La chute du Mur de Berlin, 40 ans auparavant (Par Moïse Sidibé)

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Le XIX ème siècle a connu un nombre de renversements plus marquants les uns que les autres. La victoire de 1945 du monde sur le nazisme est classée dans le même registre que la victoire du communisme sur l’Occident à Dien Bien Phu en 1954 et plus tard à Saigon, en 1975, avec à la clé la chute des empires coloniaux français, britanniques et portugais. En revanche c’est la chute du communisme en 1989. Match nul ! Mais quelles étaient les factures pour chaque camp ?

Le match de barrage se joue actuellement sur le terrain commercial sans un coup de feu.

Comment les Occidentaux ont eu leur revanche sur les communistes ?

Tout a commencé avec l’envahissement de l’Afghanistan par l’URSS en 1979, il y a 40 ans. Une série d’embargos contre les pays de l’Est en 1981-83 a été décrétée par les Occidentaux. La solution n’était pas militaire. Youri Andropov, le successeur de Leonid Brejnev, avertissait que si l’URSS était attaquée, elle avait largement de quoi se défendre, cela causait une peur bleue aux Allemands des deux côtés et aux Français, mais Andropov cassa vite la pipe, comme son successeur Konstantin Tchernenko. Trois chefs soviétiques, et pas des ectoplasmes, qui tirent leurs révérences dans l’intervalle de trois ans (1982-1985), c’était mauvais signe.

L’arrivée de Mikaël Gorbatchev et de Boris Eltsine n’était qu’une transition inconséquente et nocive pour le système. Evidemment qu’ils ont reçu des louanges de l’occident pour cela.

Le Mur s’effondra le 9 novembre 1989, succédant à la déliquescence de l’empire soviétique et du pacte de Varsovie, ironie de l’histoire. Un but partout.

Le match nul était un vrai match nul ?

Dès après la victoire sur le nazisme et le National-socialisme de Hitler, (qui a été pestiféré par ce manichéisme hypocrite des autres, puisque la dictature du prolétariat et la démocratie occidentale, c’est aussi du National-socialisme à estampillages différents) pour barrer la route au communisme, pour « l’endiguement », donc, le plan Marshall pour soutenir l’Europe K.O débout avait pour objectif de montrer le luxe du capitalisme aux populations de l’Est durement confrontées aux lendemains d’une guerre destructrice et meurtrière a coûté les yeux de la tête. On parlait de 20 millions de morts, des villes et capitales rasées, des industries détruites. Les pays libérés par la Russie de Staline restèrent dans le giron de l’URSS et ne devaient compter que sur leur propre force, tandis qu’à l’ouest, les Américains « mettaient le gros paquet ». Le luxe déversé sur Berlin-ouest par des avions de ravitaillement montré et vanté par la presse était tellement subversif que le ver était déjà dans le fruit du communisme. Quelle était la parade ?

Les Etats socialistes concentraient et planifiaient tout sous une discipline « révolutionnaire », se donnant un mal fou à mettre les populations dans un niveau de vie décent à la hauteur de leurs moyens. Mais ces populations ne regardaient que ce qui se passait à l’ouest.

En Guinée, le bastion le plus avancé du socialisme en Afrique noire, on a entendu que » Toute aide qui ne nous aide pas à nous passer de l’aide n’est pas une aide » …

A Berlin-Est, malgré les barbelés et les soldats qui tiraient sur les fugitifs, il y avait des candidats. Et chaque victime bénéficiait d’un clabaudage de la presse occidentale et constituait une charge contre le communisme. C’est dans ces conditions que le mur fut construit en 1961 par Erich Honecker. Le rideau de fer était hermétique.

En 1979, l’URSS envahit l’Afghanistan ; en 1980, arrive Ronald Reagan, le cow-boy, à la Maison Blanche. Leonid Brejnev atteint de Parkinson vint en RDA rencontrer en 1981 le chancelier Helmut Schmidt en présence d’Erich Honecker. On parlait de Guerre des étoiles, du déploiement des missiles Pershing-2 à Berlin-ouest et des SS-20 à Berlin-Est, on parlait de bombe à neutron et autre. La tension était à craquer.

Mais la solution ne pouvait pas être militaire. Selon des spécialistes, les forces de l’OTAN et celles du Pacte de Varsovie se neutralisaient en têtes et ogives nucléaires dans les bascules : 950-950. Il fallait donc passer par les sanctions économiques.

Sur la chaîne de TV ouest-allemande ARD, la présentatrice Barbara Dieckmann se demandait sur la logique sibylline de Ronald Reagan d’imposer les santons tout en livrant des milliers de tonnes de blé à Moscou. Reagan savait que la faim ferait sortir les loups du bois, les réactions soviétiques pourraient être imprévisibles, le cas échéant. Cela signifiait que Reagan n’était pas prêt pour une confrontation militaire, personne non plus, d’ailleurs.

Dans cet intervalle, Leonid Brejnev cassa la pipe en 82, Youri Andropov, le patron du KGB, qui le succéda cassa la pipe, à son tour, Konstantin Tchernenko qui succéda à Andropov cassa la pipe, à son tour. A qui le tour ?

Les dirigeants soviétiques qui cassent la pipe successivement dans l’intervalle de 3 ans (1982-1985) est mauvais signe.

L’arrivée de Mikhail Gorbatchev totalement inopportune et en porte-à-faux entre l’effervescence populaire pour le changement et le conservatisme de l’armée rouge obligea Boris Eltsine, président de la Russie, à grimper sur le toit d’un tank pour faire stopper l’armée. Mais Eltsine n’avait pas la poigne pour tenir l’URSS, celle-ci se désintégra en 1989, la Pologne en tête de file.

Another brick in the Wall. 

Je ne sais pas pourquoi ce beau tube de Pink Floyd (en trois parties) me vint en tête, mais 8 ans auparavant, en 1981 cette chanson n’était pas ou plus interdite, on l’entendait dans les chambres d’internat des étudiants allemands.

Pendant un cours d’endoctrinement idéologique à Stralsund, au nord de la RDA. Tous les sujets étaient permis, mais c’était pour sonder les esprits. Je le savais, mais c’était plus fort que moi. Une mouche me piqua pour parler de la réunification inéluctable, comme au Vietnam et en Corée. Les idéologues ne voulaient rien en entendre, ils parlaient de l’opposition de l’eau et le feu.

Avais-je commis le sacrilège de parler de réunification, et du coup m’afficher en tant que tel en anti-communiste ?

La question ne se pose pas puisqu’une scène de projection des diapositives sur la Guinée a été programmée à Neubrandenbourg pour une tentative d’humiliation, mais la providence m’avait afflué pour répondre du tic au tac aux questions gênantes. Ils ont reçu mes réparties en plein dans leur mille, mais ce n’est pas l’objet ici.

Mon diplôme n’est jamais arrivé à Conakry, il aurait été mon plus beau palmarès. Les appréciations étaient de l’institut de formation et de sur-formation des ingénieurs pédagogues de Schwerin, qui m’avait désigné pour lire le discours de clôture de la session de formation 1982 devant des étudiants allemands et des « sous-développés », malgré ma réputation de trublion.

Les représailles viendront pendant les congés de Noël et de fin d’année 82/ On nous envoya de force en vacances dans le dernier village du nord de l’Allemagne, au bord de la mer Baltique. Les vagues étaient congelées, la neige était à un mètre d’épaisseur et semblait coloniser la mer. L’hôtel dans lequel on était en service minimum. Les dirigeants communistes avaient fait venir un ou deux couples pour nous donner l’impression d’une petite ambiance dans une station balnéaire en hiver rigoureux. Ça m’apprendra à être bavard… Je profitai de la semaine d’immobilisme total pour monter mon roman sur le réflexe humain conditionné…

Leur système politique leur paraissait solide et infaillible pour tenir droit dans ses bottes, ça n’était qu’un géant aux pieds d’argile. Le Mur tomba, plus vite que prévu. Erich Honecker assista au démantèlement de son mur 6 ans avant de casser la pipe. Quand la nouvelle fut annoncée, je crus que le ciel allait me tomber dessus. Des centaines milliers de cadres chargés du marxisme-léninisme furent mis sur la touche. Tous les jeunes de la RDA ne furent pas employés, après la réunification.

Le mur était fait pour tenir débout pour un siècle ou plus, il n’a tenu que moins de 3 décennies.

Le malaise est plus profond aujourd’hui avec le chômage, la montée de l’extrême-Droite et la xénophobie que le malaise de la séparation, beaucoup sont nostalgiques et regrettent la réunification, mais est-elle réversible ?

Avec la chute du Mur de Berlin, l’occident remportait sa revanche sur le communisme.

Toutes ces victoires et défaites idéologiques des impérialistes ont rimé à quoi ? Que reste-t-il du plus grand impérialisme du plus grand conquérant de l’histoire, Alexandre le Grand ? Cela a servi à quoi à la Macédoine, à la Bulgarie, en définitive ?

Dans cette guerre commerciale, qui prendra le dessus, est qu’est-ce qu’elle lui rapporter ?

Moïse Sidibé

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