Cop26: Ahmadou Sebory Touré assume la présidence du G77+la Chine…

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La Conférence de Glasgow de 2021 sur les changements climatiques s’est tenue du 1er au 13 novembre 2021 en Écosse, au Royaume-Uni. L’organisateur était  le Royaume-Uni, en partenariat avec l’Italie.


Elle constituait la 26e Conférence des parties (désignée COP 26), organisée par l’Organisation des Nations unies pour le Climat et réunissait les pays signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), la 16e réunion des parties au Protocole de Kyoto (CMP 16) et la troisième réunion des parties à l’Accord de Paris de 2015 (désignée CMA 3).
A ce grand rendez-vous planétaire qui a connu la participation de près de 200 pays, la Guinée a été représentée par une délégation composée par des cadres du ministère de l’Environnement et conduite par la cheffe dudit département, Louopou Lamah.
C’est le Directeur Général du Fonds de Sauvegarde de l’Environnement, Point Focal Opérationnel du Fonds pour l’environnement mondial, Ahmadou Sebory Touré qui a eu l’honneur d’assurer la présidence du G77+la Chine pour les négociations climatiques lors de ces assises.


L’intégralité du discours du G77+la Chine tenu par Ahmadou Sebory Touré:
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais tout d’abord profiter de cette tribune pour féliciter Son Excellence le Colonel Mamadi Doumbouya, président de la transition, chef de l’Etat et commandant en chef des Forces armées guinéennes pour la confiance que lui a accordée le peuple Guinée.

1.  La République de Guinée a cette année l’honneur et le privilège d’assurer la présidence du Groupe des 77 et de la Chine, composé de 134 pays en développement du système des Nations Unies et représentant 6 milliards de personnes sur Terre.
Nous vous assurons, Monsieur le Président, de l’engagement du Groupe à travailler avec vous et nos partenaires pour assurer le succès de la COP26 en parvenant à un accord juste et équilibré pour renforcer la mise en œuvre de la Convention et de son Accord de Paris.

2.    En tant que pays en développement, notre quête de développement durable et d’éradication de la pauvreté doit être respectée et sauvegardée. Les impactes croissants du changement climatique et les pertes et dommages associés sur nos circonstances socio-économiques posent des défis de plus en plus importants à nos perspectives de développement, en plus des impactes économiques et sociaux de la pandémie de COVID-19, de la perte de biodiversité, de la dette insoutenable, en terme de l’échange inéquitables et de la récession économique.

3.    Dans les négociations des Nations Unies sur le changement climatique, notre droit au développement durable est mieux sauvegardé par l’application du principe directeur, tel qu’énoncé par la Convention et son Accord de Paris, de responsabilités communes mais différenciées et de capacités respectives, à la lumière des différentes circonstances nationales. Ce principe est fondé sur le concept d’équité et de justice en droit international.

4.    L’Accord de Paris, adopté en vertu de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), est la réalisation collective de toutes les parties, et vise à renforcer la mise en œuvre de la convention, conformément à ses objectifs, principes et dispositions, en particulier l’équité et les responsabilités communes mais différenciées et les capacités respectives, à la lumière des différentes circonstances nationales, et le droit au développement, dans le contexte du développement durable et des efforts visant à éradiquer la pauvreté.

5.    Dans ce contexte, lors de la COP26, alors même que nous, pays en développement, répondons, en fonction de nos différentes situations nationales, aux appels à une plus grande ambition en matière d’adaptation et d’atténuation, nous appelons nos partenaires des pays développés à faire preuve d’une plus grande ambition en prenant l’initiative de réduire leurs émissions et en étant plus ambitieux dans la fourniture d’un soutien aux pays en développement, notamment pour l’adaptation, les impacts des mesures de riposte et en terme de pertes et préjudices résultant du changement climatique.

6.    Nous appelons les pays développés à tenir leur parole. Nous ne pouvons plus accepter de discours creux en matière de financement du climat. Les promesses faites de longue date, notamment sur les 100 milliards de dollars par an, doivent être tenues. Un soutien à l’adaptation doit être fourni. Le financement des pertes et préjudices est nécessaire. L’équité et la justice sont les pierres angulaires pour garantir que la mise en œuvre de l’Accord de Paris bénéficie aux pays en développement et soutient leur développement durable.

7.    Le Groupe souhaite souligner l’importance de veiller à ce que les résultats de la COP26 reflètent l’équilibre délicat de l’Accord de Paris, y compris les questions liées à l’adaptation, à l’atténuation et aux moyens de mise en œuvre. Ces résultats ne devraient pas renégocier ni réinterpréter l’accord de Paris et devraient refléter l’engagement de toutes les parties à mettre pleinement en œuvre l’accord dans le cadre de leurs responsabilités et capacités respectives, les pays développés prenant la tête des actions et du soutien, conformément à la CCNUCC.

Merci  Monsieur le Président.

S’agissant de la conférence elle-même, 22 décisions ont été adoptées par la COP 26, 24 par la CMA 3 et 10 par la CMP 16. La première décision de chacune de ces réunions est commune et s’intitule « Pacte de Glasgow pour le climat », obtenu avec de grandes difficultés et qui a conduit à une fin de la conférence avec un jour de retard.
Les 200 pays de la COP26 ont adopté un accord pour accélérer la lutte contre le réchauffement de la planète, sans assurer de le contenir à 1,5 °C ni répondre aux demandes d’aide des pays pauvres.
Néanmoins ce « Pacte de Glasgow pour le climat » comporte des avancées notables : plus de pays s’engagent à la neutralité carbone (dont pour la première fois, l’Inde, d’ici 2070). Les pays riches promettent de doubler le « financement de l’adaptation », devant aider les pays plus pauvres (PRFI) à faire face aux dégâts climatiques. Le marché du carbone sera mieux cadré, et plus de 400 entreprises du secteur financier annoncent un transfert de milliards de dollars vers des entreprises visant les zéro-émissions net. La diminution du charbon et une sortie des subventions aux énergies fossiles sont pour la 1ère fois mentionnées. Deux alliances d’une centaine d’États prévoient respectivement de stopper la déforestation avant 2030, et de réduire de 30% les émissions mondiales de méthane avant 2030. Une « High ambition coalition » (« coalition pour une haute ambition ») de 49 pays s’engage sur 15 objectifs pour atteindre l’objectif de 1,5°C. La « Beyond Oil and Gas Alliance » (BOGA qui regroupe 12 pays) s’engage à ne plus extraire ni pétrole ni gaz sur leur territoire. Un « Green grids. One sun, one world, one grid » (GGI-OSOWOG ou « réseau vert : un soleil, une planète, un réseau ») allie 87 pays pour construire un réseau interconnecté de centrales solaires.
Mais ce pacte est aussi qualifié d’accord « en demi-teinte » ou « imparfait » car contenant des ambiguïtés et nombreuses faiblesses : désaccords sur les définitions, les détails et le financement de la mise en œuvre (ainsi, le texte appelle à réduire le charbon « sans relâche » mais il limite cet appel au charbon « sans captage ni stockage du carbone », or « en réalité, même les centrales à charbon équipées de captage du carbone génèrent de la pollution » commente l’éditorialiste du journal Nature. La notion d’« émissions nettes » (net-zéro) n’a ni définition ni critères d’évaluation, faisant qu’« il est impossible de savoir si les engagements « net-zéro » arrêteront réellement le réchauffement climatique ». Aucun engagement n’a mobilisé tous les pays les plus pollueurs. Concernant l’aide aux pays vulnérables : « les pays riches acceptent de créer un bureau pour poursuivre les recherches sur un éventuel fond « pertes et dommages » » ; les 80 milliards de dollars/an de « financement climatique » annoncés par les pays riches aux PRFI sont dominés par des prêts, et ils incluent de l’aide classique au développement (financement d’écoles et d’accès à l’eau…) qui ne réduit pas directement les émissions de carbone1.
Le Web Climate Action Tracker (Université de Wageningen) a calculé que si tous les engagements de la COP26 sont tenus, les températures atteindront 2,4 °C en 2100, et non les 1,5 °C promis à Paris, ce qui serait catastrophique.
Chaque engagement sera évalué annuellement lors des prochaines COP, dont en 2022 où les pays présenteront des objectifs d’émissions plus ambitieux (alors que l’accord de Paris donnait 2025 comme date butoir pour cela).
Mais les pays développés, au premier rang desquels les États-Unis, qui redoutent de possibles conséquences juridiques, s’y sont fermement opposés.
Et à contrecœur, les pays pauvres ont cédé, acceptant une poursuite du dialogue afin ne pas perdre les avancées sur la lutte contre le réchauffement, dont les effets les menacent déjà directement. Tout en se disant « extrêmement déçus ».
« C’est une insulte aux millions de personnes dont les vies sont ravagées par la crise climatique », a commenté Teresa Anderson, de l’ONG ActionAid International.
L’égérie du mouvement mondial des jeunes pour le climat, Greta Thunberg, a été plus lapidaire, qualifiant une nouvelle fois la COP26 de simple « bla bla bla ». « Le vrai travail continue en dehors de ces salles.
Les engagements de la Chine lors de la COP26 seront également très importants. Elle est aujourd’hui le premier pollueur mondial et a investi dans des centrales à charbon dans le monde entier.
De nombreux observateurs surveilleront la rapidité avec laquelle la Chine – et les autres grands producteurs de combustibles fossiles – seront disposés à réduire leur dépendance à leur égard.
Il voudra également des engagements spécifiques sur l’élimination du charbon, des voitures à essence et la protection de la nature.
Les pays en développement voudront bénéficier d’une enveloppe financière importante au cours des cinq prochaines années, afin de les aider à s’adapter à la hausse des températures.

Tout ce qui n’ira pas dans ce sens sera probablement jugé inadéquat, car il ne reste tout simplement pas assez de temps pour maintenir l’objectif de 1,5°C.

Cependant, certains scientifiques estiment que les dirigeants mondiaux ont attendu trop longtemps et que, quel que soit l’accord conclu à la COP26, l’objectif de 1,5 °C ne sera pas atteint.

C’est pourquoi en marge des pourparlers de la Cop26, les pays africains ont conclu un « pacte moral » avec les États-Unis sur le financement de l’adaptation à la Cop26.
Les États-Unis refusant de bouger sur le texte de l’accord de Glasgow, les pays africains ont accepté à contrecœur la promesse d’un soutien volontaire plus fort
Le négociateur en chef du G77, Ahmadou Sebory Touré, et l’envoyé américain pour le climat, John Kerry, ont tenu une réunion en prolongation lors des pourparlers de la Cop26 à Glasgow.

Voici les notes du journaliste Chloé Farand qui a couvert la conclusion de ce pacte moral :

« Les pays africains ont accepté un « engagement moral » selon lequel les États-Unis fourniront un financement accru aux pays en développement pour faire face à l’intensification des impacts climatiques en échange du soutien de l’accord Cop26 à Glasgow.

Dans les dernières heures des pourparlers, les États-Unis, soutenus par l’UE, et un groupe de 134 pays en développement connu sous le nom de G77 sont restés profondément divisés sur la manière d’assurer le soutien aux pays vulnérables pour s’adapter à des inondations, des sécheresses et des cyclones plus fréquents et plus intenses. .

Les pays riches ont promis une contribution volontaire de 356 millions de dollars au Fonds d’adaptation, y compris les premières contributions des États-Unis et du Canada. Mais les pays en développement voulaient une source de financement de l’adaptation plus fiable que les promesses changeantes des nations riches.

Dans une ultime poussée diplomatique, le G77 a exigé qu’une part des revenus du commerce volontaire et bilatéral du carbone soit versée au Fonds d’adaptation. Pour le Groupe africain de négociateurs, c’était une ligne rouge.

Les États-Unis, qui se sont fortement opposés à l’idée, ont refusé de reculer, considérant la proposition comme une taxe qui empiétait sur la capacité du gouvernement à légiférer.

Le monde développé disait » faites-nous confiance, nous financerons cela volontairement « , a déclaré le ministre gabonais de l’Environnement, Lee White, à Climate Home News.

À ce stade, a-t-il déclaré, « il était presque certain que si nous commencions à rouvrir le corps du texte final de l’accord de Glasgow, nous n’allions pas obtenir d’accord avant l’Égypte », où se tiendront les prochains cycles de pourparlers en 2022.

La question est critique pour les pays africains. Une étude récente de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique a révélé que le Cameroun consacre 9 % de son PIB à la lutte contre le changement climatique, l’Éthiopie 8 % et la Sierra Leone, le Sénégal et le Ghana plus de 7 %.

Pourtant, le financement de l’adaptation ne représente qu’environ un quart des flux de financement climatique.

Dans le cadre du pacte climatique de Glasgow, les pays donateurs ont convenu de  doubler au moins leur provision collective de financement climatique pour l’adaptation aux pays en développement par rapport aux niveaux de 2019 d’ici 2025  – mais la base de référence basse signifie que c’est loin de ce dont les pays vulnérables ont réellement besoin.

Les pays africains ont estimé que leurs besoins d’adaptation combinés coûteraient entre 7 et 15 milliards de dollars par an d’ici 2020.

Les pays ont convenu à Glasgow d’affecter 5 % des revenus du commerce du carbone dans le cadre d’un marché centralisé du carbone au Fonds d’adaptation, mais une contribution n’est « fortement encouragée » que pour les transactions bilatérales.

Alors que le problème atteignait son paroxysme, l’envoyé spécial américain pour le climat, John Kerry, a traversé la salle plénière pour rejoindre le négociateur en chef du G77, Ahmadou Sebory Touré, pour discuter des choses.

« C’était la première discussion que nous avions eue au niveau politique sur la question », a déclaré White, qui a rapidement été entraîné dans le groupe.

Plusieurs diplomates impliqués dans les discussions ont déclaré à Climate Home que Kerry avait refusé de concéder. Il a déclaré que les États-Unis avaient déjà accepté de doubler leur financement pour l’adaptation et a fait valoir que le monde en développement avait beaucoup à perdre s’il rejetait l’accord sur la table.

Rappelant la conversation lors d’une interview, White a déclaré à Climate Home : « J’ai demandé très clairement à [Kerry] s’il s’engageait moralement à faire tout son possible pour s’assurer que ces fonds [pour l’adaptation] circulent. Et il a dit très clairement : « Oui, je prends un engagement moral envers l’Afrique. »

Après une conversation similaire avec le chef de l’accord vert de l’UE Frans Timmermans, une réunion a été convoquée entre les pays en développement pour évaluer les assurances de Kerry. Mais les points de vue sur la fiabilité des États-Unis ont divergé.

L’Alliance des petits États insulaires (Aosis) et le Costa Rica ont fait valoir que le projet de texte final était un meilleur résultat que pas d’accord du tout, selon des sources présentes dans la salle.

Pour l’Afrique, la pilule était beaucoup plus difficile à avaler. « Comment pouvez-vous leur faire confiance pour livrer ? C’est naïf si vous croyez qu’ils le feront », a déclaré un négociateur africain, ajoutant que l’argent d’adaptation promis par les États-Unis était « insignifiant » par rapport à ce qui est nécessaire.

Pourtant, s’éloigner des pourparlers n’est pas une option pour de nombreux pays vulnérables, qui n’ont pas d’autre espace international pour faire entendre leur voix, ont-ils déclaré.

Finalement, « nous avons décidé qu’il était plus avantageux pour les personnes que nous représentons d’aller de l’avant avec cet engagement moral fort que de tout bloquer pour une autre année », a déclaré le ministre White.

S’exprimant à Glasgow, Kerry a déclaré : « De notre ami du Gabon qui a spécifiquement demandé qu’il soit rassuré avant de partir d’ici sur le financement de l’adaptation. Je puis assurer à notre ami du Gabon et des autres pays concernés que tous les efforts du monde seront faits.

« Il y a un engagement réel à doubler le financement de l’adaptation, y compris le nôtre et que nous travaillerons d’autres manières pour relever le défi de l’adaptation. »

L’ambassadrice Janine Felson du Belize a déclaré à Climate Home : « La balle est dans le camp des parties des pays développés », pour présenter des plans crédibles de mise en œuvre.

Et il n’y a pas de temps pour attendre la prochaine série de pourparlers à la Cop27 pour annoncer ces plans, a-t-elle ajouté. « Au contraire, au moment où nous arriverons en Égypte, ils devraient être en mesure de fournir des informations sur la progression de ces plans. »

A rappeler que la 27e session de la Conférence des Parties (COP 27) à la CCNUCC se tiendra à Charm el-Cheikh, en Égypte. La COP 27 devait initialement avoir lieu du 8 au 20 novembre 2021. En raison de la pandémie de COVID-19, la COP 26 a été reportée de novembre 2020 à novembre 2021. En conséquence, la COP 27 aura lieu du 7 au 18 novembre 2022.

Le rendez-vous est pris pour le mois de novembre 2022 en Egypte.

Bangaly Condé « Malbanga »

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