Pleurs des enfants arrachés à leurs parents à la frontière américaine : cette horrible image que renvoie Trump

Depuis le mois d’avril, 2.000 enfants ont été arrachés à leurs parents alors qu’ils tentaient de franchir la frontière entre le Mexique et les États-Unis. Des enregistrements et des photos témoignent aujourd’hui de l’horreur et de la détresse vécues par ces enfants. Un spectacle aussi effroyable qu’inattendu dans une nation qui abrite le siège de l’ONU.

Ce vendredi 15 juin, l’administration américaine a révélé que sa nouvelle politique de « tolérance zéro » avait conduit près de 2.000 enfants à être séparés de leurs parents depuis mi-avril. Au mois de mai dernier, le ministre américain de la Justice, Jeff Sessions, avait prévenu que les migrants passant illégalement la frontière avec le Mexique seraient arrêtés par la police des frontières américaine, et ainsi séparés de leurs enfants, qui ne peuvent pas être envoyés en prison avec eux. Depuis, le rythme des séparations s’est furieusement accéléré.

Une fois arrachés à leurs parents, les enfants sont alors détenus dans des conditions déplorables. Des enregistrements audio de mineurs en pleurs ont été rendus publics par différents médias. Dans un extrait publié par la BBC News, on peut notamment entendre des enfants âgés de 4 à 10 ans réclamer leurs parents tandis qu’un garde leur lance en riant: « On a droit à un véritable orchestre ici ». Un autre enregistrement de plus de sept minutes témoigne également de la terreur vécue par ces jeunes migrants.

ICE has now released a flyer for parents separated from their children at the border.

A flyer.

And it's in English. pic.twitter.com/gsW3DmtmsQ

— Prerna Lal (@prernaplal) June 6, 2018

Les autorités frontalières mentiraient également aux parents, en prétendant ne vouloir poser que quelques questions à leurs enfants. Selon un avocat interrogé par le Boston Globe, certains d’entre eux auraient également été emmenés par « des agents de la police frontalière qui disaient qu’ils allaient leur donner un bain. Les heures passant, leurs mères ont fini par comprendre que leurs enfants ne reviendraient pas ».

Des enfants détenus dans des cages
Des images montrant des enfants détenus dans des cages ont également inondé les réseaux sociaux ces derniers jours. Les enfants sont ainsi envoyés dans des centres de fortune tandis que leurs parents sont incarcérés dans des prisons fédérales en attendant d’être jugés pour entrée illégale dans le pays.

« Dans un ancien entrepôt dans le sud du Texas, des centaines d’enfants attendent dans une série de cages formées par des clôtures en métal », a rapporté l’Associated Press. « Vingt enfants étaient détenus à l’intérieur de l’une d’entre elles. Des bouteilles d’eau, des paquets de chips et de grandes feuilles d’aluminium faisant office de couvertures étaient éparpillés par terre ».

Familles réunies?

À l’heure actuelle, on ignore si les parents parviennent à retrouver leurs enfants après leur jugement. Un prospectus rédigé en anglais a été publié sur le site du gouvernement américain afin d’aider les clandestins à localiser leurs enfants, mais bien souvent, ces derniers ne comprennent même pas la langue.

Tollé général
Ces révélations ont déclenché de vives réactions aux Etats-Unis et un peu partout dans le monde. L’ONU a appelé l’administration Trump à mettre un terme à ces séparations. « Penser qu’un Etat puisse chercher à dissuader des parents en infligeant de tels abus sur des enfants est inadmissible », a affirmé Zeid Ra’ad Al Hussein, en ouvrant une session du Conseil des droits de l’homme à Genève.

Melania Trump appelle à « gouverner avec coeur »
Dénoncée par l’opposition démocrate, cette politique provoque également le malaise dans les rangs républicains. Dans un communiqué, Melania Trump a ainsi fait savoir qu’elle « détestait voir des enfants séparés de leur famille » et qu’elle espérait que les deux partis trouveront rapidement un accord pour une nouvelle réforme de l’immigration. « Elle pense que le pays doit respecter la loi mais doit aussi être gouverné avec coeur », a ajouté la directrice de la communication de la Première dame.

Trump rejette la faute
Face à l’indignation générale, le président Donald Trump a pour sa part blâmé les démocrates en les accusant de freiner une vaste réforme sur l’immigration qui coince depuis des mois au Congrès. « Les démocrates peuvent apporter une solution à la séparation forcée des familles à la frontière en travaillant avec les républicains à une nouvelle loi, pour une fois », a-t-il tweeté, samedi.

The Democrats should get together with their Republican counterparts and work something out on Border Security & Safety. Don’t wait until after the election because you are going to lose!

— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) June 18, 2018

L’image qui a fait le tour du monde

En plus des enregistrements qui ont ouvert les yeux du public face à cette politique migratoire, une photo est devenue le symbole de la douleur de ces familles immigrées séparées à la frontière. Pris la semaine dernière dans la vallée du Rio Grande par John Moore, photographe correspondant de Getty Images, le cliché montre une fillette de deux ans en larmes observer sa mère en train d’être fouillée par un agent de la police américaine des frontières.

Sur FOTO, le site de Getty Images, le photographe a raconté qu’il avait pu échanger quelques mots avec la mère et sa fille. Venues du Honduras, elles voyagaient « depuis un mois entier, et étaient épuisées ». Le nombre de migrants honduriens est en hausse depuis plusieurs mois à cause de la violence des gangs et de l’instabilité politique du pays.

On ignore aujourd’hui ce qu’elles sont devenues. Elles ont toutes deux été emmenées à bord d’une camionnette remplies d’autres clandestins vers un centre de détention.

S’il exerce son métier depuis une dizaine d’années à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis, John Moore a confié que cette série de photos avait été particulièrement difficile à réaliser. « Nombre d’entre nous avions déjà appris que l’administration avait décidé de séparer les familles. Mais les principaux intéressés n’en savaient rien. Il était très difficile de les photographier en ayant bien conscience de ce qui allait suivre », a-t-il confié.