Sierra Leone : l’ancien gouvernement accusé d’avoir détourné un milliard de dollars, soit près de 25% du PIB

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Un rapport d’audit accuse l’administration de l’ex-président Ernest Bai Koroma d’avoir détourné ou dilapidé cet argent public en trois ans dans ce pays très pauvre d’Afrique de l’Ouest. Le nouveau gouvernement essaye de tout récupérer.

« La corruption a sapé les structures de la Sierra Leone et annihilé les espoirs de la majorité des Sierra-Léonais, vulnérables, oubliés et malchanceux qui continuent à souffrir d’une pauvreté indigne », s’alarmait en février 2019 un éditorial du journal Concord Times. Un jugement qui pourrait s’appliquer aux révélations du rapport, dans un pays « où 20% des enfants meurent avant leur 5e anniversaire », rappelle le site The Sierra Leone Telegraph.

Le document « a mis au jour de graves violations dans l’attribution de marchés publics dans les secteurs de l’énergie, des routes (…) et des télécoms pour un montant de 1,036 milliard de dollars », a résumé le 1er avril 2019 le ministre des Finances, Jacob Jusu Saffa, lors d’une conférence de presse très suivie. « Une somme qui représente plus d’un quart de son PIB »de 3,7 milliards de dollars en 2017, comme le constate le site de l’agence Bloomberg.

Plus de 500 millions de dollars n’apparaissent pas dans la comptabilité de contrats attribués par l’administration des Routes, relève notamment l’étude. Celle-ci porte sur la période 2015-2018 et a été réalisée par 50 experts (ingénieurs, auditeurs,…) africains, grâce à un financement de l’agence de coopération britannique UK Aid. Plusieurs personnalités, citées dans le rapport et interrogées par l’AFP, ont nié toute malversation. Elles se sont refusées à tout commentaire.

« Corruption galopante »

Dans un résumé assorti de recommandations, les experts dressent un long catalogue de contrats surévalués, de prêts ou de dons non justifiés, d’absences de stratégie pour recouvrir les loyers ou les amendes, et de non-respect de la législation et des règles de comptabilité dans les administrations et sociétés publiques auditées.

« L’argent a été volé sur les comptes en banque du gouvernement. Nous récupérons toutes les sommes détournées afin de procurer des services de base à la population », a assuré le ministre des Finances du président Julius Maada Bio. Ce dernier a pris ses fonctions en avril 2018. Le ministre a donné jusqu’à « fin juin 2019 » aux contrevenants pour rembourser l’argent, sous peine de poursuites judiciaires. « Ces sommes représentent trois fois le budget des soins de santé et cinq fois celui de l’éducation », a relevé le responsable de l’ONG locale Budget Advocacy Network, Abubakar Kamara.

Plusieurs ex-responsables ont été arrêtés à la suite de la publication, le 4 juillet, d’un rapport accablant sur la « corruption galopante » sous l’administration Koroma. Parmi ces personnalités, on trouve l’ancien ministre de la Défense, Alfred Paolo Conteh. Celui-ci a fait quelques jours de détention provisoire fin décembre pour corruption présumée, dans une affaire d’achat de véhicules, d’uniformes militaires et de riz (pour un marché de près de 16 millions de dollars) avant d’être libéré sous caution. « La corruption se trouve à un niveau qui peut détruire la nation. Je considère que ce niveau est désormais un dossier de sécurité nationale », avait commenté le président Bio, cité par Reuters, en présentant le document. Avant le scrutin de 2018, l’actuel chef de l’Etat se trouvait dans l’opposition.

Même l’argent pour lutter contre Ebola…

Créée en octobre, une commission d’enquête a commencé en février ses auditions, une initiative dénoncée par l’ex-parti au pouvoir, l’APC, qui a évoqué « une chasse aux sorcières et une intimidation politique ». La commission doit tenter de récupérer des biens publics : bâtiments, terres et des centaines de véhicules gouvernementaux … Apparemment, détournements et corruption concernent de très nombreux domaines. Notamment celui de la santé : déjà début 2016, on constatait une disparition de quelque 14 millions de dollars de fonds versés pour combattre Ebola, selon The Sierra Leone Telegraph.

Un membre du personnel soignant prend la température d’une petite fille dans un local de la Croix-Rouge à Koidu (est de la Sierra Leone), le 19 décembre 2014. (BAZ RATNER / X02483)

Le nouveau président a décidé de revoir la politique de travaux publics de son prédécesseur. Comme le rappelait franceinfo Afrique en octobre, « la Sierra Leone a abandonné un projet d’aéroport international confié à un groupe chinois »« Raison invoquée par (…) Julius Maada Bio : son manque de rentabilité économique. La Chine devait aussi financer une autoroute à péage à 143 millions d’euros, mais le projet a (également) été annulé », poursuivait le site.

L’économie de cette ancienne colonie britannique a été dévastée par une guerre civile (1991-2002) qui a fait près 120 000 morts. Elle reste fragile après les chocs de l’épidémie d’Ebola en 2014-2016 et de la chute des cours mondiaux des matières premières. Le pays produit des diamants, de l’or, du fer…

Dans le même temps, la Sierra Leone est rongée par l’inflation (17,5%). « La croissance des prix ne devrait pas descendre sous les 10% avant 2022 », prédit le Fonds monétaire international (FMI) cité par Bloomberg. La croissance devrait légèrement s’améliorer pour atteindre 5,4% en 2019.

Source: francetvinfo

 

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