Robert Mugabe, du héros au despote (Par Moise Sidibé)

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Comme tous les leaders africains qui ont lutté pour l’indépendance, il était difficile à Mugabe aussi de garder son image intacte, tous ont été poussés à devenir nationalistes et dictateurs, finalement. Cela s’explique :  A bien analyser le caractère de chacun d’eux, on les voit tous prédisposés à devenir ce qu’on a fini par décrier d’eux, sans éluder les circonstances qui les ont poussés à la faute.

Robert Mugabe fait partie des personnes à première orientation communistes, comme tous les indépendantistes africains des années 40-50, les cibles de choix des puissances colonisatrices et des anti-communistes occidentaux. Ceux qui se sont fait avoir, on n’en parle plus, mais ceux qui ont su résister, se sont cramponnés mordicus au pouvoir. Pour eux et pour ceux qui les soutenaient du bloc socialiste, jouer à l’alternance politique, c’est abandonner le pays aux mains des fantoches et des valets du colonialisme, qui le confisqueront par la suite. Le pouvoir en Afrique était donc guidé soit par les Occidentaux, soit par les gens du bloc socialiste. Aussi, de tradition, un chef n’abdique jamais. C’est ainsi que ceux qui sont aux commandes se sont transformés en dictateurs, despotes, tyrans. Plus un pays est riche, plus le dictateur est impitoyable.

On a parlé négativement de la théorie des complots, mais les complots ont existé partout, n’est-ce pas, Jacques Foccart ?

Robert Mugabe. Le héros de la lutte contre la domination blanche, chez lui et ailleurs, avait un seul leitmotiv : s’affranchir du colonialisme pour coloniser, à son tour. Cela a été sans équivoque. Dans la nationalisation des terres, tous les Zimbabwéens n’en avaient pas profité au même titre. Seuls ses partisans de la même ethnie s’étaient taillé la part du lion pour consolider son pouvoir illimité. La dissension avec Joshua Nkomo, qui était pourtant dans la lutte pour la même cause que lui, en dit long sur son totalitarisme. Le massacre à grande échelle, que certains ont qualifié d’ethnique, dans le Matabele land, en 1983, confirme la nature absolutiste et radicale de la gouvernance de Mugabe. Tous les pays auxquels Mugabe avait donné un coup de main quelconque, lui sont restés obligés et redevables rubis sur l’ongle, et il a plus ou moins mis cette redevance et cette obligeance en avant dans la moindre des circonstances. On se souvient que Mugabe, en plein sommet de l’UA, ou de la SADEC, avait forcé la route pour quitter l’Afrique du sud en catastrophe avec sa femme, qui avait eu des démêlés avec la police sud-africaine. Un scandale avait été étouffé en passe-droit et en toute violation de la loi.

Sans risque de se tromper, on peut dire que le héros n’a pas mis long à devenir un avatar en perdant les pédales sous l’influence d’une femme, pour laquelle il avait offert le Zimbabwe.

Grace Mugabe, la cause de la chute de Robert Mugabe, se rend-elle compte qu’elle a commis un sacrilège de vendre la peau de Cecil, le lion mythique vu comme l’âme du parc zoologique de Harare ? La peau de ce lion a porté malheur à celui qui l’a abattu, à un dentiste de New York, nous semble-t-il, malédiction ! En voulant être calife à la place du calife avant l’heure en passant par toutes sortes de combines douteuses pour avoir indument les diplômes à cet effet, elle a perdu Mugabe.

Maintenant que le conte de Mugabe est parti à la mer, on ne va pas tarder à voir et à entendre toutes les récriminations de toutes sortes. On a entendu parler d’un gros diamant, des terres et des concessions usurpées.

Des funérailles nationales seront organisées par ceux qui l’ont déposé et qui vont l’encenser comme héros national, unique moyen pour eux de perpétuer le pouvoir actuels, l’opposition zimbabwéenne n’étant toujours pas de taille à affronter la ZANU-PF sur l’échiquier zimbabwéen.

Robert Mugabe était entré dans l’Histoire par la grande porte, il en est ressorti par la plus petite. Vouloir le faire rentrer de nouveau après l’avoir humilié comme jamais est une falsification de l’Histoire.

Que diront ses milliers de victimes ?

Moise Sidibé

 

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