Une domestique sénégalaise évoque « l’enfer de l’Arabie saoudite » (lettre à HSF)
Dans une lettre adressée à Boubacar Sèye de Horizon sans frontières, une domestique sénégalaise qui a requis l’anonymat raconte la maltraitance scandaleuse et inhumaine en Arabie Saoudite. Emouvant témoignage…
Bonjour,
Je suis en Arabie-Saoudite et je parle au nom de toutes les Sénégalaises qui sont ici en situation précaire. Nous sommes très fatiguées ici, on ne nous considère comme des êtres humains.
Nous travaillons des conditions inhumaines, un travail très dur, la nourriture très pauvre, nos dortoirs dérisoires, en plus on ne nous paie pas normalement nos salaires.
Si désespérée tu veux rentrer on te réclame les frais investis pour te faire venir. Car selon leur calcul, l’employeur arabe qui t’a fait venir a payé 3 millions FCA à une agence et tu dois aussi payer 400 000 francs FCFA pour recouvré ta liberté.
Si tu te radicalises en refusant de travailler croyant qu’ils vont te chasser, ils n’hésiteront à te revendre à un autre employeur, (comme du temps de l’esclavage NDLR), pour récupérer leur argent.
L’autre difficulté qui nous pousse à tempérer, c’est quand on songe à ce qu’on a laissé derrière soi
Quand tu saisis l’ambassade sénégalaise en Arabie-saoudite pour ton problème, ses employés augmentent ce problème en saisissant l’Agence, alors que depuis ton arrivée tu n’as vu plus l’ombre de ton passeport. C’est pourquoi beaucoup d’entre bous abandonnent passeport et bagages quand elles trouvent une issue pour fuir.
Et ce qu’ils (employeurs ou esclavagistes, c’est selon) détestent le plus c’est le téléphone.
C’est pourquoi, si avec l’alerte lancée sur le cas Mbayang Diop, si rien n’est fait, d’autres cas suivront car comme dit le Wolof
« Le cœur meurtri n’est pas comme un genou qu’on peut masser. Nous avons peur, nous sommes fatiguées, on ne mange plus, on ne boit plus… »
*La copie de la lettre a été envoyée à Mediaguinee par le responsable de HSF depuis le 25 juillet 2016