Centrafrique: le président Touadéra réélu mais seul un électeur sur trois a voté

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Le président centrafricain Faustin Archange Touadéra a été proclamé réélu lundi par la Cour constitutionnelle, mais deux électeurs sur trois n’ont pas voté, essentiellement en raison de l’insécurité dans ce pays en guerre civile depuis huit ans et théâtre d’une nouvelle offensive rebelle.

D’immenses défis se profilent maintenant, dont celui de la légitimité, pour un chef de l’État élu avec 53,16% des voix et une participation de 35,25% sur un territoire quasiment réduit à la capitale et ses environs.

Il lui faudra également redresser, sous la menace d’un putsch, l’économie à l’agonie du deuxième pays le plus pauvre du monde, dont plus de la moitié des habitants ont besoin d’assistance humanitaire et un quart ont fui leur domicile depuis le début de la guerre civile en 2013, selon l’ONU. 

M. Touadéra « est proclamé réélu président de la République au premier tour de l’élection du 27 décembre 2020 », a déclaré la présidente de la Cour constitutionnelle, Danièle Darlan. 

La juridiction suprême a rejeté les recours en annulation de 13 des 16 rivaux du chef de l’État sortant. Ils invoquaient des « fraudes massives » et l’impossibilité pour deux électeurs inscrits sur trois de voter en raison de l’insécurité, dans un pays où les groupes armés contrôlent deux tiers du territoire, et dont les plus puissants ont lancé une nouvelle offensive une semaine avant le scrutin.

– « Fiasco démocratique » –

L’ancien Premier ministre Anicet Georges Dologuélé est arrivé deuxième avec 21,69% des voix.

M. Touadéra, professeur de mathématiques pures de 63 ans, avait été élu en 2016 à la surprise générale, alors que la guerre civile faisait rage. Elle a baissé d’intensité depuis 2018 même si les groupes armés, devenus prédateurs des maigres richesses du pays, continuaient de sévir sporadiquement contre les civils.

« 1er tour K.O.! », ont scandé plusieurs centaines de personnes devant le siège du parti de M. Touadéra. Des coups de klaxon ont retenti, mais dans des rues vides ou loin de l’animation habituelle depuis l’offensive rebelle, les habitants redoutant l’incursion d’assaillants ou des représailles des forces de l’ordre, l’opposition dénonçant des arrestations arbitraires et des « disparitions ». 

La Cour constitutionnelle a bien annulé ou redressé les résultats de certains bureaux de vote pour des irrégularités, mais a jugé que, « compte tenu de l’ampleur de l’écart des voix », leur impact « n’a pas pu inverser les résultats ».

Dans un recours rejeté par la Cour constitutionnelle, 10 candidats de l’opposition recalés, dont M. Dologuélé, avaient notamment invoqué l' »illégitimité » du futur président, affirmant que deux électeur sur trois avait été empêché d’aller aux urnes en raison de l’insécurité. 

« Ces élections sont un fiasco démocratique sous le regard de la communauté internationale qui a pu observer les dérives pas à pas et qui les a légitimées », assène Nathalia Dukhan, spécialiste de la Centrafrique pour l’ONG anticorruption américaine The Sentry.

« La Cour constitutionnelle a choisi, une fois de plus, de se tenir à côté de la communauté internationale: pas aveugle sur certains abus mais désireuse d’éviter une annulation du vote », estime de son côté Roland Marchal, chercheur au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po Paris.

« Vous avez vu avec quelle volonté le peuple centrafricain s’est manifesté ? », a lancé M. Touadéra au siège de son parti, ajoutant: « Même sous les balles, ils sont allés voter. Fallait-il donner raison à ceux qui voulaient empêcher les centrafricains d’exercer leur devoir civique ? »

« Une partie du peuple centrafricain, en guerre, a été empêchée de voter par des actes de terreur » mais malgré cela, « le peuple a envoyé un message clair et fort à ceux qui les terrorisaient (…) et au monde entier », a également jugé la Cour constitutionnelle par la voix de Mme Darlan.

Mais « si la légitimité s’acquiert par les urnes, elle n’est jamais définitivement acquise, elle doit être conquise et maintenue au quotidien par l’exercice du pouvoir et la bonne gouvernance », a ajouté la Cour. 

– « Marcher sur Bangui » –

Le 17 décembre, six des plus puissants groupes armés qui occupent les deux-tiers de la Centrafrique se sont alliés puis ont annoncé le 19, huit jours avant les élections présidentielle et législatives, une offensive pour empêcher la réélection de M. Touadéra.

Ils se sont jusqu’alors heurtés à des forces bien supérieures en nombre et lourdement équipées: quelque 12.000 Casques bleus de la force de maintien de la paix de la mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca) présents depuis 2014 mais aussi des centaines de militaires rwandais et paramilitaires russes dépêchés fin décembre par leurs pays à la rescousse de M. Touadéra et d’une armée démunie.

Depuis qu’ils ont juré de « marcher sur Bangui », les rebelles mènent des attaques sporadiques mais parfois violentes, généralement loin de la capitale.

Mais le 13 janvier, environ 200 assaillants ont tenté deux incursions simultanées aux portes de Bangui, repoussée à l’issue de combats qui ont fait une trentaine de morts parmi les rebelles et durant lesquels un Casque bleu rwandais a été tué.

AFP

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