A la rencontre du propriétaire du SOAR Académie- Almamy Saïdou Sylla : « je veux être à la Féguifoot… »

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🛑INTERVIEW – Présent dans l’élite du football en Guinée, il est dirigeant de club depuis plus d’une décennie. A 38 ans, Almamy Saïdou SYLLA est aujourd’hui à la tête de SOAR Académie, un club construit de toutes pièces à l’image de sa vision du football. Pur produit de l’université américaine, il choisit de rentrer au pays pour épauler son père devenu un géant de l’hôtellerie à la tête des Hôtels Mariador. Avec une stratégie audacieuse, il a fait du club de Ratoma, une marque reconnue du championnat de ligue 1 en terminant vice-champion à l’issue de la saison 2022. Qualifié pour la Ligue des champions, le jeune président veut activement contribuer à l’augmentation de l’indice CAF de son pays à l’issue de la prochaine campagne. Aujourd’hui, il se lance un autre défi, à savoir la conquête du poste de vice-président de la FEGUIFOOT lors des prochaines élections du bureau exécutif. Exclusif !

« Le football, c’est dans mon sang »

Mediaguinée : Monsieur le Président, bonjour ! D’entrée, que peut-ton brièvement retenir de votre parcours ?

Almamy Sylla : Bonjour Monsieur ! Je suis Almamy Saïdou Sylla, né le 21 octobre 1983 à Conakry. J’ai fait mes études au lycée français de Conakry (Albert Camus) jusqu’en classe de 3ème avant de m’envoler pour Seattle aux Etats-Unis où j’ai fait tout mon cycle du lycée pour finir en 2000. C’est après que j’ai intégré le Seattle Central Community College, puis l’université de Washington (Washington State University) pour l’obtention de mes diplômes en sciences sociales, en gestion informatique, en psychologie sportive, en Maths et en Histoire. J’ai ensuite entamé des études pour la maîtrise en MBA (Master en Business d’Administration), mais des obligations familiales m’ont poussé à regagner le pays pour apprendre auprès de mon père et préparer la relève dans la gestion de l’entreprise. Ce retour au pays ne m’a pas empêché de poursuivre mes cours à distance, bien au contraire. Car des années après, j’ai pu décrocher le diplôme de maîtrise en MBA à la suite des cours à distance que je suivais à partir de la Guinée.
Aux côtés de mon père, Feu Elhadj Mohamed Lamine Sylla, j’ai commencé en qualité de DGA des hôtels Mariador, puis Directeur d’exploitation et maintenant Directeur Général. Je précise qu’avant mon retour définitif au pays, j’assurais déjà des fonctions diverses à l’hôtel lors de mes vacances à Conakry. Des chambres, à la réception, en passant par le service, jusqu’à la cuisine, je suis passé par tous ces départements de l’hôtellerie pour me permettre de mieux gérer. Depuis son décès, j’occupe toujours la fonction de Directeur Général de l’hôtel, cumulativement au titre de propriétaire. Et c’est grâce à lui que je suis ce que je vaux aujourd’hui dans mon milieu professionnel. Le football, c’est dans mon sang puisque mon père fut aussi secrétaire général de la fédération Guinéenne de football et du club Hafia pendant toutes les années de gloire, notamment la période du triplé en coupe des clubs champions d’Afrique. Pour avoir gardé de mauvais souvenirs du traitement réservé au Hafia après le passage du premier régime, il voulait que je fasse autre chose dans ma vie. Mais connaissant ma passion pour le football, il savait que je voulais jouer au football. Avec le temps, le soutien de ma mère qui a toujours été à mes côtés avec mes différentes responsabilités dans le milieu du foot (membre-fondateur, puis vice-président de la ligue de football professionnelle), il a fini par comprendre et m’a apporté son soutien total et inconditionnel. Mais au-delà, ses bénédictions, son assistance et son carnet m’apportent une énorme bouffée d’oxygène dans ma carrière de dirigeant. Je me dois d’aller au bout de mon objectif, c’est un challenge.

Comment vous est venu cet amour pour le football ?

Je dirai que j’ai toujours rêvé de jouer au football. Malheureusement, les parents avaient une mauvaise appréhension du football ici. Mon père tenait à ce que je me concentre uniquement sur mes études. Malgré tout, cela n’a pas ébranlé ma passion pour le football, car à défaut de jouer au foot, je me suis lancé dans la formation des gosses au quartier. A chaque fois que je venais passer mes vacances à Conakry, je m’occupais de certains jeunes. Et mon retour définitif au pays m’a permis de créer une académie dans le but de canaliser leur évolution sans pour autant affecter leur progression scolaire. A titre d’exemple, je peux citer entre autres, le défunt Oumar Tourade Bangoura, Aboubacar Mouctar Sylla, Karamokoba Keita, etc. D’autres qui n’ont pas avancé dans le football professionnel, gagnent aujourd’hui dignement leur vie dans d’autres secteurs d’activités professionnelles. Donc, je dirai que c’était bien l’objectif recherché par les Supers Olympiens d’une Afrique Renaissante (SOAR), à savoir la réussite professionnelle.

« Je veux former les hommes de demain, pas que les footballeurs »

Qu’est-ce qui a conduit à l’achat du club olympique de Coyah, dont vous êtes désormais propriétaire ?

Il faut dire que c’est à la suite de l’épopée avec le Satellite FC, je me suis mis à la recherche d’une structure pour caser mes jeunes footballeurs. Compte tenu de mes origines avec la ville de Kindia, j’ai entrepris des contacts et échanges avec les dirigeants du Gangan FC auxquels j’ai proposé le prêt de certains joueurs de l’académie. L’idée était de permettre aux jeunes de compétir au cours de la saison, car ils étaient déjà salariés avec le SOAR. Les dirigeants du Gangan FC n’avaient qu’à assurer les primes de matchs. Au bout d’une année de collaboration, j’avais envie de gérer les choses à ma manière. C’est de là que je me suis intéressé au club Olympique de Coyah, qui était en vente. Dans la foulée, j’ai rencontré son Président, Monsieur Cissé qui est un homme formidable dans la collaboration. Mais le prix d’achat du club étant élevé au vu du contexte d’alors, il m’a facilité le paiement à travers un échelonnement de versements. Et jusqu’à ce jour, nous lui restons redevables du reste du montant. Mais j’avoue que tout se passe dans un climat de confiance et surtout de compréhension avec ce Monsieur qui nous a cédé toute la documentation de cession du club.

Que dire de vos débuts à la tête du club ?

Lorsque je reprenais ce club, il était classé huitième de ligue 2 et cinq joueurs de l’académie avaient intégré l’effectif pour une deuxième place sur le podium au bout de la même saison, ce qui était synonyme de montée en ligue 1. De retour dans l’élite, nous avons fini quatrième pour la première saison en 2019 et l’année suivante n’était pas facile avec l’apparition du Covid qui avait tout chamboulé à l’époque. Heureusement, il n’y a eu aucune relégation cette année pour cause d’arrêt du championnat face à la menace du virus. En 2021, nous sommes revenus avec un effectif quasiment composé de jeunes académiciens de 17 ans pour la plupart qui ont longtemps occupés la deuxième place du classement, avant de la perdre à cinq journées de la fin du championnat pour une honorable cinquième place. Vu l’âge des joueurs, ce n’était pas évident en ce moment de gérer la fatigue du corps. Et pour la saison 2022 qui vient de s’achever, Abédi qui était directeur sportif a occupé le poste d’entraineur. Cette fois, nous avons pris le soin de ramener certains joueurs qui étaient en prêt dans des clubs. Ils ont étoffé l’effectif qui est devenu plus solide. Le résultat, vous l’avez donc vu, puisqu’on est vice-champion de Guinée.

« Mettre en place une équipe qui produit du beau jeu et qui est capable de fournir des joueurs à toutes les catégories de notre sélection nationale »

Quelle est la vision qui accompagne votre projet à la tête du SOAR ?

Je pense que nom SOAR (Super Olympiens d’une Afrique Renaissante) en dit long déjà. L’Afrique étant le berceau de l’humanité, tout vient de l’Afrique. Mais avec le retard accusé, les autres ont pris le devant pour nous distancer dans le développement. Mon souhait est que l’Afrique retrouve cette place d’avant d’où le nom d’une Afrique renaissante. Pour moi, je veux former les hommes de demain, pas que les footballeurs. Je veux former des hommes en mesure de diriger les structures du football en Guinée, en Afrique et pourquoi pas dans d’autres secteurs ? Je veux créer des hommes de demain. Aussi, l’objectif est de mettre en place une équipe qui produit du beau jeu et qui est capable de fournir des joueurs à toutes les catégories de notre sélection nationale. Surtout, nous ambitionnons de valablement représenter la Guinée au plan continental en confortant bien évidemment l’indice CAF obtenu grâce aux succès du Horoya en compétitions des clubs. Nous voulons appuyer cet effort en jouant les phases de poules de la ligue des champions. Mais tout dépendra du tirage dont on héritera, car avec l’effectif dont dispose le club en plus de certains joueurs qui arriveront pour combler certains aspects, je sais qu’on peut faire de bonnes choses en campagne africaine. C’est un défi qu’il faut révéler pour maintenir l’indice CAF de la Guinée. Et à long terme, il s’agira de bâtir une équipe qui forme des joueurs, qui ravitaille le Syli National, qui contribue fortement à l’augmentation de l’indice de la Guinée et surtout qui forme des hommes de demain avec des valeurs.

Quelle sera votre politique de recrutement sur le continent pour élever le niveau de l’équipe qui jouera la ligue des champions la saison à venir ?

Il est évident que le niveau augmente en campagne africaine, on va faire venir quelques joueurs. Mais je pense qu’on injecte déjà assez d’argent dans la formation, car certains joueurs de 23 à 24 ans de l’équipe évoluent avec nous depuis l’âge de 8 ans. Mais qu’à cela ne tienne, j’attends le rapport de l’entraineur qui doit passer par la direction du club avant qu’il ne me soit soumis pour avis. Le président du club, l’ancien latéral international Ibrahima Diallo est bien imprégné de ce que nous voulons comme travail, à savoir la progression des jeunes de l’académie. Il lui reviendra aussi d’identifier des postes qui nécessitent de potentiels renforts pour tenir le niveau et le rythme pour la saison prochaine.
Au besoin, il y aura probablement des recrutements, mais je précise une nouvelle fois que ce sera des recrutements intelligents axés sur des postes très précis. L’idée est de travailler avec des jeunes joueurs qui peuvent progresser et faire leurs classes dans l’évolution du club. Donc, il est bien clair que nous comptons injecter des sous, mais tout en espérant que l’Etat qui ne met plus d’argent dans la prise en charge de l’hébergement et les billets d’avion en compétitions africaines, nous vienne en aide. On espère du changement avec les nouvelles autorités à la tête du pays qui ont déjà donné 1,2 milliards aux artistes et partout ailleurs le gouvernement est en train d’aider les jeunes. Et personnellement en tant que propriétaire de club, j’irai voir Monsieur le ministre des sports qui donne l’impression de quelqu’un qui veuille nous aider pour l’interpeller à venir également en aide aux clubs de foot.

Quid de votre stratégie marketing pour attirer plus de sponsors autour du SOAR ?

Pour le dernier match du championnat, vous avez dû constater qu’en une semaine d’organisation, le SOAR a pu mobiliser plus de 15 mille personnes au stade Général Lansana Conté de Nongo. Ceci prouve qu’avec plus de volonté d’accompagnement, il est bien possible de créer de l’engouement autour des matchs du championnat. Continuer sur la même lancée avec les sponsors en campagne africaine des clubs pourrait permettre de jouer dans un stade rempli et pourquoi pas atteindre la phase de poule de la ligue des champions ? Nous comptons aller vers les sponsors, car nous avons besoin d’eux et c’est pour la bonne cause qui consiste de prendre les enfants dans la rue et les mettre dans des structures de football disciplinées. Demain, ils seront des exemples à suivre pour d’autres générations. Au-delà du soutien du privé, nous comptons surtout sur celui de l’Etat afin qu’il nous aide à prendre en charge une partie des dépenses. Ailleurs tel qu’en Afrique du Sud, des millions de dollars sont débloqués pour soutenir les clubs.

« Nous leur demandons de nous associer afin d’accélérer le processus de normalisation »

Comment avez-vous trouvé le niveau de la ligue 1 guinéenne cette saison ?

Le niveau du championnat était très élevé cette saison, car les grosses pointures du championnat on a concédé des matchs contre des équipes estimées « faibles » et parfois même perdre les trois points. Le Horoya même est tombé contre des équipes qui sont pourtant classées au bas du tableau telles que Flamme Olympique. C’est pour dire que le niveau ne cesse d’augmenter. Et que dire du SOAR qui a dû batailler pour cette deuxième place ? Je rappelle qu’il n’y a que trois à quatre points qui nous séparent du troisième. Il a fallu lutter pour monter sur cette deuxième manche du podium, parce que le contenu des matchs était intense. C’est pourquoi nous sommes convaincus qu’avec plus de moyens et d’accompagnements, ce niveau peut être relevé davantage. Le footballeur guinéen est naturellement talentueux, il suffit de voir la qualité des joueurs guinéens ou aux origines guinéennes évoluant dans les grands clubs.

Votre avis sur les six mois de gestion du CONOR à la tête de la Féguifoot ?

A ce jour, c’est difficile pour moi de les juger. J’estime que l’objectif central consiste à l’organisation des élections. Et vous le savez, j’étais candidat à l’élection du poste de vice-président. Et donc, nous savons qu’ils ont jusque-là assuré la gestion courante en mettant en place un certain nombre choses. Je pense qu’ils seront jugés sur l’organisation des élections et le respect du timing. Pour ce qui est de cette gestion courante, notamment le cas de l’équipe nationale A avec la nomination d’un sélectionneur qu’on ne peut juger avant de le voir à l’œuvre sur son propre projet. C’est vrai que Kaba Diawara avait déjà géré l’intérim, mais il était face à des situations dont il n’était pas totalement responsable. Récemment, nous avons été reçus par les membres du CONOR en tant que membres statutaires. Nous leurs avons fait des propositions pour lesquelles nous attendons des réponses. En plus, nous leur demandons d’accélérer le travail, même si nous sommes aussi conscients de la crise qui a précédé leur installation par la FIFA. Nous ne sommes pas contre cela. Nous leur demandons de nous associer afin d’accélérer le processus de normalisation. Personnellement, je suis à leur disposition et j’attends des résultats pour juger.

« Je veux davantage servir le football »

Êtes-vous toujours intéressé par la vice-présidence du futur bureau exécutif ?

Je maintien ma candidature pour le poste de vice-président, parce que j’ai la conviction que peux apporter quelque chose au football guinéen. Je l’ai prouvé partout où je suis passé comme dirigeant, notamment au Satellite FC, au Gangan de Kindia et maintenant avec le SOAR Académie. Mon niveau d’étude, ma maitrise de la langue anglaise en plus déjà du français et surtout mon expérience dans le milieu constituent mes atouts. Bien qu’étant originaire de Linsan et né à Coleah , c’est à Ratoma que je me suis fait un nom dans le football. J’ai tissé de très bonnes relations amicales et fraternelles avec la jeunesse de Ratoma. Malgré mon jeune âge, mes nombreuses années passées comme dirigeant de club font de moi un des plus anciens président ou propriétaire de club. Je connais le souhait et les inquiétudes des membres statutaires et je sais ce que je peux leur apporter comme solution. Au-delà de mon club, je veux davantage servir le football en siégeant à la Féguifoot. J’aspire également à être président de la CAF ou meme un jour pourquoi pas president de la république de Guinée car mon ambition que je nourris depuis très longtemps est d’aider l’Afrique et plus particulièrement mon pays, la Guinée. Avec mon jeune âge, j’ai de sérieuses aspirations à devenir un grand homme en Guinée et sur le continent. Avec mes diplômes, j’aurais pu rester travailler aux Etats-Unis, mais si j’ai décidé de rentrer, c’est pour activement contribuer développement de mon pays. Je veux donc être à la fédération guinéenne de football pour montrer ce que je peux apporter à mon pays et tôt ou tard prétendre à un poste au sein du gouvernement ou même à la CAF. J’ai envie de laisser de bonnes traces pour mes enfants comme l’a fait mon père pour moi. J’aime mon pays et je veux activement contribuer à son développement.

Réalisée par Bernard Leno

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