BUZZ A CONAKRY: la tragédie du « roi » Bobodi…

A coups de quolibets, d’épithètes de toutes sortes et de phrases assassines, « l’intronisation » d’aboubacar Bobodi Camara transformé en une soirée en Nana Kouassi Bobodi 1^er, a provoqué l’hilarité générale des internautes. Le mépris est tellement évident qu’on est en droit de se demander quelle mouche a piqué les membres de la Fondation 225 PADEV pour se lancer dans une telle galère ?

Bokassa avait son « empire ». Idy Ami Dada rêvait d’un destin « pharaonique ». Dadis évoquait la « main de Dieu » pour justifier son destin à la tête de la junte militaire en Guinée. Bref, l’histoire est pleine d’illuminés qui, par la force d’un destin capricieux, ont totalement perdu le sens des réalités. La ficelle est tellement grosse qu’on se demande bien qu’est-ce que la presse attend pour enquêter sur les motivations réelles du collège de « ducs de marmelade » par qui le scandale est arrivé. Quelle est sa légitimité ? Comment et pourquoi a-t-il jeté son dévolu sur un homme qui cherche obstinément à se tailler l’image d’un prodigue (le hasard fait bien les choses non ?) et qui visiblement affiche une ambition démesurée ? Tout cela est bien « gratuit », bien arbitraire pour faire sérieux, un peu à l’image de ce qui est advenu avec ce monarque de pacotille antillais dont le destin a fini en tragédie. Il a fini « nu »…

Un « Nana Kouassi » en Guinée, dans un pays où  Ashantis, Baoulés, Agnis ou Attiés ne font pas la loi, quelle pourrait être la portée symbolique d’un tel geste on ne peut plus bizarre et probablement intéressé ?, s’interroge avec malice un internaute. Il est vrai que les têtes couronnées du côté de la Côte d’ivoire apprécieraient mal que des membres de l’ethnie bagas déboulent chez eux pour élever une statue royale à n’importe qui. D’autres ont tout simplement attaqué le problème à la racine en s’interrogeant sur les liens de sang entre ce self made man et la vraie notabilité de Kaloum. Pas de filiation naturelle, évidente, indiscutable, pas de « peuple », pas de couronne !

Il est légitime que chaque être humain se taille dans ce qui lui sert de cerveau son royaume, ses rêves, ses espoirs, ses ambitions. Mais pousser la bouffonnerie si loin dans une attitude mégalomaniaque au point d’y croire, il faut vraiment le faire !

A ceux qui ont la possibilité d’arrêter ce cirque pathétique – et qui ne lèvent pas le petit doigt ! – nous rappellerons simplement ceci : le pouvoir est un ensemble de mythes et de symboles.  Sans ces éléments incontournables, il serait difficile de faire régner l’ordre dans la cité car le pouvoir deviendrait banal et sans objet. Sous cet angle, il n’est point besoin de souligner que la royauté n’est pas du tout un jeu où les acteurs sont des frustrés fraîchement tombés du lit et qui se taillent leur propre rôle. Ce n’est pas une question de vanité ou d’égo. Il y va d’abord et avant tout de la préservation de l’intégrité de l’histoire de ce pays, déjà assez falsifiée. Alors de grâce, arrêtons cette comédie qui ne fait pas du tout rire.

Par Abdoul CAMARA