INTERVIEW. Senkoun Sylla, ambassadeur : ‘’lors de la TICAD7, on a obtenu des promesses fermes du Premier ministre japonais d’accompagner la Guinée’’

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La 7è conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD7) a clos le mois dernier ses travaux à Yokohama, au Japon sur fond de grandes annonces. La Guinée, partenaire historique du Japon était représentée à cette grand-messe japono-africaine par le président Alpha Condé, accompagné de six ministres. Pour mieux cerner la participation guinéenne à cette TICAD, nous avons rencontré l’ambassadeur de Guinée au Japon Senkoun Sylla. C’était à Shibuya-Ku, dans le centre de la métropole de Tokyo. Tout a été évoqué. A bâtons rompus… 

Mediaguinee : La TICAD7 s’est tenue ici au Japon. Que peut-on retenir de cette grand-messe japono-africaine ? 

Senkoun Sylla : Je vous remercie de l’opportunité que vous m’offrez pour pouvoir m’exprimer sur les actions de ce grand partenariat qui est dédié au développement de l’Afrique. La délégation guinéenne à cette importante rencontre a été conduite par Son Excellence, le professeur Alpha Condé, accompagné d’une forte délégation composée de six ministres, de cadres de l’administration publique et de l’agence de promotion des investissements publics. Ce qui démontre à suffisance l’intérêt que les autorités guinéennes, au plus haut niveau, accordent à ce processus de développement.

La Guinée était représentée. Le chef de l’Etat était là avec six ministres. Concrètement, qu’est-ce que la Guinée a obtenu ?

Concrètement, la présence de la Guinée a été appréciée au plus haut niveau, parce que nos deux pays entretiennent des relations de coopération depuis plus d’une soixantaine d’années. Alors, il était important, au niveau le plus élevé, que la Guinée matérialise sa présence au Japon, à travers sa participation à cette grande rencontre de la TICAD. Donc, les points que nous pouvons retenir, ce sont les rencontres bilatérales aux différents niveaux. Et la plus importante, c’est celle que Son Excellence M. le président de la République a eue avec le Premier ministre japonais [Shinzo Abe].  Au cours de cette rencontre, les deux dirigeants ont passé d’abord en revue l’état de notre coopération et ont décidé ensemble de promouvoir une coopération mutuellement avantageuse. Au-delà de cette rencontre, qu’il faut qualifier de succès, il y a eu aussi des rencontres parallèles que l’ambassade a initiées, permettant aux six ministres présents à cette réunion d’avoir des échanges avec leurs homologues japonais et d’étudier des pistes de coopération dans le cadre du renforcement du partenariat pouvant exister entre la Guinée et le Japon.

Est-ce qu’il y a eu des accords qui ont été signés avec la Guinée ?

En effet, oui ! On a signé un mémorandum d’entente avec une des institutions opérant dans le domaine agricole : c’est le Centre japonais de recherche pour l’Agriculture. Donc ça c’est important, quand on sait surtout la priorité que le président de la République et son gouvernement accordent au secteur de l’agriculture dans notre pays. C’est déjà un événement important à travers la participation de la Guinée mais aussi la signature de ce protocole d’accord vient ainsi couronner une série d’actions que nous avions menées dans le cadre du renforcement de notre coopération. Et au-delà, nous avons obtenu des promesses fermes du Premier ministre japonais, d’accompagner la Guinée dans le cadre de son processus de développement économique et social. Comme vous le savez, le Japon intervient dans plusieurs secteurs de développement de notre pays. Vous avez l’Education, la Sécurité alimentaire, des infrastructures de qualité, le pont KK que nous connaissons tous, qui se trouve sur la route nationale N°1 qui est un passage important en termes de mouvement de personnes et de marchandises. Nous avons conclu aussi un autre accord pour la construction du pont de Soumba qui se trouve sur la route nationale N°3. Voilà donc un certain nombre de décisions qui viennent ainsi renforcer le dynamisme de la coopération déjà existante entre nos deux pays.

Vous parlez de plus de 60 ans de coopération entre la Guinée et le Japon. Si on vous demandait d’évaluer cette coopération, qu’allez-vous dire ? 

Je dirais qu’elle est globalement satisfaisante, parce qu’elle répond aux aspirations de nos deux peuples mais surtout de nos dirigeants respectifs de défendre des positions de paix, de solidarité et de coopération internationale. La Guinée est très reconnaissante envers le Japon, car le Japon a été parmi les pays qui ont parrainé la Guinée pour son adhésion au sein de cette communauté des Nations que nous appelons communément, les Nations unies. Nous pouvons aujourd’hui nous satisfaire, car le Japon appuie la Guinée dans la mise en œuvre d’un certain nombre de projets. Concrètement, le Japon a construit plus de mille salles de classe en Guinée. Il favorise et appuie la Guinée dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, en essayant de renforcer les capacités de certaines composantes de nos sociétés, les jeunes mais aussi les femmes. Les ports de pêche de Boulbinet, de Téminétaye, de Kaporo, voilà un certain nombre d’engagements que le Japon continue d’appuyer et aujourd’hui, il y a un projet phare qui tient à cœur le président de la République, c’est la pisciculture. A ce niveau aussi, nous bénéficions de l’appui et de l’accompagnement du Japon dans la réalisation de ces différents projets d’envergure qui, dans leur grande majorité, participent au développement de notre pays. Voilà en quelque sorte un certain nombre de projets pour lesquels nous devons nous satisfaire de l’état de la coopération avec le Japon. Sur le plan politique, nous pouvons parler du renforcement institutionnel au niveau parlementaire. Nous avons créé l’année dernière, la ligne d’amitié parlementaire Japon-Guinée. Comme vous le savez, les membres du gouvernement sont avant tout des parlementaires. Donc, avoir un groupe parlementaire qui défend les intérêts de la Guinée, voilà un mécanisme plus lourd pour nous, en tant que mission diplomatique, que nous pouvons utiliser en tant que lobbyistes pour pouvoir avancer les richesses de financement de nos différents projets.

Pendant les temps forts de l’Ebola, le Japon a participé, sur le plan financier, à hauteur de plus de 550 mille dollars pour appuyer les structures sanitaires. Mais au-delà, il y a eu un appui en matériel dont plus d’une centaine de voitures 4+4, des ambulances et même des motos pour permettre aux agents de santé d’avoir accès aux régions qui étaient difficilement accessibles. C’est autant vous dire que cette contribution a été énorme. Et au-delà de sa contribution, le Japon a été le pays qui a mis en place un test de détection rapide de l’Ebola, un test qui a été développé par une université japonaise et qui permettait de détecter l’Ebola en moins de 12 minutes. Au-delà de ce test rapide, c’est le Japon qui a mis en œuvre un médicament qu’on appelle le Favipiravir. Ce médicament a été mis en place par une entreprise japonaise qu’on appelle Fujifilm.

Le Premier ministre japonais a dit dans son discours, lors du lancement de la TICAD, que le Japon va désormais augmenter ses investissements en Afrique. Il a parlé de 20 milliards de dollars investis ces trois dernières années sur le continent. Quelle a été la part de la Guinée dans cette enveloppe que certains jugent de modeste ?

C’est une question extrêmement importante et c’est d’ailleurs la question que tout le monde se pose en Afrique. A quoi sert l’engagement du Japon de façon visible ? Qu’est-ce que le Japon a fait en Afrique de manière concrète ou visible ? Moi, je pense que cette somme n’est pas dérisoire et de loin, il est extrêmement important.

Par rapport à la Chine et l’Inde…

Je pense qu’il ne faut pas faire des comparaisons quand nous avons des stratégies de coopération, parce que les approches sont différentes par rapport à la Chine, les engagements sont différents et les résultats sont différents. Je vais vous dire clairement, la manière, la mentalité et l’approche des Japonais pour essayer de donner une visibilité à la coopération entre le Japon et le continent africain. Avant tout, il faut savoir d’abord qu’est-ce que c’est la TICAD. C’est une initiative qui a été lancée en 1993 par le Japon, donc il y a plus de 25 ans. L’objectif était de promouvoir un dialogue de haut niveau entre les dirigeants africains et leurs partenaires au développement et s’appuyer sur deux volets importants, l’appropriation et le partenariat international. L’objectif du Japon, c’est de permettre aux pays africains d’être autonomes, de se prendre en main, de mettre en place des initiatives de leur propre développement. Je crois c’est plus important parce que ça nous permet d’être maîtres de notre propre destin. Ce montant a été décidé pour la toute première fois lors de la cinquième TICAD qui s’est tenue également à Yokohama, à laquelle le Président de la République avait pris part, accompagné d’une forte délégation. Et le Japon avait annoncé d’ailleurs une enveloppe de plus de 32 milliards de dollars. La TICAD6 qui s’est tenue la toute première fois sur le continent africain, à Nairobi, au Kenya, il y a eu un engagement financier de 20 milliards, dont dix milliards qui venaient du gouvernement japonais et les 10 autres devaient être une contribution du secteur privé japonais. Et justement, c’est ce volet qui est important, parce que nous comprenons aujourd’hui qu’il ne s’agit pas seulement d’avoir des dons et des appuis techniques et financiers de la part du Japon, mais au contraire, il faut s’engager dans un processus de transformation économique, en engageant le continent africain dans un développement avec le partenariat du secteur privé japonais. Donc, ce montant n’est pas dérisoire, au contraire. Bien qu’il n’y ait pas eu d’annonces importantes, il y a une enveloppe qui reste, qui n’est pas complètement utilisée. Tous les projets que je vous ai cités s’intègrent de manière formelle et globale dans le processus de la TICAD, parce que c’est un des financements effectués par le gouvernement japonais. Nous recevons des stagiaires dans ce pays, qui bénéficient d’une initiative phare du gouvernement japonais. Ils viennent se former au Japon dans les métiers d’ingénierie, d’économie et après, ils font des stages auprès des entreprises japonaises pour s’enquérir de la mentalité et de la manière de travailler des Japonais. C’est aussi un effet important permettant demain d’avoir des répondants sur le continent africain. Voilà des exemples parmi tant d’autres de l’engagement du Japon en faveur du continent africain. Et à mon avis, c’est un processus qu’il faut soutenir et accompagner.

On va justement parler de ces investissements. Le Premier ministre Shinzo Abe a également déclaré que désormais les entreprises japonaises qui iront en Afrique seront fortement soutenues. Selon vous, pourquoi ces entreprises traînent-elles les pas pour venir en Afrique ?

A cela, il y a plusieurs questions. Etant déjà au Japon depuis un certain nombre d’années, l’approche que nous avons auprès des décideurs économiques de ce pays, il y a encore une certaine méconnaissance du continent africain. Quand vous prenez l’Afrique de l’Ouest, la plupart du temps, si vous discutez avec les entreprises japonaises, d’abord, il y a le facteur distance. Ils trouvent que c’est très loin. Et secundo, vous avez la langue. Très peu de Japonais parlent le Français. Et troisième chose, tout ce qu’ils reçoivent en général, en termes d’images, de tout ce qui se passe sur le plan politique dans nos différents pays ralentit un peu l’élan de certaines entreprises japonaises à intégrer le marché très vaste du continent africain. En étant conservateur, on ne saura jamais quelle opportunité peut offrir ce continent.

Qu’est-ce qu’il faut alors pour briser ces barrières ?

Pour briser ces barrières, je pense que le Japon devrait avoir le courage d’aller vers les Africains et vice versa. Donc, il faut avoir un échange à différents niveaux pour permettre au Japon de venir découvrir ce vaste marché du continent africain. Et pour cela, nous pouvons mettre en place une série d’initiatives, d’organisations de séminaires, de conférences, de forums entre les deux pays, pour permettre au secteur privé japonais de se rendre compte de ce que ce continent peut offrir. Tout le monde convient de le dire, que l’Afrique, c’est la nouvelle frontière, c’est le continent qui regorge d’une population à majorité jeune, c’est le continent qui regorge d’un potentiel en ressources minières, agricoles. Et aujourd’hui, l’Afrique ne peut pas être en marge du développement avec n’importe quel pays ou continent. Il est donc important de s’intégrer dans cette grande mondialisation pour ne pas que le Japon soit en marge de l’évolution qui va se produire bientôt sur le continent africain. Son engagement est déjà apprécié puisqu’il faut le reconnaître, le Japon a été le premier pays à initier un partenariat avec le continent africain. Aujourd’hui, tout le monde court derrière cette jolie dame qu’est l’Afrique pour avoir des partenariats sérieux et cohérents avec elle. Je pense que le Japon aussi, de ce côté, peut faire un pas en avant pour qu’elle ait une place. Et nous avons besoin du Japon, parce qu’il a aujourd’hui un savoir-faire et une technologie inégalés. Il peut participer, à bien des égards, au développement du continent africain.

Il n’y pas que ça. Le Premier ministre japonais a mis en garde les Africains contre l’endettement massif en parlant de l’Inde et de la Chine. Partagez-vous cette approche ?

Vous savez, l’endettement freine les efforts de développement. Mais je crois que c’est une question souveraine.  Il faut savoir qu’un pays qui est trop endetté ne peut pas initier des projets de développement économique et social. Il est évident que nous devons faire en sorte que nous puissions sortir de ce cycle infernal d’endettement en essayant de créer un certain nombre de secteurs générateurs de croissance pour nous permettre de financer, avec nos propres moyens, nos efforts de développement. Le PNDES (Programme national de développement économique et social) qui a été initié dans notre pays, s’inscrit dans cette logique. Il est important que les pays africains ne s’intègrent pas trop dans le processus d’endettement parce qu’il freine le processus de développement économique et social. Mais vous savez, nous sommes dans le cadre de la recherche de plusieurs aspects de développement, on n’a pas souvent les moyens de notre propre développement. Donc, dans bien des cas, on fait appel aux financements extérieurs et cela freine certains efforts, surtout la réalisation des projets sociaux destinés à nos populations.

Beaucoup disent que cette mise en garde du Premier ministre japonais pouvait ne pas être entendue parce que tout simplement les gouvernements en Afrique ont besoin du cash pour développer les infrastructures. Est-ce votre idée ? 

C’est un peu difficile de se déterminer sur cette question. Moi, ce que je retiens d’abord, c’est une question de souveraineté. On a essayé d’expliquer à nos partenaires japonais. Aujourd’hui, on est dans une dynamique de développement. Les ressources que nous possédons ne permettent pas de financer l’ensemble des projets ou des aspirations que nous souhaitons mettre à la disposition de nos populations. Il va sans dire que comme je l’ai dit tantôt, qu’on s’adresse à des institutions financières internationales. Pour le cas guinéen, il faut saluer l’effort qui a été entrepris par le président de la République dans le cadre du PPTE. La Guinée, il y a quelques années, était dans une situation délicate mais grâce aux efforts du président et de son gouvernement, la Guinée bientôt, sortira de ce cadre qui lui permettra de s’adresser à d’autres institutions pour avoir des crédits, pour financer des projets phares qui vont dans le sens de l’amélioration des conditions de vie des populations mais aussi de l’émergence de notre pays.

Parlons à présent de la communauté guinéenne…

Pour vous parler du cas japonais, en matière de recensement, nous avons une communauté qui tourne autour de 500 personnes. Je pense qu’ils sont très bien intégrés dans ce vaste ensemble que constitue la communauté guinéenne au Japon. Beaucoup d’entre eux se sont mariés d’ailleurs à des Japonaises, ils ont des enfants issus de ce métissage. Cela prouve à suffisance que l’intégration se passe très bien. Nous, en tant que mission diplomatique, nous sommes aussi un conseil pour nos compatriotes résidant dans ce pays. C’est ce que nous faisons, en essayant à chaque fois que cela est nécessaire, d’avoir des initiatives, en les invitant à des événements que nous organisons, que ça soit les fêtes de Tabaski ou de Ramadan, que ça soit d’autres activités à caractère culturel ou économique. A chaque fois que nous les invitons, c’est souvent des moments de solidarité, de grands divertissements et de grandes rencontres. Au-delà de tout cela, nous donnons des conseils sur le respect des règles du pays d’accueil. Le Japon est un pays où les règles de vie sont extrêmement importantes pour vivre en paix et en harmonie. Donc, il est important de s’intégrer par rapport à tout cet ensemble. Mais de façon générale, tout se passe bien, il y a une bonne relation entre l’ambassade et la communauté guinéenne. D’ailleurs, pour votre information, il y a deux semaines, nous avons mis en place le bureau de la coordination des ressortissants guinéens résidant au Japon. On avait traîné les pas, parce que le bureau provisoire existait. Donc voilà une équipe qui va désormais se mettre à la tâche. Mais il nous appartient tous, dans cette communauté, de vivre ensemble.

Il y a beaucoup de Guinéens vivant à l’étranger qui se plaignent des conditions d’obtention du passeport. Est-ce que c’est le cas au Japon ?

 Je pense que c’est un phénomène général. Si vous regardez les principes d’acquisition de passeport, il faut la présence physique des intéressés. Donc pour le cas du Japon, un pays qui est très loin de la Guinée, il s’avère difficile pour un compatriote qui a son passeport expiré, de pouvoir payer un billet d’avion pour aller jusqu’à Conakry. Donc voilà un certain nombre de questions qui ont été soulevées, lors de la conférence diplomatique qui a eu lieu à Conakry le mois d’avril dernier, et qui a permis de poser réellement cette question. Il y a beaucoup d’initiatives qui ont été dégagées. Pour le moment, on attend qu’elles soient formalisées et mises à la disposition des missions diplomatiques pour que désormais, nos compatriotes puissent avoir accès, de manière beaucoup plus facile, à des documents de voyage ou tout autre document. Il faut seulement définir les règles. Il y a des initiatives à prendre au niveau gouvernemental. Donc nous attendons, puisque nous de notre côté, nous avons chaque fois fait des doléances auprès des autorités, en essayant de signaler au plus haut niveau, les préoccupations auxquelles nous sommes confrontés quand il ne s’agit pas seulement du Japon. Nous avons aussi en charge l’Australie, un pays où se trouvent plus de deux mille Guinéens. Donc la plupart du temps, ils sont obligés de nous téléphoner, de nous expliquer leurs préoccupations. Il y a des choses que nous pouvons régler mais par contre, il y a d’autres que nous sommes incapables de régler. Nous essayons d’expliquer. Ce n’est souvent pas facile et je pense que cette question a été déjà abordée à différents niveaux. Et je pense que nos autorités aussi, à différents niveaux, sont conscientes de la question et j’estime que dans les mois à venir, certainement, une solution sera proposée aux missions diplomatiques.

Nous sommes à la fin de notre interview. Y a-t-il un point sur lequel vous aimeriez revenir ? 

Dans ma réponse aux différentes questions, je vous ai dit que six ministres ont participé à cette grande rencontre qui est dédiée au développement de l’Afrique. Je pense qu’il est important de les citer pour que nos compatriotes comprennent le caractère important de la TICAD mais aussi pour qu’ils comprennent l’engagement de nos autorités au plus haut niveau, de donner un sens à la coopération entre la Guinée et le Japon. Donc parmi les ministres qui étaient présents, je vais vous citer le ministre d’État chargé de l’Assainissement et de l’Hydraulique, il y avait madame la ministre chargée de la Coopération internationale, le ministre de la Pêche, le ministre de l’Enseignement supérieur, le ministre des Postes et Télécommunications, le ministre en charge des Investissements et du partenariat public-privé. Il y avait aussi l’Agence de promotion des investissements qui était présente, qui, d’ailleurs, avait deux stands. Vous n’êtes pas sans savoir qu’en marge de cette TICAD, il y a eu le forum Japon-Afrique, et ça a été l’occasion pour l’agence de promotion de présenter des produits locaux de notre pays, pour la valorisation desquels, le gouvernement fournit beaucoup d’efforts. La présence de cette institution a été saluée. Au-delà de tout ça, il y avait des cadres du ministère des Affaires étrangères, qui ont assuré l’accompagnement par rapport aux différentes audiences que le chef de l’Etat a eues. Tout ça pour vous dire que des questions de développement ont été abordées par le chef de l’Etat. Il a discuté au plus haut niveau des problèmes liés au développement de l’agriculture, des initiatives gouvernementales que l’on met en place, à la disposition des investisseurs, pour essayer de développer le secteur agricole. Mais aussi un certain nombre de questions qui ont été soumises à l’approbation des autorités japonaises, pour faire en sorte que la Guinée puisse bénéficier de prêts concessionnels. Ce qui nous permettra d’avoir du cash aussi pour financer des projets importants. Ce que nous pouvons dire, c’est que le Japon est un partenaire important, un partenaire de premier rôle, qui nous a soutenus et qui nous accompagne dans toutes les phases de notre processus de développement économique et social. Donc il est important dans cette vision de développement, que nous puissions aussi avoir une approche innovatrice, pour que la Guinée puisse bénéficier davantage des retombées significatives du processus de développement initié par la TICAD.

Réalisée par Mamadou Savané

de retour du Japon

 

 

 

 

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1 commentaire
  1. CONDÉ ABOU dit

    Très belle interview et très belle analyse de S.E. Mr. l’Ambassadeur Senkoun Sylla au sortir des travaux de la 7ème TICAD au Japon.

    Le problème crucial avec la coopération Nipponne, c’est que les investisseurs privés Japonais ne vont jamais changer de logique, alors que l’Afrique et particulièrement un pays en développement comme la Guinée a énormément besoin à la fois d’aide publique au développement et d’investissements privés !

    C’est toute la différence entre l’approche du développement des Chinois et celle des Japonais, et c’est très dommage quand on observe à quel point, le niveau technologique des produits Japonais et la qualité de leur fabrication sont si avancés par rapport à ceux du reste du monde.

    À propos d’endettement. Quand on est très riche, il est tellement facile de parler du danger de l’endettement et de demander aux pauvres de se méfier de l’endettement ! Sinon, combien de pays au monde sont aussi endettés que le Japon (9266 milliards d’Euros à la fin de l’exercice 2016, soit un taux d’endettement de 246,6% du PIB !).

    Selon l’OCDE, c’est la dette la plus élevée au monde par rapport au PIB. Ici le gros avantage c’est que la dette est détenue pour l’essentiel par les Agents économiques Japonais eux-mêmes ( 36,7 % l’étaient par la Banque du Japon, 24,7 % par les institutions financières du pays et 21,8 % par les assureurs locaux). Seuls 6,7 % étaient aux mains d’étrangers, contre par exemple, 60 % pour la dette Française.

    Une situation qui n’inquiète même pas le Japon, dont les Experts pensent que si rien ne change, à l’horizon 2060, la dette Japonaise pourrait culminer à 600% du PIB !

    Comment voulez-vous que l’Afrique suive une telle logique économique en refusant de s’endetter pour ses propres investissements structurants ? C’est pratiquement impossible.

    Il faudrait de la part du Japon un changement complet de paradigme pour que le secteur privé Japonais puisse prendre beaucoup plus de risques sur les marchés Africains en acceptant d’investir dans les infrastructures, le transfert de technologie indispensable à l’industrialisation, le financement de la recherche-développement et l’ouverture du marché Japonais en faveur de l’Afrique.

    L’aide publique au développement ne suffira pas du tout pour faire le contre-poids économique des engagements de la Chine, des Etats Unis, de l’Union Européenne et de l’Inde en Afrique.

    Merci pour la pertinente analyse de S.E. Mr. l’Ambassadeur, merci à Médiaguinée pour la qualité remarquable de cette interview.

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