Regard citoyen sur la crise à la Cour Constitutionnelle ! (Tribune)

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Je suis de ceux qui ont suivi avec attention le décret du président de la République « Pr » Alpha Condé portant confirmation du nouveau Président de la  COUR CONSTITUTIONNELLE en l’occurrence Dr. Mohamed Lamine Bangoura. Pour ma part, je me fais le devoir de donner mon point de vue sur cette situation inquiétante, car elle est le signe annonciateur d’un certain nombre de faits, qui touchent à la quiétude sociale et la paix dans notre pays. Dorénavant, nos pouvons formuler notre réflexion autour de ces axes suivants: la raison qui justifie la destitution de M. Kèlèfa Sall, Président de la Cour Constitutionnelle(1); les visées politiques de cette destitution(2); la part de responsabilité des acteurs sociopolitiques de notre pays(3). C’est autour donc de cette panoplie de réflexion que nous essayerons de d’apporter des éléments de réponses ci-dessous.

En effet, la marche de notre pays vers le grand chantier de la démocratie se présente comme un chemin très long est lent à parcourir. Ce vaste programme s’inscrit dans la mise en place effective des institutions constitutionnelles. Parmi lesquelles, la Cour Constitutionnelle occupe le premier rang, compte tenu de son immense importance dans la dynamique de préservation de la paix et la stabilité des autres institutions, y compris l’appareil étatique. Après deux décennies, notre pays a fait tant bien que mal des avancées significatives en matière de processus de démocratisation. Cette dynamique a commencé par des grands sacrifices consentis, notamment les événements de 2006-2007 et 2008 pour ne citer que ceux-ci. Ainsi en 2010, à l’issue d’une élection multipartite entre 24 formations politiques. Le « Pr » Alpha Condé fut élu Président de la République. Cette élection fut-elle un espoir pour le peuple ? Certes, l’euphorie, l’espoir et l’attente autour de cette élection se situent entre autre: le décollage socio-économique du pays et la mise en place des institutions constitutionnelles comme: l’Assemblée Nationale, L’INIDH, HAC, CES, CNSS, CC, Cour des Comptes ;  excepté la Haute de justice (qui est d’ailleurs un des organes très important qui pourra permettre de juger les dérives autoritaires de la puissance publique). Une question qui mérite d’être posée est de savoir l’objectif de leur mise en place effective dans le fonctionnement de notre pays. À ce propos, est-ce que ces institutions ont justement été mise en place pour amuser la galerie ou décorer la Guinée de toutes cette zizanie qui prévaut à la Cour Constitutionnelle? Chacun peut donner son point de vue. En revanche. Le spectacle désolant et désastreux qui  règne à la Cour Constitutionnelle est le résultat d’une suite logique de machination et de caporalisation de toutes les institutions de la République par le Président de la République. Il y a plus d’une décennie notre pays  vit au rythme des crises qui sont d’ordre institutionnel, politique, économique et social. Curieusement le peuple de Guinée est témoin d’une tragédie entre les supposés  »sages » de notre pays, de surcroît, les professeurs de droit dans des institutions d’enseignement supérieurs du pays. La  honte!

Pour ma part, révéler les raisons de la destitution de M. Kèlèfa Sall à la tête de la Cour Constitutionnelle ne sont que la finalité d’une décision prise depuis la veille de la cérémonie de prestation du serment du Président de la République. L’on pourrait être tenté de dire que M. Kèlèfa est victime de lui-même, dans la mesure où nous sommes dans un pays où le sens de l’intégrité, de la responsabilité, la moralité et de l’humilité manque cruellement de la part de certains Guinéens. Pourtant, le guinéen en a vraiment besoin. Pour revenir  au cas M. Kèlèfa Sall, son discours devant le Président à l’occasion de son investiture n’a pas du tout été une pilule facile à avaler par le  »Körö » national. Lorsque qu’il dit: << Monsieur le Président de la République, sur le chantier de l’histoire ceux qui sont devant sont ce qui sont en vue. Veuillez constamment avoir, que on est devant l’on doit être référentiel (…) la conduite de la nation doit nous réunir autour de l’essentiel. Ne vous vous entourez pas d’extrémistes, ils sont nuisible à l’unité nationale. Gardez-vous de succomber à la mélodie des sirènes révisionnistes. Car si le peuple de Guinée a donné et renouvelé sa confiance, il demeure cependant légitimement vigilant>> À la lecture de ce discours, il est sans doute clair que les acharnements ont commencé depuis lors. En dépit des violations manifeste de la constitution, notamment en son article 101 alinéa 2 : qui stipule que le Président de la Cour Constitutionnelle est élu par ses paires pour une durée de neuf ans non renouvelable. Mieux, l’article 102 alinéas 2 stipule que les membres de la cour constitutionnelle sont justiciables que par la cours suprême. Paradoxalement, tel n’a été le cas comme naguère non seulement l’arrêt des huit frondeurs de la Cour est illégal mais aussi le décret de confirmation du nouveau Président l’est aussi.

-Cette destitution a-t-elle des visées politiques ?

Au regard du spectacle que se livrent les huit membres de la Cour Constitutionnelle, nous pouvons déduire que le Président de la République attend quelque chose, petit soit-il. Au-delà des velléités de modification de la constitution pour un éventuel troisième mandat, de son intention d’influencer toutes les institutions, le pays se prête aussi à donner un mauvais exemple à l’opinion nationale et internationale. De nos jours, c’est un secret de polichinelle que la Cour Constitutionnelle a perdu sa crédibilité et l’influence qu’elle peut dans l’exercice de ses fonctions.

-Quelle est la part de responsabilité des acteurs sociopolitique du pays ?

Cette dernière crise à la Cour Constitutionnelle, tout comme d’autres traduisent  l’amateurisme des acteurs sociopolitiques et la volonté du chef de l’Etat de vouloir caporaliser l’ensemble des institutions du pays. Mais comme disent les sages <<on ne peut pas ramasser l’eau déjà versée à terre>>. Les acteurs politiques et les organisations de la société civile étant des organes de veille, d’alerte et de proposition. Il est donc de la responsabilité de chaque partie de veiller au respect des lois et du fonctionnement des institutions. Par ailleurs, les acteurs politiques à leur tour d’utiliser tous les moyens de pression légaux pour amener le gouvernement à se soumettre aux exigences du peuple. Compte tenu de l’envergure que prend cette crise, j’en appelle à la responsabilité de chaque citoyen de veiller au respect de nos institutions pour éviter le pire à notre pays. Si nous agissons pas tôt, nous répondrons de nos responsabilités devant l’histoire. À bon entendeur, salut !

ALY SOULEYMANE CAMARA

Analyste politique et Professeur de philosophie

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