiqu’on fasse, quoiqu’on dise aujourd’hui le monde moderne fonctionne avec des négociations, des dialogues et les violences qui aboutissent à des morts n’ont plus le droit d’être », estime-t-il.

Parlant ensuite du changement de la constitution et de l’hypothétique 3ème mandat du président Condé, Ibrahima Sacko qui considère que le rôle de la classe politique est de mener le dialogue en toute circonstance les interroge : « Avez-vous le projet de constitution ? Avez-vous lu le projet de Constitution ? Ils vous diront non. Il s’agit quand même de la population guinéenne. On ne peut pas organiser des manifestations sur des intentions (…). Je pense sincèrement qu’il y a un manque total de prise de conscience voilà. C’est-à-dire que quand on oublie le 28 septembre 2009, quand on oublie tout ce qui est arrivé en Guinée en termes de manifestations meurtrières, je vous rappellerais que depuis 10 ans, il y a eu à peu près plus de 115 morts dans nos pays. C’est là que quand on a une classe politique qui organise des manifestations chaque jour, chaque mois, chaque année, pendant 10 ans, ça ne facilite pas du tout la tâche au président de la République, ça ne facilite pas du tout la tâche au gouvernement qui œuvre pour nos concitoyens guinéens. Le rôle de la classe politique c’est d’aider le gouvernement à réaliser des projets de société, quoiqu’on dise nous devons défendre l’intérêt des Guinéens, on ne doit pas défendre ses propres intérêts. Ce sont des querelles partisanes, ça n’a pas lieu d’être lorsqu’on veut défendre les intérêts des Guinéens. Je pense que ce n’est pas du tout opportun d’organiser des manifestations quand on sait que notre pays est dans un gouffre de misère sociale, insupportable. Le rôle de la classe politique c’est de mener le dialogue en toute circonstance, de veiller à ce que ça aille bien dans notre pays et d’aider surtout le président de la République et le gouvernement à aller de l’avant », a affirmé le président de CPUG.

Rappelant ensuite qu’il est dans un Etat démocratique du droit du chef de l’Etat de proposer une nouvelle Constitution, Ibrahima Sacko estime qu’il faut laisser le professeur Alpha Condé aller jusqu’au bout de ses idées avant d’aviser :« sincèrement le Chef de l’Etat comme dans n’importe quel pays démocratique a le droit de proposer une nouvelle constitution, c’est tout à fait légitime. Je vais donner quelques exemples de pays démocratiques, vous avez la France, depuis 1958 jusqu’à nos jours, il y a eu à peu près 24 modifications de la Constitution. Certes sur des dispositions temporelles par rapport à la ratification du traité de Maëstricht ou encore sur la réforme du conseil supérieur de la magistrature, mais est-ce que pour autant les Français se sont entre-déchirés ? Je ne crois pas ? Est-ce que pour autant on a manifesté pour tuer les citoyens français ? Je ne crois pas. Je vais encore vous donner un autre exemple, la Constitution américaine qui existe depuis plus de 200 ans, il y a eu 27 amendements. Certes il y a eu des discussions assez ardues, compliquées, difficiles mais en aucun cas ils se sont entredéchirés, se sont entretués. En aucun cas ils ont fait sortir des Américains pour qu’il y ait des affrontements avec la police et qu’il y ait des morts… Prenons un autre exemple, pour être court, la Grande-Bretagne, c’est un pays où il n’y a pas de Constitution. Vous savez la vie sociale et les règles des institutions sont régies par des lois coutumières, … Cela fait plus de deux ans et demi que la Grande-Bretagne discute de façon âpre sur la sortie de l’Union Européenne, le Brexit. Vous savez 2 ans et demi, pas un seul mort, ils n’ont pas fait d’économie de dialogue. C’est cela la démocratie moderne, c’est cela aider son pays, c’est cela être patriote. Donc arrêtez de me dire que le président de la République n’a pas le droit de proposer une nouvelle Constitution. Il faut aller jusqu’au bout et ensuite on avisera. Et quand je dis on avisera, ça sera de façon démocratique, toujours par le dialogue. On ne peut pas surpasser le dialogue, vous ne pouvez pas, personne ne le peut. Il faut dialoguer, dialoguer, dialoguer jusqu’à ce qu’on trouve une solution à nos problèmes. La vie des Guinéens, ce n’est pas une vie de chien… », a-t-il estimé.

Maciré Camara

 

 

 

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