Bangouyah (Kindia) : les habitants de Tènè Warakhanla entourés par les eaux de Souapiti (reportage)

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Situé à une trentaine de kilomètres de la sous-préfecture de Bangouyah,  préfecture de Kindia, le district de Tènè Warakhanla est aujourd’hui entouré des eaux du barrage hydroélectrique de Souapiti. Plusieurs citoyens inquiets de la montée des eaux ont abandonné leurs habitations pour rester à la belle étoile.  Hier dimanche 12 décembre 2021, Mediaguinée.com, à travers son correspondant régional basé à Kindia, a  fait une immersion dans cette localité.  

Tènè Warakhanla est l’un des 22 districts de la sous-préfecture de  Bangouyah.  Cette localité est aujourd’hui victime des conséquences du grand barrage de Souapiti. Pour y avoir accès,  il faut passer par certains villages, s’embarquer dans une pirogue et parcourir une quinzaine de kilomètres.  Sur la route, d’autres localités sont également impactées par les eaux de ce barrage hydroélectrique.  C’est le cas des habitants de Kalékhouré qui ne sont jusqu’à présent délocalisés. M’ Mah Soumah,  responsable des femmes de cette localité dresse les difficultés rencontrées. « Nous sommes  très inquiets ici aujourd’hui,  l’eau a envahi tout ; nos champs et nos vies sont menacés.  Nous souffrons énormément,  nos voisins qui étaient là, à savoir Habyah et Melikhouré, ont été délocalisés. Jusqu’à présent, nous, nous sommes là et nous ne savons pas ce qu’ils pensent de nous. Nous demandons aux autorités qu’elles nous viennent en aide pour qu’on quitte ici. », dit- elle.

Depuis la montée des eaux sur les zones cultivables,  les jeunes de Kalékhouré ont du mal à joindre les deux bouts. Fodé Conté, lui, s’est fait une pirogue pour conduire les habitants à l’autre rive. Chaque traversée,  il reçoit une somme de 5000 mille par tête.  « C’est difficile maintenant de vivre ici depuis que l’eau  a commencé de monter. Au début, il n’y avait pas ça ici, mais depuis que le barrage a été mis, je fais traverser des passagers qui veulent aller à Tènè. Au début, ils payaient 2500, après 3000 et aujourd’hui c’est 5000 francs guinéens par tête parce que  la distance augmente en fonction de la venue de l’eau. Et aujourd’hui , c’est très distant. », explique-t-il.

Pour arriver à Tènè Warakhanla,  c’est un véritable parcours du combattant. Les routes tellement sinueuses sont complètement dégradées. Dans cette localité,  les dégâts sont visibles.  Les habitants sont délogés et repoussés par les flaques d’eau.  Mamadou Sylla et sa famille ont été contraints de libérer leurs habitations. « Nous sommes assis ici mais l’eau nous a entourés. Ceux qui construisent le barrage sont venus nous dire de quitter en nous promettant des maisons ailleurs mais jusqu’à présent, nous n’avons rien eu. Les secteurs Guébakhin et Maléah ont été délocalisés mais nous non!  Ils sont venus nous dire, qu’ils vont nous payer dans ça. Ce qu’on a reçu, presque c’était notre transport.  Pour les champs envahis par l’eau,  ils n’ont rien donné.  Aujourd’hui, nous avons été obligés de quitter dans trois maisons à cause de l’eau.  Nous avons fait nos bagages mais on n’a pas où aller. Nous souffrons ici énormément », dit-il.

Dans cette localité, plus de 20 maisons ont été recensées pour dédommagement.  Seulement, la pluralité des agents recenseurs sur les lieux ont mis les citoyens dans la confusion. La maison de Aissatou Bangoura avait été recensée et ignorée. « Ceux qui sont venus en première position, ils avaient fait des écrits sur la maison en prenant des mesures et compter le nombre de chambres. Ils nous ont dit qu’elle sera impactée.  Ceux qui sont venus en deuxième position   n’ont pas pris notre problème en compte.   Aujourd’hui, nous sommes inquiets,  la concession  de nos voisins a été recensée mais nous non. Et, si l’eau vient,  nous, nous irons où.  En plus, la venue de l’eau nous a rendu la vie très chère.  Les marchés sont gâtés,  pas de champs, ce qui se trouve à l’interne,  c’est ça que nous consommons. » , ajoute-t-elle.

Soriba Camara, cultivateur et un grand planteur de Tènè Warakhanla, est dans un fiasco total. Ses plantes sont aujourd’hui englouties par les eaux du barrage hydroélectrique de Souapiti.  Après une visite sur ses plantations, autrefois sources de plusieurs agrumes et légumes,  il s’est exprimé en ces termes : «  Ici on faisait de la culture maraîchère,  il y avait des orangers,  bananeraies, du Melina, avocats… mais aujourd’hui rien dû aux conséquences de ce barrage qu’on est en train de construire.  La nourriture de toute ma famille et proches provenait ici. Nous souffrons sans relâche,  nos bétails sont tués par des serpents, nous vivons difficilement. »,   nous a confié cet agriculteur réputé dans la localité. 

Chez les jeunes de ce district,  c’est le désespoir sans limite. Beaucoup d’ailleurs ont jeté leur dévolu sur les grandes villes du pays, explique Mamadouba Sylla, alias Amokassi.  « Nous les jeunes de Tènè Warakhanla,  nous avons à maintes reprises demander aux sociétés qui viennent de nous aider à  avoir là où travailler mais en vain. On pratiquait bien l’agriculture mais aujourd’hui nous n’avons pas de places. J’avais plus d’un hectare de champs cultivés mais ils m’ont donné que 500 mille francs guinéens.  Je pouvais refuser parce que  ça venait des autorités.  Après nous les jeunes,  ils nous ont promis, qu’ils vont nous envoyer des pirogues et filets pour qu’on puisse au moins pratiquer la pêche mais jusqu’à présent,  nous  n’avons rien vu.  Donc nous les jeunes,  nous n’avons aucune activité à  faire ici. Nos amis sont partis à Kaback pour aider les gens à travailler pour qu’ils  puissent avoir de quoi nourrir leur famille.  Notre vie a été gâchée par ce barrage », martèle-t-il.

Aboubacar Dramé

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