Pour vivre plus longtemps, mieux vaut manger à l’heure

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L’assiette parfaite pour rester en bonne santé et vivre plus longtemps n’est pas qu’une question de calories, de gras ou de sucres : il faut aussi prendre en compte la dimension temporelle de l’alimentation. Horaires des repas et périodes de jeûne font l’objet d’un nombre croissant d’études

« Que ta nourriture soit ton seul remède.» La phrase, souvent attribuée – à tort – à Hippocrate, sous-entend un lien direct entre alimentation et santé. Que le célèbre médecin grec l’ait écrite ou non, elle laisse bien des questions en suspens. Bien manger d’accord, mais quoi ? Et surtout, quand ? A midi douze, comme Obélix ?

S’il ne fait aucun doute que la quantité et la qualité de la nourriture peuvent avoir un impact sur la santé, la dimension temporelle de l’alimentation est souvent négligée. Un nombre croissant de recherches faisant l’objet d’un article de revue dans la revue Science du 16 novembre montrent pourtant que des facteurs temporels tels que la fréquence ou l’horaire des repas constituent d’importants leviers pour retarder le vieillissement cellulaire et l’arrivée de maladies, tandis que des périodes de jeûne peuvent s’accompagner de bénéfices pour la santé.

Lorsqu’il est question de bonnes habitudes alimentaires, le « quand » s’efface devant le « combien » et le « quoi ». Les raisons sont avant tout historiques : les premières recherches menées dès le début du XXe siècle établirent des liens entre santé et quantité de nourriture ingurgitée. En 1935, une équipe remarqua ainsi que des rats mis au régime vivaient plus longtemps que les autres, marquant le début des travaux sur la restriction calorique. Des observations intrigantes, confirmées par la suite chez de nombreux organismes dont les primates en 2018.

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Les scientifiques ne savent toujours pas avec exactitude en quoi un régime de restriction calorique, où l’apport énergétique est réduit de 15 à 40%, permet de vivre plus longtemps. Pas plus qu’ils ne savent si cela est réellement transposable chez l’être humain. Une étude menée dans l’archipel Okinawa au Japon, où vivent des centenaires en proportion plus importante qu’ailleurs, a cependant établi que ces derniers avaient été exposés à un régime de restriction calorique tout au long de leur vie. «Ces études suggèrent que sur le long terme, un régime de restriction calorique améliore plusieurs marqueurs de santé, réduit le poids corporel, les dégâts oxydatifs et l’incidence de maladies cardiovasculaires et de cancers», écrit dans Science Rafael de Cabo, de l’Institut national américain du vieillissement à Baltimore.

Repas à heures fixes

Des travaux plus récents indiquent toutefois qu’une certaine sobriété alimentaire n’explique pas à elle seule un tel accroissement de la longévité. Les scientifiques soupçonnent aussi une influence temporelle : heure et fréquence des repas pourraient avoir un rôle eux aussi, un concept qu’ils nomment le «time-restricted feeding» ou TRF et qui consiste à organiser temporellement son alimentation, par exemple en prenant ses repas uniquement dans des créneaux horaires donnés.

Les effets sur la longévité de ce concept n’ont pas été démontrés, les travaux étant toujours en cours. Mais «les mécanismes moléculaires responsables seraient liés au moins en partie à la synchronisation entre les périodes d’alimentation/jeûne et le rythme circadien», autrement dit l’horloge biologique, précise Rafael de Cabo dans son article.

Plusieurs études mentionnées par le scientifique pointent des bénéfices au niveau de certains marqueurs biologiques. L’une d’entre elles, réalisée chez des patients diabétiques de type 2 en restriction calorique, a par exemple montré que ceux qui se nourrissaient en début de journée (petit-déjeuner, déjeuner) obtenaient de meilleurs marqueurs biologiques (poids corporel réduit, meilleur métabolisme des glucides, etc.) que ceux qui étalaient leurs repas tout au long de la journée.

A l’inverse, d’autres travaux suggèrent que se nourrir préférentiellement en soirée ne donne aucun résultat, voire aggrave l’état d’autres marqueurs tels que la glycémie, la pression artérielle ou le taux de cholestérol. «Il reste encore beaucoup à étudier, relève l’auteur, mais ces études indiquent que l’heure et le temps passé à manger revêtent une importance critique quant aux effets de l’alimentation sur la longévité.»

Petits jeûnes

De plus en plus populaire, une troisième stratégie vient compléter la restriction calorique et le TRF. Elle y est intrinsèquement liée: c’est le jeûne par intermittence, une routine alimentaire qui alterne des périodes de disette (d’une douzaine d’heures à plusieurs jours) avec des périodes «normales». Chez un grand nombre d’organismes animaux, de la levure aux mammifères, coupler «ce type de jeûne avec une restriction calorique entraîne une meilleure résistance au stress cellulaire, possiblement parce qu’une partie de l’énergie dédiée à la croissance et à la reproduction se voit allouée à d’autres fonctions de maintenance, de recyclage et de réparation», écrit Rafael de Cabo.

D’un point de vue évolutif, le jeûne par intermittence fait sens: les animaux ont toujours alterné ventre plein et ventre vide, lorsqu’il leur faut chercher pitance des jours durant. Fabienne Aujard, directrice de recherche spécialisée dans le vieillissement au Muséum national d’histoire naturelle à Paris, avance que «les effets de transition bruts entre l’état nourri et à jeun génèrent un faible stress suffisant pour empêcher les phénomènes d’habituation de l’organisme, ce qui pourrait en retour contribuer à la mise en place de mécanismes de protection cellulaire». Comme si un stress contrait un autre stress.

Malgré l’engouement pour ce genre de diète dans les salles de fitness et sur les sites minceur, aucune donnée scientifique crédible ne garantit des résultats chez l’homme. Il faudra tester d’autres modèles au-delà des souris et mener des expériences permettant de démêler les innombrables facteurs pouvant influencer l’état de santé et la longévité. «C’est compliqué chez l’homme: contrairement aux souris de laboratoire, nous ne vivons pas dans des cages parfaitement contrôlées, dit Fabienne Aujard. Mais dans le futur, on pourra sans doute combiner restriction calorique, TRF et jeûne par intermittence pour élaborer le régime alimentaire idéal.» On ne sait pas si Hippocrate l’a dit, mais il l’aurait sans doute approuvé.

Source : Le Temps

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