[Tribune] Intégration économique et monétaire en Afrique (Par Safayiou Diallo)

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Au lendemain des indépendances, devant l’impératif de développement combiné à leur fragilité financière, les pays africains ont vite compris que la solution à leurs problèmes devrait passer par leur regroupement c’est-à-dire une intégration de leurs économies.  C’est ainsi que les anciennes colonies de l’Afrique occidentale française (AOF) et de l’Afrique équatoriale française(AEF), décident de maintenir le franc CFA hérité de la colonisation.

Une telle union a  permis aux Etats membre de jouir d’une monnaie de change, gage d’une stabilité monétaire et facteur de sécurité pour les opérations économiques de placement d’investissement et de transferts internationaux. En effet, dans ces économies, le but était d’instaurer un climat économique et financier stable qui puisse attirer les capitaux étrangers dans une situation de faiblesse de l’épargne nationale et de favoriser les échanges transfrontaliers.

La volonté de se doter d’une monnaie africaine a été largement manifesté à partir de 1975 avec la création d’une chambre de compensation de l’Afrique de l’ouest (CCAO) qui, devenu plus tard l’AMAO à la suite de l’échec macabre de la CCAO compte tenu de son manque d’efficacité à faire face à la levée des restrictions en matière de change et des paiements imposés aux transactions intracommunautaires et/ou à l’extrême variabilité des modes de règlement.

Cette volonté a été réitérée lors du 6ème sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO tenu en mai 1983 à Conakry. Cette prise de conscience des dirigeants africains sur la nécessité absolue de l’intégration monétaire indispensable à la résolution des problèmes des africains est le résultat d’une mûre réflexion menée par les techniciens sur la question.

Par ailleurs le 10ème sommet des chefs d’Etat et de gouvernement tenu en juillet 1987 à Abuza a permis la mise place du programme de coopération Monétaire  de la CEDEAO (PCMC) dont le but était la création d’un système monétaire harmonisé et la mise en place d’Institutions de gestion communes en 2000.

Pour accélérer le programme d’intégration économique et monétaire, les chefs d’Etat et gouvernement de la Guinée, la Gambie, du Ghana, du Libéria et de la Sierra Léone ont signé le 20 avril 2000 à Accra une déclaration, en vue de la création d’une seconde zone monétaire à l’intérieur la CEDEAO. A la suite de la tenue d’un mini-sommet en décembre 2001 à Bamako, cette seconde zone monétaire sur laquelle se penchaient les pays nommément cités ci-dessus, a été baptisée la ZMAO. L’Institut monétaire de l’Afrique de l’Ouest a été mis en place pour la circonstance avec pour mandat de mener les études nécessaires à la mise en place de la Banque Centrale de l’Afrique de l’Ouest qui sera suivi sans doute de l’introduction de la monnaie commune.

Par ailleurs, la date initiale de lancement de la monnaie unique était prévue en janvier 2003 mais cette date a reportée au 1er juillet 2005 puis décembre 2009. Cette situation s’explique par l’indisponibilité des Etats membres à remplir, simultanément et de manière durable tous les quatre (4) critères de premier rang. La nouvelle date de lancement a été ramené avant au 1er janvier 2015 mais jusque-là rien de ce genre n’a pu voir le jour.

Dorénavant, les chefs d’Etat et gouvernement de l’union africaine (UA) ont décidé de l’implantation de la Banque Centrale Africaine à l’horizon 2020 et à la réunification de toutes les zones économiques et monétaires existantes que sont l’UEMOA, la CEMAC, la SADC et la ZMAO…

Par ailleurs, il est important que la Guinée, à travers la BCRG, arrive à respecter les engagements pris au niveau de la sous-région ouest africaine. Toutefois, comme l’universitaire est neutre, cela ne signifie en aucun cas une prise de position défensive de ma personne à l’égard du projet de la ZMAO, car, à mon humble avis il doit être publiquement discuté en vue d’une identification sérieuse des coûts d’opportunité futurs pour la Guinée sans pour autant commettre la même erreur que nos confrères de l’UEMOA et de la CEMAC car, on a quitté le franc français pour l’Euro sans qu’aucun Etat, aucun parlement ne soit prévenu alors qu’en France cela a fait l’objet d’un grand débat. En s’engageant dans un tel projet, les autorités monétaires renoncent à l’utilisation souveraine de la politique monétaire et de change dans la lutte contre les chocs exogènes.

Safayiou Diallo

Analyste Economique

Enseignant-Chercheur

 

 

 

 

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