Circuler à Siguiri relève de la baraka: « ici, c’est la main. Quand il y a accident, celui qui utilise les clignotants a tort »

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Faire un tour à Siguiri, ville très peuplée à 711 km au nord de Conakry, en Haute-Guinée, et revenir sans être heurté par un motard relève plus de la baraka. La circulation est caractérisée par une anarchie totale à cause des mototaxis qui poussent comme des champignons.

Codes de route bafouillés  à longueur de journée, surcharge de personnes, charge de bagages au-delà de la norme empêchant parfois le conducteur de la moto de s’asseoir confortablement. C’est l’ambiance quotidienne de la ville aurifère, le tout dans une atmosphère poussiéreuse, malgré les quelques tronçons bitumés. Aucun policier n’est visible sur les nombreux carrefours de la ville pour réguler la circulation.
« Conduire la moto à Siguiri est quelque chose de spécial. Il n’y a pas de lois, pas de règles. Chacun roule à sa façon et cherche à ne pas renverser ou être renversé. C’est ça l’essentiel. Ici c’est Siguiri an fâ bara (en français, c’est chez nos pères), explique Moussa Doumbouya, un motard .
Dans cette ville où prolifèrent les mototaxis (plus de 14000), la peur règne presque chez tous les usagers et surtout les piétons qui éprouvent d’énormes difficultés quand ils sortent de la maison. Amadou, la trentaine bien sonnée, explique:  » Ici à Siguiri, quand tu sors de la maison et reviens sans être heurté par un motard, tu dois beaucoup remercier Dieu. C’est de la pagaille sur toutes les routes. Chacun fait ce que bon lui semble. Le plus pressé est prioritaire. On a la peur au ventre avant de rentrer à la maison. Ici par exemple, si tu veux tourner, tu tends ta main à droite ou à gauche selon là où tu veux aller. Les clignotants n’ont aucun sens. La majeure partie des automobilistes font aussi comme les motards quand ils veulent tourner. Quand il y a accident par exemple, celui qui utilise les clignotants a tort. C’est la règle d’ici ».
Harouna, propriétaire d’un taxi moto de renchérir:  » je suis Malien et je suis ici depuis 2007 à faire le mototaxi. Ce qu’on voit ici n’existe nulle part ailleurs. Ici, ce sont les mains qui remplacent les clignotants. Tout le monde est habitué à ça. C’est comme ça nous roulons ici. Mais au Mali, on en voit pas ça ».
À la question de savoir alors l’utilité des policiers dans ce laisser-aller, notre interlocuteur avec un air très sérieux répond: « les policiers n’osent pas apparaître ici sinon les gens vont leur parler mal. Quand ils apparaissent, c’est pour nous soutirer de l’argent. Et pour éviter ça, ils attendent ceux qui viennent de la brousse pour leur demander de documents de la moto, vignettes et autres choses. Nous qui sommes ici en ville, on circule paisiblement. Personne ne nous demande de vignettes, de plaques ou documents ».
À Siguiri, sur les grandes ou petites artères, chacun roule à sa façon et n’a de compte à rendre à personne.

Par Sadjo Bah, en séjour à Siguiri
+224625016669

 

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