Burkina : Diendéré et Bassolé, le sabre et le velours de Compaoré

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L’un a servi dans les armes, l’autre dans la diplomatie : condamnés respectivement lundi à 20 et 10 ans de prison au terme du procès du putsch raté de 2015 au Burkina Faso, Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé, généraux aux personnalités différentes, étaient des barons du régime de Blaise Compaoré, renversé par la rue en 2014.

Silhouette longiligne de près de deux mètres, Diendéré, ancien bras droit de Compaoré dont il était très proche, était « craint et respecté », sous son apparence d’humilité, selon une source sécuritaire française.

Agé de 60 ans, il est suspecté d’avoir participé à l’assassinat de l’ancien président Thomas Sankara en 1987, qui avait permis à Compaoré d’accéder au pouvoir. L’enquête sur sa mort, relancée après la chute de Compaoré, est toujours en cours.

« Il ne répondait qu’à Compaoré. Même s’il ne l’était pas officiellement, il était le numéro deux du régime. Il avait en main l’appareil sécuritaire », résume la source sécuritaire française.

Surnommé « Golf », Diendéré – passé par l’école militaire française Saint-Cyr en même temps que l’ambassadeur de France lors du putsch raté, Gilles Thibault –  était connu pour gérer tous les dossiers sensibles sous Compaoré. Bien connu des services français qui appréciaient « son professionnalisme et son expertise », il était en contact avec les groupes jihadistes sahéliens, permettant que ceux-ci n’opèrent pas au Burkina sous l’ère Compaoré.

Sévère et tranchant, Diendéré avait pris la tête de l’éphémère Conseil national pour la démocratie avant de rendre le pouvoir, avec un certain panache, recevant en uniforme les délégations étrangères ou répondant aux journalistes. « J’assume, j’assume, j’assume », avait-il dit à l’AFP.

Lors du dernier jour d’audience, il a lancé : « Du fond de ma cellule, je reste disponible pour la défense de mon pays, car (jamais) au grand jamais, je ne serai un traître pour ma patrie ». Dans un contexte d’attaques récurrentes et meurtrières des groupes jihadistes que l’armée n’arrive pas enrayer, certains de ses supporteurs lui voient encore un avenir malgré sa condamnation.

– Bassolé malade –

A l’opposé de Diendéré dans les formes, Djibrill Bassolé était un diplomate capable donc d’arrondir les angles. S’il a commencé sa carrière dans la sécurité, finissant général de gendarmerie, Bassolé, qui a aussi été ministre de la Sécurité, est ensuite devenu l’inamovible ministre des Affaires étrangères du Burkina.

Il avait la confiance et l’oreille de Compaoré. S’il tentait de faire oublier son passé sécuritaire (il n’appréciait pas qu’on l’appelle « mon général » en public), il avait cependant gardé des liens avec l’appareil militaire.

Homme public, plus politique que Diendéré, il participait activement aux campagnes électorales. Même s’il ne faisait pas officiellement partie des cadres, Bassolé, franc-maçon notoire, était un membre influent du Congrès pour la Democratie et le progrès (CDP), le parti de Compaoré dont les frontières avec l’Etat étaient floues.

Apprécié par les diplomates africains, occidentaux et arabes, il a été médiateur de l’ONU au Darfour et envoyé spécial de la l’Organisation de la Coopération islamique.

Agé de 62 ans, Bassolé, qui se voyait une carrière politique avant son arrestation, lutte désormais contre un cancer. Il est apparu affaibli aux audiences et ses avocats ont demandé à plusieurs reprises son évacuation sanitaire vers la France.

AFP

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