Côte d’Ivoire: Bédié met fin au régime de « transition » proclamé par l’opposition

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L’ex-président et principal opposant ivoirien Henri Konan Bédié a mis fin mercredi au régime de « transition » proclamé par l’opposition contestant la réélection du président Alassane Ouattara, proposant un « dialogue national » pour résoudre les tensions nées de la présidentielle.

« Je propose dès maintenant et urgemment, en accord avec toute l’opposition, l’organisation d’un Dialogue National ». « Ce nouveau cadre de dialogue qui verra la participation de toutes les forces vives de la Nation (…) remplace évidemment le CNT (Conseil national de transition) que l’opposition ivoirienne avait initialement proposé », a écrit M. Bédié dans une déclaration transmise aux médias.

Deux jours après l’élection présidentielle du 31 octobre, dont les résultats n’étaient pas encore proclamés, l’opposition avait proclamé un « Conseil national de transition », qui devait former « un gouvernement de transition », censé remplacer le régime d’Alassane Ouattara.

M. Bédié, qui avait été présenté comme « président » de ce CNT par le porte-parole de l’opposition Pascal Affi N’Guessan, ne s’était jamais exprimé publiquement sur le sujet.

Le lendemain, le 3 novembre, après la proclamation de la réélection d’Alassane Ouattara pour un troisième mandat par la Commission électorale, les forces de l’ordre avaient placé sous blocus les résidences des principaux leaders de l’opposition, dont celles de M. Bédié.

Plusieurs responsables, dont Pascal Affi N’Guessan, ancien Premier ministre, et le bras droit de M. Bédié, Maurice Guikahué, avaient été arrêtés les jours suivants, et sont toujours écroués.

– Nouvelles élections –

L’élection présidentielle s’était déroulée dans un climat de tension, l’opposition ayant appelé à la « désobéissance civile » et boycotté le scrutin. Au total les violences électorales (politiques et intercommunautaires) ont fait au moins 85 morts et près de 500 blessés dans le pays d’août à novembre.

Le climat s’était apaisé après une rencontre le 11 novembre entre MM. Ouattara et Bédié.

M. Bédié avait cependant annoncé « suspendre le dialogue » le 20 novembre. Le parti au pouvoir avait alors répliqué en invitant l’opposition à « cesser de ruser avec la paix ».

Dans sa déclaration ce vendredi, Henri Konan Bédié souhaite que le « dialogue national », qui devra être « encadré « par « des organisations internationales », telles que « l’ONU », aborde plusieurs « questions clés ».

Il cite « l’élaboration d’une constitution consensuelle », « la mise en ½uvre d’un véritable processus de réconciliation qui prendra notamment en compte le retour des exilés et la libération des prisonniers politiques et militaires », mais aussi « l’organisation des élections, notamment présidentielles, transparentes, crédibles et inclusives ».

Comme le reste de l’opposition, il continue à estimer qu’Alassane Ouattara, réélu pour un troisième mandat controversé sur le score fleuve de 94,27% des voix  au premier tour, « n’est pas légitimement le président de la République de Côte d’Ivoire ». 

– Candidature controversée –

L’ex-chef de l’Etat (1993-99) précise que « la lutte privilégiera désormais les marches et toutes les autres formes démocratiques de la résistance », annonçant d’ailleurs prochainement une « grande marche pour le dialogue et la paix ».

M. Ouattara doit être investi lundi. Elu en 2010, réélu en 2015, il avait annoncé en mars qu’il renonçait à une nouvelle candidature, avant de changer d’avis en août, à la suite du décès de son dauphin désigné, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.

La loi fondamentale ivoirienne prévoit un maximum de deux mandats, mais le Conseil constitutionnel a estimé qu’avec la nouvelle Constitution adoptée en 2016, le compteur des mandats présidentiels a été remis à zéro. Ce que l’opposition a toujours contesté.

Les violences liées à la présidentielle de 2020 surviennent dix ans après la crise post-électorale de 2010-11, née du refus du président Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite électorale face à Alassane Ouattara.

Survenant après une décennie de tensions qui avaient coupé le pays en deux, sur une ligne identitaire entre le Nord et le Sud, la crise avait fait 3.000 morts, ainsi que 300.000 réfugiés et un million de déplacés internes, selon l’ONU.

AFP

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