A Paris, le président Kaboré rappelle ceci aux Français: "Il est important (…) d'être suffisamment précis pour ne pas écorcher les nationalismes"

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Le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré a jugé jeudi cruciale la coopération régionale et internationale pour « lutter efficacement contre le terrorisme », qui a frappé plusieurs pays d’Afrique de l’ouest ces derniers mois, dans un entretien à l’AFP.
De passage à Paris où il a rencontré mardi le président François Hollande, M. Kaboré a salué l’aide apportée par la France pour former et équiper les forces de sécurité du Burkina mais regretté « la manière cavalière » avec laquelle l’ex-puissance coloniale avait annoncé l’envoi de forces spéciales de la gendarmerie (GIGN) à Ouagadougou.
« Il est important (…) d’être suffisamment précis pour ne pas écorcher les nationalismes », a relevé le président Kaboré, non consulté au préalable sur cette initiative annoncée mi-mars, qui devrait au final se limiter à l’envoi de deux membres du GIGN.
Le Burkina Faso appartient au groupe dit du « G5 Sahel » qui comprend également le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad, pays dans lesquels sévissent plusieurs groupes jihadistes, notamment Al-Qaïda au Magrheb islamique (Aqmi), contre lesquels l’armée française mène l’opération antiterroriste Barkhane.
Dans ce cadre, il accueille déjà à Ouagadougou des forces spéciales françaises, une présence critiquée par certains Burkinabè pour lesquels elle fait courir un risque supplémentaire au pays.
« C’est une convention que nous aurons à rediscuter » à son échéance, a estimé le président Kaboré, élu en novembre 2015.
« Nos forces de sécurité en Afrique de l’ouest ont besoin d’être accompagnées en termes de formation, d’équipement » et « il est important que des pays alliés comme la France, les Etats-Unis, d’autres pays puissent nous aider », a-t-il souligné. Mais « nous souhaitons que nos forces spéciales soient à même d’assurer cette sécurité toutes seules, sans avoir besoin que la France le fasse à notre place ».
Le 24 mars, peu après l’attaque jihadiste contre la plage de Grand-Bassam, en Côte d’Ivoire, les ministres sécuritaires ivoiriens, maliens, sénégalais et burkinabè ont décidé de renforcer leur coopération lors d’une rencontre à Abidjan.
Hormis le Sénégal, ces pays ont tous été visés par des attaques: Côte d’Ivoire (13 mars, 19 morts), Burkina Faso (15 janvier, 30 morts) et Mali (20 novembre 2015, 20 morts).
« Cette première réunion a créé les bases d’une coopération beaucoup plus soutenue entre nos services de sécurité et nos services de renseignement. C’est une étape importante », a relevé M. Kaboré.
« Nous avons six frontières avec les pays voisins, d’environ 3.000 km. Il est évident que ce sont des frontières poreuses ».
« C’est pourquoi nous devons nous organiser au plan sous-régional et international à travers la mutualisation du renseignement pour pouvoir lutter efficacement contre le terrorisme ».
– « Excellentes » relations avec Abidjan –
Les relations avec la Côte d’Ivoire voisine, compliquées par l’accueil dans ce pays de l’ancien homme fort du Burkina Blaise Compaoré et une possible implication du président de l’Assemblée nationale ivoirienne Guillaume Soro dans le coup d’Etat avorté de septembre 2015, « sont excellentes », a assuré M. Kaboré.
« Nous avons transcendé l’ensemble de ces questions parce que ce qui nous lie, depuis l’histoire et la géographie » et « en termes de présence de Burkinabè en Côte d’Ivoire, est plus fort que les questions liées à des questions de justice, qui tôt ou tard vont trouver leur solution », a-t-il dit, tout en s’engageant à ne pas interférer dans les dossiers en cours.
« La justice est indépendante, sa mission est de mettre en évidence la vérité », a-t-il observé.
La justice pourrait aussi enquêter sur l’ancien Premier ministre du gouvernement de transition, Isaac Zida, soupçonné de malversations financières.
Le président burkinabè a annulé mi-mars la nomination du général Zida comme ambassadeur à Washington, annoncée sans son aval au journal officiel. « Il était tout à fait normal que nous procédions à l’annulation de cette action que nous considérons comme un acte frauduleux », a commenté M. Kaboré.
Isaac Zida a quitté le Burkina depuis plusieurs semaines pour rejoindre sa famille au Canada. « Il m’a demandé une permission », a déclaré le président Kaboré. « J’avais dit que sa permission expirait le 19 mars. Jusqu’à présent je ne l’ai pas encore vu au Burkina Faso mais j’ai bon espoir qu’il rentre ».
AFP

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