Lettre à la jeunesse guinéenne (Par Ibrahima Sanoh)

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Des jeunes dégourdis, réfléchis, ça existe. Des jeunes stipendiés et veules, ça existe aussi.  Jeunes comment pouvez-vous croire qu’ils vous faut flatter des gens vils, sans projets dignes , éprouvés par neuf ans de pouvoir et sans bilans sérieux , qui appellent à un rattrapage  auquel ils n’ont pas droit , qui veulent d’autres années de notre vie nationale et de notre vie à tous pour seulement manger , boire et à passer le clair de leur temps dans les lupanars  ?  Comment pouvez-vous désespérés de ce pays ?  Comment, peut-on, à l’âge des rêves, des ambitions, de la folie des grandeurs être avec une mauvaise estime de soi  au point de croire que le bonheur réside dans la renonciation  à  la liberté, à la responsabilité ?

Ô jeunesse, jeunesse !  Je t’en supplie, songe à la grande besogne qui t’attends : la réconciliation, le travail, la justice, la paix, l’espoir, la liberté, etc. Cette besogne est sans fin car ceux qui devaient l’entamée n’en ont pas eu le courage, l’intelligence : ils se sont laissé détourner par le mesquin, le trivial ; ils ont fait des dérobades ou cherché des compromis velléitaires, abscons et  mous en lieu et place des vrais.

Ô  jeunesse, tu as des problèmes à résoudre. Ta charge est si lourde  que je crains que tu puisses la coltiner. Ose-là ! A défaut, je t’en conjure, ne l’aggrave pas !

Ô jeunesse , je t’en supplie , reprends-toi et refuse de servir de cautions à ceux qui prennent d’autres jeunes pour des chaires à canon ,qui les massacrent et qui  te refusent l’emploi, ta chance de prouver à ton pays tes talents.

Ô Jeunesse, tu es l’ouvrière, mais on te refuse le travail. Celui qui t’a dédié ses mandats t’abuse.  Tu dois jeter les bases  de ce pays qui se fourvoie  mais  on te refuse la responsabilité et veut que tu te  tiennes auprès de ceux de la vieille baderne. Tu dois  être à la recherche du temps perdu par ce pays.

Jeunesse, jeunesse, ceux qui éperonnent l’aiguillon de la haine, qui appellent à leur donner une chance ne t’ont fait aucune chance, aucune faveur. Souviens-toi de la souffrance de tes aînés, de tes mères qui ont investi temps et argent à ce que tu pourvoies quand l’âge frappera à  leurs portes. Qu’y peux-tu ?

Souviens-toi que la liberté que tu veux renier,  aujourd’hui menacée et face à la disparition de laquelle tu te sens indifférente, est l’œuvre de tes aînés. Remercie-les  et sois reconnaissante pour leur sens de l’honneur  et leurs engagements. Tu n’es pas fière de leur héritage. Certes,  il est exigu, mais c’est ce dont ils t’ont départi. A défaut de laisser aux prochaines générations un héritage bien meilleur, ne  te rends pas coupable de la démolition de celui-là que tu as hérité.

Ô jeunesse, ne commets pas le crime d’acclamer les mensonges, de faire la campagne auprès des faussaires et des insatiables, des drogués du pouvoir. Ils conduiront ce pays à la désolation. Veux-tu associer ton nom à cela ?  Ta postérité  pourrait être dédaigneuse.

Jeunes, les aînés, anciens, alors qu’ils étaient jeunes, avaient nos âges quand ils ont conduit ce pays à l’indépendance.  Peut-être assez de nous disent : il nous faudra attendre et un jour, nous jouerons notre partition. Dans cet attentisme, l’irréparable pourrait survenir. D’autres, ont œuvré à la démocratie, ne l’ayant jamais conquise, nous avons reçu de  leurs pugilats des acquis, ils sont énormes et  doivent être entretenus à des fins de perfection. Tel est le credo des  générations ambitieuses : faire mieux que les aînés en améliorant ce qu’ils ont laissé et en créant ce que leurs esprits n’ont pas pu entrevoir  et dont les conditions de leurs temps n’ont pas permis l’éclosion !

Aujourd’hui, les  resquilleurs  menacent de mettre à l’eau l’œuvre des autres, n’ayant eux d’œuvre que la démolition. Ils menacent de nous  conduire à la nuit, aux ténèbres et à l’inconnu, à l’incertitude. Plus que jamais, à mesure de leur obstination, la certitude de cette incertitude est imposante.

Jeunes, les autres se sont assumés. Nous autres, devons-nous attendre que le ciel pourvoie, que la communauté internationale intervienne afin d’éviter que notre pays qui marche au bord d’une falaise escarpée n’aille dans la béance ?  Il ne doit pas y  tomber. Les dégâts seront  extrêmes et leur réparation coûteuse. Le sort de notre pays pourrait y  être scellé.

Nous autres, devons-nous fuir ce pays, l’abandonner dans les mains de ceux qui ne l’ont jamais respecté pour n’avoir jamais honoré le moindre serment ?  Devons-nous le fuir pour revenir quand il sera devenu beau, plus respectueux des droits de l’homme, quand il sera à même de garantir à ses citoyens le droit au travail, à l’eau potable et à l’électricité ? Peut-être, ce jour n’arrivera pas. Peut-être, aura tué en lui tout ce qui lui reste encore de bons, on l’aura vidé de tout et de son âme. Et, en ce moment, devrions-nous nous résoudre à vivre chez les autres, ailleurs ? Malheur est celui qui entrevoie son bonheur chez les autres !

Ô jeunesse, tu veux que ce contre quoi -l’absolutisme -, tes aînés ont payé de leur vie, revienne ?  Jeunesse, jeunesse ! Sois toujours avec la justice. Si l’idée de la justice s’abaisse en toi, tu iras à ta perte .

Jeunesse, qui se lèvera pour défendre la norme supérieure du pays et sa vertu  thérapeutique des crises et de stabilité politique, si n’es toi qui a besoin de tes rêves, de la vie, de l’espoir,  toi qui n’es comprise dans aucune affaire louche ? Qui peut, dans ce pays, parler haut, fort, en toute pureté, en toute  bonne foi, si ce n’es toi ?  Jeunesse, pourquoi, dois-tu renoncer à l’accomplissement de ta mission que nul n’assumera  si ce n’es toi ?

Jeunesse, tu te dis : que puis-je y faire ?  Vaine est cette inquiétude. As-tu  essayé quelque chose ?  Essaye, essaye et essaye. Tu verras que tu es la force et que tu pourras. Mobilise et mobilise. Tu n’as plus à t’indigner.

Si te ne fais rien, c’est que le pays ira en ruine car : en taillant la constitution à la mesure d’un seul citoyen, on aura instauré les institutions de violences et aura justifié d’autres violences dont celles de contestation et de répression. Voudrons-nous, jeunes, d’un cercle vicieux de la violence après celui de la pauvreté ? Notre pays est plus que jamais menacé de désintégration.  Vouloir de la paix, c’est s’opposer à l’institution de la violence première  qui consiste pour un seul homme  à imposer sa volonté tyrannique à un peuple et, illégalement.

Jeunesse, voilà à présent ta besogne, la nôtre : éviter que la Guinée  se défasse, trépasse.  Ne te soumets à personne et à aucun dieu. Ta responsabilité est pleine et entière. Revendique-la.  Quand tu comprendras que tu dois tout  ton bonheur à la résistance, tu comprendras qu’aucun dieu ne pourvoira.

Ibrahima SANOH,

Citoyen guinéen, Écrivain,

Président du mouvement Patriotes Pour l’Alternance et le Salut

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