Et si les revendications syndicales visaient l’amélioration et la qualification de tout le système éducatif…? (Pr Koutoubou Sano)

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En ma qualité d’enseignant de formation et de profession, professeur agrégé et vice-recteur d’une université de renommée internationale en Malaisie durant plusieurs années, et vu l’impact néfaste, tant économique, social que politique de la crise qui secoue le système éducatif en général et le corps enseignant en particulier, et surtout, compte-tenu des conséquences douloureuses de ladite crise sur l’avenir de la nation, je me fais le devoir professionnel et patriotique de partager avec vous, chers compatriotes, des réflexions visant à qualifier notre système éducatif d’une part, et à mettre fin aux revendications récurrentes du corps enseignant d’autre part.

Les promoteurs chevronnés de la planification stratégique harmonieuse confirment que seul un système éducatif qualifié peut former des leaders d’opinion et des capitaines d’industries, des agents de changement et d’innovation, des intellectuels confirmés et enfin des individus productifs et imaginatifs.

Par conséquent, la qualification du système éducatif est un préalable à tout développement et à tout progrès. Et pour cause, les pays développés se distinguent, parmi les autres pays du monde, à travers des systèmes éducatifs qualifiés et performants, leur permettant ainsi de lutter pour un développement harmonieux, une prospérité partagée et une stabilité durable.

Quant aux pays considérés de nos jours comme émergents, la qualification de leur système éducatif a été le point de départ voire la boussole indispensable vers l’émergence et le développement.

À cet égard, aucune émergence ni aucun développement, ni même aucune stabilité durable ne serait, en réalité, possible en l’absence de la qualification du système éducatif.

S’il est vrai que le corps humain est constitué d’organes vitaux comme le cerveau, le foie, le cœur, les poumons et les reins, le système éducatif renferme, également, des composantes et des acteurs ayant la même importance et jouant le même rôle que ces appareils organiques. En effet, le système éducatif repose essentiellement sur le triptyque : corps enseignant, infrastructures et curricula.

Autant il est vrai que les organes précités sont indispensables à la vie humaine, autant il est vrai aussi que l’état de ce triptyque conditionne amplement la qualification de tout système éducatif qui se veut performant, cohérent, pertinent et efficace.

Ces composantes du système éducatif sont importantes, individuellement pris, mais en plus, elles sont interdépendantes. Ce qui implique qu’on les qualifie parallèlement, car la paralysie ou le dysfonctionnement d’une d’entre elles, est suffisante pour déclencher ce que les médecins appellent souvent « le pronostic vital est engagé’’. C’est-à-dire le risque devient vital et la situation pourrait évoluer défavorablement.

Nous empruntons cette expression au corps médical pour indiquer à quel point le risque de détérioration du système éducatif devient dangereux en cas de dysfonctionnement d’une de ses trois composantes du système éducatif.

Sur ces entrefaites, les efforts patriotiques visant à qualifier ou à améliorer le système éducatif devraient prendre en compte l’ensemble de ces composantes.

Autrement dit, les revendications ou les préoccupations des acteurs en vue de l’amélioration de notre système éducatif devraient couvrir toutes ses composantes à la fois, afin d’éviter des améliorations partielles voire éphémères.

Il est évident que la troisième République a mené et continue de mener des efforts conséquents pour qualifier notre système éducatif. Des milliers de salles de classe ont été construites partout dans le pays. Des augmentations salutaires de salaires de nos braves enseignants ont eu lieu à plusieurs reprises. Des revues partielles de contenus de curricula ont été organisées. A date, les états généraux de l’éducation et de l’université guinéenne sont une réalité.

En dépit de toutes ces réformes importantes et malgré toutes ces améliorations qualitatives, force est de reconnaitre, sans démagogie ou complaisance, que beaucoup reste à faire en vue de conjuguer et de coordonner les efforts, intellectuels, économiques, sociaux et politiques pour qualifier notre système éducatif.

Aujourd’hui, il est impératif de faire adopter, dans les meilleurs délais, un Plan Marshall pour l’éducation, visant à sauver le système éducatif à court terme, à l’améliorer à moyen terme et, enfin, à le qualifier à long terme.

Pour ce faire, il va falloir commencer par la mise en place d’une nouvelle stratégie urgente et compréhensive, afin d’adopter un plan d’action d’urgence, détaillé avec des indicateurs de performance et éclaté dans des délais d’exécution, assortis du coût estimé pour chaque action stratégique. Le temps presse, les attentes sont énormes et les préoccupations sont de taille.

Donc, il est fondamental de démarrer immédiatement les corrections nécessaires pour soigner les maux profonds et les tares chroniques qui gangrènent notre système éducatif. Ceci, afin de permettre à ses organes vitaux cités plus haut de recouvrer leur pleine santé après des décennies de maladie.

Un regard responsable et honnête sur l’état actuel des organes vitaux de notre système éducatif ne pourrait laisser un patriote indifférent ou insouciant.

Concernant le corps enseignant, il faut reconnaître que la qualité du traitement de cette importante composante du système éducatif sur les plans moral, social et économique, est très préoccupante.

Ce corps stratégique et indispensable ne bénéficie pas, à date, du traitement dû à sa contribution indéniable au développement socio-économique du pays. Ce corps, admettons-le, représente la couche la plus malheureuse et la plus pauvre parmi tous les commis de l’Etat. Il est aussi le moins respecté et le moins apprécié dans notre société devenue, par force des choses, très matérialiste. Il n’est pas besoin de souligner que de nos jours, la considération sociétale est en grande partie liée à la quantité de ce qu’on possède comme matériels au détriment de notre contribution pour le progrès et le développement de la nation.

Par ailleurs, le métier d’ »enseignant » vient comme le dernier choix des chercheurs d’emploi dans la République. Et la moitié de celles et de ceux qui sont recrutés à la fonction publique préfère travailler ailleurs, notamment dans les ministères et dans des structures confortables. Conséquence, nos districts et nos sous-préfectures ne disposent pas du nombre requis d’enseignants. Il est très courant de voir dans un district des enseignants qui dispensent toutes les matières à part leur spécialité, à cause de l’absence notoire et du refus inacceptable de celles et ceux qui sont recrutés, de se rendre dans ces zones rurales.

Je suis parmi ceux qui croient que cette situation n’a pas lieu d’être, et devrait donc disparaître dans un pays normal, et en particulier, dans un pays qui vise le statut d’émergent. Pour ce faire, il va falloir renverser la pyramide en accordant un nouveau statut particulier opérationnel et fonctionnel à l’enseignant. Autant dire que les enseignants doivent être les plus respectés, les plus considérés et les plus sollicités dans la société. Ils méritent d’être les mieux payés et les plus confortés dans l’exercice de leur métier. En conséquence, aucun commis de l’Etat ne devrait être mieux payé qu’un enseignant. Et pour cause, ce sont ces enseignants qui ont la lourde charge de former tous les autres commis de l’État, qu’ils soient médecins, hommes en robe, hommes en uniforme, politiciens, etc.

Ils méritent donc toute l’attention particulière due à la nature à la fois particulière et singulière du service qu’ils rendent à la nation du matin au soir. Le faire, c’est reconnaître le sacrifice énorme qu’ils font pour la nation, souvent au détriment de leur santé et de leur vie de famille.

C’est le lieu de dire que celles et ceux qui convoitent ce métier dans les pays développés et émergents, ce sont des personnes relevant de la crème de la société. Ils sont les mieux payés, les plus convoités, les plus respectés et les plus à l’aise dans l’exercice de leur noble fonction.

A part l’amélioration des conditions de vie de ce corps vital, il est temps de faire bénéficier ce corps de formations continues et consistantes en permettant aux enseignants d’améliorer leur niveau intellectuel et professionnel et d’avoir accès aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. Tous les enseignants de la République ont le droit légitime à une formation périodique de qualité, notamment celles et ceux qui sont dans le pays profond. La qualification de notre système éducatif passe par-là.

Le constat est largement partagé quant au déficit inexplicable du nombre requis d’enseignants à tous les niveaux. Et un pays normal, qui ambitionne de devenir émergent, devrait avoir au moins un enseignant pour cinquante (50) apprenants. C’est à dire de 150 mille à 200 mille enseignants au moins dans le cas spécifique de notre chère patrie avec ses 11 millions d’habitants.

Le manque d’enseignants qualifiés au niveau universitaire est alarmant, car le nombre de détenteurs de Masters dans toutes les disciplines confondues est insignifiant. Et plus grave, le nombre insuffisant de détenteurs de Doctorats (PhD) dans nos universités est scandaleux. Par conséquent, les recherches scientifiques et les publications académiques sont considérées comme des denrées rares. Alors que la crédibilité d’une institution d’enseignement supérieur est fonction de la qualité et du nombre d’enseignants détenteurs de masters et de doctorats.

Les recherches scientifiques qui permettent de promouvoir l’image des établissements scolaires et universitaires ne sont pas imaginables en l’absence d’un nombre confortable de détenteurs de PhD.

Donc, il est temps de former sur place et de prendre en charge à l’étranger les frais de formation, de centaines voire de milliers de nos jeunes cadres compétents et qualifiés, notamment celles et ceux qui enseignent dans nos écoles et nos universités, en vue de leur permettre d’obtenir des masters et des doctorats notamment dans des domaines où les besoins sont de taille.

Concernant la qualité et l’état actuel de nos infrastructures scolaires et universitaires, en particulier celles publiques, force est d’admettre qu’elles souffrent de la pléthore inacceptable d’apprenants et de l’abandon notoire de leurs installations.

Ne nous gênons pas de dire qu’elles ne répondent à aucune norme régionale ou internationale malgré tous les efforts salutaires entrepris par la troisième république. Les salles de classe sont généralement bourrées et dépassent d’ailleurs les limites acceptables. Et dans certains cas, des élèves et étudiants n’ont même pas de place pour suivre les cours, restant ainsi débout pour suivre les enseignements. Nos pauvres professeurs ne peuvent, en aucun cas, maîtriser parfaitement une salle de classe dont le nombre d’élèves et d’étudiants varie entre 100 et 200 apprenants.

Cette pléthore d’élèves et d’étudiants compromet non seulement la qualité de l’éducation, mais aussi elle met en danger la santé des professeurs qui doivent redoubler leurs efforts pour encadrer et former cette pléthore. C’est-à-dire, un seul enseignant fait le travail qui devrait être fait par trois (3) à quatre (4) enseignants.

Autant dire qu’il faille corriger cette situation alarmante par la construction des milliers de salles de classe, tout en interdisant qu’une salle de classe ne dépasse 50 élèves et étudiants.

Ainsi, un investissement sans égal doit avoir lieu, afin d’assurer et d’accorder une formation adéquate et digne de ce nom aux générations futures capables de créer de l’emploi et de résoudre les problèmes de développement et de progrès.

Au-delà du nombre pléthorique d’élèves et d’étudiants donc, les conditions sanitaires de nos infrastructures scolaires interpellent la conscience de chacun et de tous. Un manque cruel et pitoyable de latrines et d’hygiène se pose aujourd’hui dans nos établissements scolaires. Une insuffisance notoire de la qualité et du nombre d’équipements (tableaux, tables bancs, armoires etc..) se greffe le piteux état. Nos chers enfants, les filles et les garçons, passent des heures importantes dans cet environnement désagréable, alors que ces milieux scolaires devraient être, normalement, les endroits les plus confortables, les plus propres et les plus saints.

En conséquence, il va falloir mettre en place un plan d’action d’urgence, en vue d’améliorer ces conditions sanitaires inadmissibles, et permettre ainsi à nos enfants de vivre dans un environnement sain et propre. Toute chose qui contribuera à la qualification du système éducatif et à la formation des générations compétentes et efficaces.

Selon les principes du management de la qualité, la qualification d’un système éducatif passe, fondamentalement, par la qualification de ses curricula en les rendant pertinents. Il s’agit de faire en sorte que le contenu des curricula soit en harmonie continuelle et permanente avec les besoins de la société d’une part et les besoins du monde de l’emploi d’autre part. Etant donné que ces besoins changent de temps en temps en qualité et en quantité, le contenu des curricula doit pouvoir s’y adapter.

En d’autres termes, une évaluation périodique et continuelle des curricula est indispensable et sine-qua-non pour la qualification du système éducatif. Par ailleurs, l’absence de l’évaluation escomptée du contenu des curricula est considérée comme l’une des raisons fondamentales du chômage chronique des diplômés de nos universités. Pour cause, ces curricula non révisés et non adoptés aux besoins de la société et aux besoins du monde de l’emploi ne font que produire des diplômés pour des marchés qui sont pratiquement saturés et dans des domaines moins demandeurs pour le développement socio-économique de notre patrie.

Seule la révision périodique de ces curricula permettrait d’adapter et de répondre aux soucis et aux préoccupations de la société.

A part cette évaluation impérative, il va falloir passer à la vitesse supérieure, afin d’inclure l’éducation civique et de promouvoir les valeurs du civisme, de la citoyenneté, de la démocratie, de la justice, de l’honnêteté et de la morale.

Nul n’ignore le manque cruel de ces valeurs dans nos curricula. Et pour cause, la patrie est en train de payer,  tous les jours, très cher les conséquences de cette absence à travers la montée extrême de la délinquance, du vandalisme et de la violence de tout genre dans la République.

Résultat, ces délinquants mal encadrés et mal formés font la loi dans la rue à l’occasion de chaque manifestation ou revendication politique.

S’il est vrai qu’une maladie diagnostiquée et connue est à moitié soignée et guérie, j’ose croire qu’il va falloir se pencher à guérir les maux et les tares citées plus de façon fondamentale et intégrale. Ceci dit, que les traitements partiels ne pourront, en aucun cas, soignés ces maux. Pour cause, ces traitements sont considérés comme des calmants temporaires qui ne touchent pas les fonds de la maladie et, conséquemment, ils ne pourront pas empêcher l’agravement de la situation.

Dans l’espoir de trouver un traitement solide et durable, il va falloir entreprendre les actions concrètes et consistantes visant à qualifier notre système éducatif. Seule la qualification du système dans son ensemble pourrait mettre fin aux revendications de tout genre.

Pour ce faire, un investissement colossal, sans précédent et consistant devrait pouvoir dégager, afin de financer le Plan Marshall proposé à court, moyen et long termes et en vue de mettre fin toute fin aux revendications récurrentes de nos partenaires sociaux en particulier le mouvement syndicale.

Cette démarche patriotique devrait être aujourd’hui celle de toutes nos formations politiques et sociales, car les conséquences positives et négatives sont partagées. Cette démarche devrait être également le souci principal et le plus urgent de nos partenaires bilatéraux et multilatéraux en vue d’assurer la formation de générations compétentes et efficaces.

Je termine en exprimant mes souhaits les plus ardents et mes rêves les plus chers..

Je rêve ardemment de voir un jour, notre cher pays, rempli de smart school où nos enfants, notamment les plus petits pourront apprendre à utiliser les nouvelles technologies, de la maternelle à l’université. Et où le nombre d’élèves et d’étudiants par salle de classe varie entre 25 à 50.

De fond de mon cœur, je rêve de vivre le jour que tous nos enfants  pourront maîtriser parfaitement nombre des langues étrangères, en particulier le français, l’anglais, l’arabe ainsi que l’espagnol.

Je rêve légitimement de voir un jour nos universités citées parmi les universités de renommée régionale voire internationale en matière de la qualité de son corps enseignant, de ses programmes et de ses infrastructures.

Je rêve sérieusement de vivre le jour que nombreux de nos chercheurs et nos professeurs seront cités parmi les lauréats et les orateurs dans les grandes conférences et séminaires académiques mondiaux.

Finalement, je rêve et j’ai droit de rêver de vivre le jour que nos établissements scolaires et universitaires en particulier les publics seront sélectionnés parmi les plus équipés et les plus attractifs dans la sous-région et dans le monde.

Que ces rêves soient des réalités très prochainement. Amen.

May God bless you and bless notre patrie

Let us wish these dreams become realities.

Professeur Koutoubou Moustapha SANO (PhD in Laws)

Ministre Conseiller Diplomatique du Président de la République

 

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3 commentaires
  1. Fadiga Oussama Mansour dit

    Merci beaucoup Mr le ministre pour votre brillante exposition du male de notre système éducatif mais aussi de bonne projet pour pouvoir les surmonter..
    j’ose croire que c’est en apportant des idée comme celle-ci qui pourons nous aidé à nous débarrassé enfin de ce male qui as mis et notre croissance mais aussi notre clairevoyance de développer notre beau pays..
    May Allah bless Guinea..
    May Allah bless our people..

  2. CONDÉ ABOU dit

    Excellence Monsieur le Ministre Conseiller du Président de la République, bonsoir.
    J’ai lu votre analyse avec beaucoup d’intérêt pour la simple raison que vous aviez dégagé de bonnes pistes de réflexion pour comprendre les contraintes actuelles qui plombent le système éducatif Guinéen, et les approches de solutions envisageables. Merci pour la réflexion.

    L’adage Chinois dit que “copier, c’est apprendre”, et il devrait bien nous servir. Voici les observations que m’inspire votre analyse, Monsieur le Ministre Dr. Sano:

    (1)De mon point de vue, l’âme du système éducatif en Guinée est morte depuis très longtemps. C’est notre problème numéro 1. Comment ?

    Les rapports Maîtres et Apprenants dans nos écoles, fonctionnent au plus mal depuis des décennies, la méritocratie n’a plus aucune valeur dans le système éducatif, la domination incroyable et inutile des filières académiques créatrices de problèmes et non de solutions dont les Jeunes ont besoin (littérature, droit, philosophie, etc..), la mauvaise qualité des programmes nationaux par rapport aux meilleurs standards internationaux, etc…

    L’on pourrait raconter toutes sortes de reproches contre la première République, au niveau de l’enseignement de masse à l’interne et au niveau de l’introduction prématurée de l’enseignement des Langues nationales en 1968 en Guinée.

    Mais, ce que beaucoup oublient ou ignorent de bout en bout, c’est que parallèlement à cette réalité interne du système éducatif de l’époque, la première République avait envoyé dans les Universités étrangères, surtout dans les filières scientifiques et techniques, plus d’Étudiants et apprenants que tous les régimes politiques réunis et qui se sont succédé dans ce pays de 1984 à 2018.

    C’est pourquoi, le système académique Guinéen avait réussi à former dans beaucoup de pays de l’ancien bloc Soviétique (Russie et alliés du Pacte de Varsovie), en Chine, au Maghreb (Algérie et Maroc surtout), en Egypte, en Syrie, à Cuba, énormément de chercheurs, de scientifiques et de techniciens dans tous les domaines notamment en Maths-Physique, Médécine, Pharmacie, Biologie, Génie militaire, Génie civil, Génie mécanique, Électrotechnique, Génie Chimique, et dans les filières des services de l’intelligence, etc…

    Qui connait aujourd’hui le nombre exact de ces techniciens Guinéens de haute qualification qui sont partis en bonne partie soit dans les pays de l’Ouest, soit revenus en Guinée après leur formation durant la guerre froide ?

    Combien sont-ils aujourd’hui en Europe de l’Ouest, au Canada, aux Etats Unis, au Moyen Orient, au Maghreb ou un peu partout en Afrique, mais également en Israel avec l’afflux des couples (Israelo-Guinéens) vivant initialement en ex-URSS et qui ont émigré dans ce pays après la chute du communisme à la fin des années 1980 ?

    Pourquoi, la Guinée a-t-elle abandonné cette politique courageuse et audacieuse pour la formation de la matière grise nationale dans les filières scientifiques de très haut niveau académique, si le systeme ne fonctionne pas en interne ?

    Quels Étudiants Africains pouvaient affronter les Étudiants Guinéens sortis des UFR de Maths, Biologie Appliquée, Médécine, Pharmacie, Renseignements policiers et services de l’intelligence ou en expertise du génie militaire de l’époque ?

    Qui a formé une bonne partie des élites militaires de l’ANC dans la lutte anti-Apartheid, les personnels des États majors militaires et politiques du MPLA, du Frelimo, du PAIGC, de la Swapo, et autres ?

    Ce sont les Étudiants de la première République et qui étaient partis soit dans les académies militaires et les Écoles de guerre de l’ancien bloc Soviétique, soit en Chine, à Cuba, en Algérie ou en Egypte. Faites vérifiez toutes mes informations, et vous vous en rendrez compte.

    Quand bien même c’était les dures années de la guerre froide Est-Ouest, la Guinée, en avait énormément tiré profit, en termes de formation de techniciens de très haut niveau.
    Par ailleurs, quel Parti politique en Guinée, s’est doté d’une École Nationale des Cadres du Parti, en dehors du PDG, le parti au pouvoir sous la première République ?

    Et comment expliquer que ni les Partis politiques de la deuxième République, ni ceux de la 3ème République n’aient jamais eu l’inspiration de former les élites politiques du pays dans ce genre de cursus au moment de la construction democratique dans le pays ?

    (2)La Chine sera un pays développé dans quelques années. Comparaison n’est pas raison, certes. Mais sur quoi est fondée sa politique de l’éducation et ce, depuis plus de 4 décennies ?
    Le système éducatif Chinois, est fondé sur le respect absolu du système hiérarchique. Le Professeur ou le Maître doit être respecté par l’élève ou l’étudiant. Ils doivent écouter le Maître et ne pas remettre en cause son enseignement.

    La quête de l’Excellence en termes de respect des directives est primordiale, et doit débuter dès le plus jeune âge. Un élève considère qu’il est honoré de recevoir des leçons qu’il appliquera à la lettre, sans contester.

    Ensuite la méritocratie est une valeur sacrée, ancrée au cœur de la culture chinoise : “plus on se distingue des autres, mieux on se positionne pour entrer dans la Fonction Publique”.

    (3)La Chine continue d’envoyer des centaines de milliers de ses Bacheliers dans toutes les Universités occidentales, particulièrement aux USA, en Allemagne, au Canada, en France, en Angleterre, et même dans l’Océanie, en Australie et en Nouvelle Zélande.

    Pourtant tout le monde sait que les Communistes qui sont au pouvoir dans ce pays depuis 1949, ont toujours eu peur de la montée de la population intellectuelle et du danger qu’elle représente face à la pérennité du système politique en place.

    QUELS SONT LES PRINCIPAUX CHIFFRES PUBLIÉS PAR LE GOUVERNEMENT CHINOIS SUR CE CHAPITRE ?

    Selon les récents chiffres publiés par le Ministère de l’éducation, le Bureau d’Etat des Statistiques et le Ministère des Finances Chinois le 25 Octobre 2017, la Chine aurait dépensé 3.900 milliards de Yuan, soit environ 506 milliards d’Euros, seulement pour l’éducation en 2016.

    Cela représente une augmentation de presque 8% par rapport à l’année précédente et équivaut à 4,22% du PIB du pays. Que se cache derrière cette hausse continuelle du budget alloué à l’éducation chinoise ?

    En dépit d’une crainte du Parti Communiste Chinois par rapport aux populations intellectuelles, les Chinois ont une immense estime pour les lettrés, et les personnes détenant le savoir. Ce sont généralement, les mieux formés par le système qui sont placés en conséquence au cœur du pouvoir.

    C’est donc sans surprise que tout le monde entier constate que l’éducation en Chine est le premier pôle de dépenses des ménages, une inscription à l’Université représentant jusqu’à plusieurs années de revenus.

    Deux écoles se distinguent tout de même, celle des villes et celles des campagnes qui ne fonctionnent pas à la même vitesse. Des inégalités d’accès à l’enseignement sont clairement visibles entre le monde urbain et rural malgré une tentative d’élévation des subventions des populations rurales qui restent très en retrait, selon les analystes Maëlle Texier et Yuan Wang qui ont fait une longue enquête sur le sujet

    Ils confirment que le système éducatif Chinois, n’offrirait que de très petites voies pour les élèves qui voudraient se diriger vers des matières dites plus littéraires, comme l’histoire ou bien les sciences politiques.

    À vrai dire selon eux, l’on observe que très peu d’importance à l’apprentissage de l’esprit critique à l’école c’est à dire aux sciences littéraires et juridiques tandis que le Gouvernement Chinois et les investisseurs privés prônent la prééminence des carrières et des UFR scientifiques et technologiques dans les Lycées et les Universités.

    C’est tout le contraire en Afrique francophone et particulièrement en Guinée, où l’on continue inutilement de former trop de Diplômés de Philosophie, de Sociologique, de Littérature et de Droit.

    Les Chinois n’en veulent pas, pour la simple raison que former trop de littéraires et de Juristes, finit par mettre sur le marché du travail du pays, rien que beaucoup de grands débatteurs inusables et de contestataires politiques infatiguables dans les bagarres politiques.

    C’est l’une des raisons pour lesquelles, le système politique et éducatif Francophone ne fonctionnera jamais en Afrique, particulièrement en Afrique de l’Ouest, le berceau des Conférences Nationales des années 1990.

    (4)Ceci dit, quels sont les redoutables défis que le système éducatif Chinois devra affronter dans les prochaines décennies, suite à l’essor de la culture de la connaissance et de l’esprit d’innovation ?

    Rien qu’en vous lisant, Monsieur le Ministre Dr. Sano, l’on s’aperçoit que le terme patrie revient fréquemment dans votre analyse. C’est la preuve que votre cursus académique construit en Malaisie est largement inspiré du système éducatif Chinois, dont le fondement central est la philosophie de Confucius dans l’éducation. La Ville-État de Singapour, la Malaisie, Hong Kong, Macao, Taiwan et la Chine continentale ont quasiment le même système éducatif.

    Le Baccalauréat, a été établi en Chine, seulement en 1977 suite à la Révolution Culturelle (1966-1976), mais n’a rien changé au système éducatif fondé sur la vision de Confucius.

    Avec la politique de l’enfant-unique qui poussera les familles à vouloir que leur enfant devienne un génie, les écoles d’élites sont devenues très recherchées et à n’importe quel prix.
    À la fin des années 80, l’expression “enseignement qualifiant” positionnera les qualifications du système éducatif au cœur de la concurrence internationale. Elle repose sur l’auto-discipline et le dévouement à l’élévation du niveau de la nation, fondé sur les principes politiques du Parti Communiste.

    (5) COMMENT LA CHINE S’OUVRE-T-ELLE AU MONDE ENTIER ?

    La Chine est le premier exportateur mondial d’étudiants. Cela est significatif pour un pays comme la Guinée.

    En 2010 déjà, 1,27 millions d’étudiants Chinois étaient partis à l’étranger pour étudier, selon le Ministère Chinois de l’éducation. Ils étaient 29.000 en France seulement, soit dix fois plus qu’au début des années 2000.

    On présume que le Baccalauréat du Lycée et qui a été introduit seulement en 1977, en est l’origine : réputé très compliqué, il détermine l’Université dans laquelle un élève étudiera, et influera indirectement sur sa carrière professionnelle. Aussi, les familles des étudiants arrivent mieux à couvrir les frais de scolarité, car la majorité des étudiants chinois venus à l’étranger sont issus d’un milieu aisé, milieu qui prend de plus en plus d’ampleur en Chine ces dernières années.

    Aussi, la Chine forme-t-elle de plus en plus ses élèves au modèle occidental dans les écoles majoritairement privées.

    Des Enseignants venus des Etats-Unis voire d’Europe, enseignent de plus en plus, leurs disciplines à des élèves qui parleront très bien l’Anglais et seront en mesure de s’adapter à l’enseignement occidental lorsqu’ils intègreront une des grandes Universités de référence à l’étranger.

    Il est vrai que cette opportunité se paye, et la majorité des étudiants n’en ont pas les moyens, ce qui favorise grandement les étudiants issus de milieux aisés.
    À l’inverse, la part des étudiants du monde entier venant étudier en Chine explose également.

    Selon le Ministère de l’éducation en Chine, les étudiants étrangers venus en Chine étaient 400 mille en 2015 et leur nombre a grimpé à 443 mille en 2016. La Chine attire principalement ses voisins Asiatiques qui représentent environ 60% des étudiants expatriés en Chine en 2016.

    Ces chiffres s’expliquent en partie par la proximité culturelle et linguistique des pays. Plus loin derrière, on retrouve les continents Européen et Africain, qui sont de plus en plus tentés par l’aventure Chinoise.

    En 2017, 50.000 Étudiants Africains ont fait leur rentrée en Chine: ils sont vingt fois plus nombreux qu’il y a dix ans. À l’origine de cette ruée vers la Chine, la distribution généreuse de bourse grâce à l’alliance Sino-Africaine qui permet aux étudiants d’être logés gratuitement, de ne pas payer des frais de scolarité et de suivre un programme sur-mesure.

    Quelle est la part de la Guinée dans ces chiffres liés à la formation des étudiants Africains en Chine alors qu’il s’agit de bourses d’études financées entièrement sur les subventions du Gouvernement Chinois ?

    Comment peut-on expliquer le manque d’empressement des autorités Guinéennes à envoyer le maximum d’Étudiants Guinéens dans les Universités Chinoises, étant entendu que les dirigeants Chinois préfèrent privilégier dans leurs Universités non pas les filières de philosophie, de littérature ou de droit, mais les matières scientifiques et technologiques ?

    La stratégie de la Guinée et les politiques publiques de l’éducation me paraissent contre-productive et ruineuses pour les générations actuelles et futures. Elles devraient changer au plus vite.
    Les Étudiants Africains qui arrivent en Chine, se rendent compte des réels avantages à étudier en Chine, notamment en ce qui concerne l’intensité de travail, puisque les élèves apprennent à travailler dur et à être réguliers dans l’effort, tout comme les Jeunes chinois.

    La Chine prônant les relations humaines dans tous leurs programmes de coopération, selon les analystes, beaucoup de jeunes Africains qui y viennent, apprécieront le soutien de leurs camarades chinois durant leur séjour.

    (6)QUEL EST LE SECRET DE LA RÉUSSITE DU SYSTÈME ÉDUCATIF CHINOIS ET QUI DEVRAIT DANS UNE LARGE MESURE INSPIRER LA GUINÉE ?

    Dans la société Chinoise actuelle, le futur des jeunes dépend de leurs études et de leurs diplômes universitaires. Pour accéder à une université renommée, il faut avoir obtenu un bon résultat au Bac et pour ce faire, il faut étudier dans un bon lycée, un bon collège, une bonne école primaire, voire une bonne école maternelle. La compétition commence en quelque sorte dès la naissance.

    Du coup les emplois du temps équivalent à quasiment un temps plein. Les lycéens passent près de 80 heures par semaine à l’école, selon les Chercheurs.

    Le temps moyen des cours est de 36,75 heures par semaine. De plus, le temps moyen passé à faire ses devoirs à domicile et à faire des études personnelles est de 31,5 heures.

    Par rapport aux pays de l’OCDE, le temps moyen passé à faire ses devoirs à domicile est de 7,9 heures hebdomadaire.

    En dehors des fêtes légales, les lycéens n’ont quasiment pas de vie sociale. Les élèves sont exténués et certains vont même jusqu’à dormir en classe. Ce qui ne laisse que peu ou pas de temps pour le jeu, le plaisir, autrement dit les activités qui participent au développement personnel de l’étudiant. Le nombre d’élèves suivant des cours supplémentaires est maintenant phénoménal en Chine.

    Selon les mêmes Experts, le travail “dur” est devenu une motivation intrinsèque pour les jeunes Chinois. Les élèves apprennent avec acharnement, les parents les soutiennent difficilement, les enseignants leur enseignent péniblement. Et surtout pour les jeunes ruraux, le succès au Bac est le seul moyen de quitter le milieu rural.

    CONCLUSION

    Je crois que le système éducatif Guinéen doit montrer ses vrais repères basiques et changer de stratégie. C’est un système qui sera, ce que voudront les autorités politiques au plus haut niveau de la superstructure des décideurs en Guinée. Avouons cependant, que le temps travaille contre nous, et c’est très dommage.

    Merci Monsieur le Ministre Dr. Koutoubou Sanoh pour la pertinence de l’analyse. Je me permets de vous en féliciter très franchement.

    Dire que la Guinée n’a pas les ressources humaines pour faire progresser son système éducatif est aberrant et absurde, logiquement parlant.

    Notre tort se trouve dans la mauvaise organisation du système éducatif en place depuis des décennies, et dans le manque de pertinence dans les décisions indispensables à la rupture avec une certaine vision anachronique des politiques de l’éducation en Guinée. Bonne soirée.

    1. Sagno Moussa dit

      Merci et une fois merci Mr. Condé Abou pour votre apportation sur la brillante réfléxion de DR. Sanoh, une très bonne lecture de la situation éducative de notre pays. Cela prouve que jusqu’à présent nous avons des patriotes soucieux de l’avenir de nos enfants.

      Mais hélas tant qu’il y’a des affamés aux affaires rien ne changera.

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