Aucun argument moral, politique et sanitaire n’aura réussi à dissuader le président Alpha Condé d’organiser les élections
C’est dans un contexte d’extrême violence, où la résistance de certains jeunes a mis à rude épreuve l’autorité des pouvoirs publics, que les élections ont finalement eu lieu le 22 mars. Et dans un régime politique prétorien comme celui de la Guinée, où le pouvoir de l’armée et le pouvoir de l’exécutif s’identifient l’un l’autre, il fallait s’attendre à ce que seul le recours à la force militaire permette au président d’imposer aux populations la tenue de ces élections, décriées tant au niveau national qu’international.
Mais ce coup de force électoral, qui annonce une nouvelle phase dans la militarisation du pouvoir en Guinée, contraint désormais les acteurs politiques guinéens à choisir leur camp et par ce fait même leur morale de combat. Car, face à une Commission électorale nationale indépendante (CENI) soumise à l’autorité du président et devant l’entêtement corrosif de ce dernier et de ses fidèles, il devient évident que tout silence sera synonyme de compromission. Surtout de la part des membres du gouvernement : Il en va de l’avenir démocratique de la Guinée que ceux qui exercent le pouvoir au plus haut niveau prennent sans ambiguïté leurs responsabilités.
Or, de tous les ministres d’Alpha Condé, seule une minorité courageuse a été rappelée par le sens de la justice, en acceptant de ne pas être esclave des privilèges et d’entendre les résonances de la conscience morale qui habite tout homme. Gassama Diaby, Cheick Sacko et Yero Baldé : voici ceux qui ont revendiqué la dissidence. On peut leur reprocher le temps passé à servir un gouvernement injuste et corrompu. Mais il n’est pas trop tard pour quiconque sait reconnaître le vice et se donner au moyen de cette reconnaissance des limites à ne pas franchir. Ainsi des ministres, ayant le sens de la dignité, s’avisent de l’insignifiance de leur rôle et de l’instrumentalisation dont ils font l’objet de la part d’un président émerveillé par le culte de sa propre personne.
De ces trois démissions, on peut retenir qu’être ministre ou conseiller du président, c’est, dans des situations où se joue le destin d’un peuple, refuser la subordination et suivre le bon sens pour être dans le camp des justes. C’est aussi cette disposition au bien et à la justice qui caractérise « la morale des braves », ceux qui refusent de se compromettre lorsque l’avenir d’un pays est confisqué par des individus qui nourrissent un appétit vorace du pouvoir.
Depuis quand MediaGuinée accepte de servir de vecteur à des partisan ethniciste?