Décédé le 14 juin 2021 des suites d’une longue maladie à Conakry, le général Facinet Touré a rejoint sa dernière demeure ce jeudi 17 juin 2021 au cimetière de Cameroun.
A la morgue d’Ignace Deen, où sa dépouille mortelle a été exposée, plusieurs personnalités, dont le président de la République, le professeur Alpha Condé, des parents, amis, collaborateurs et autres sont tous venus pour lui rendre un dernier hommage. Sur tous les visages se lisaient la tristesse et la consternation.
Au nom de la famille, Ambassadeur Touré, jeune frère du défunt, a d’abord remercié tous ceux qui sont venus leur apporter leur soutien en ces douloureux et difficiles moments.
« Comme nous, vous faisiez tous partie de sa vie. Collègues, amis, parents, vous êtes tous là. Nous voulons vous dire merci pour vous être associés à notre peine et nous avoir accordé tant d’attention, que nous ne saurons oublier. Mesdames et messieurs, perdre un être cher, c’est perdre une partie de soi. Quelqu’un comme le général Facinet Touré, qui était toujours là pour le meilleur et pour le pire auprès de chacun et de tous s’en va aujourd’hui. Ça ne sera pas facile mais mon cher frère, comme tu me l’as toujours enseigné et tu me disais ‘’frère ce que je souhaite pour la famille, c’est le bonheur’’. Sois rassuré que l’on suivra ce chemin pour honorer ta mémoire. Je suis certain que tous ceux qui l’ont connu et approché sont du même avis que moi. Tu étais un homme dévoué pour tous. Tes enfants, tes petits-enfants garderont ce souvenir positif de toi. Ta gentillesse, ta générosité, tes blagues, tes sourires, ta disponibilité et ta grandeur d’âme en général. Tu laisses un grand vide autour d’eux mais sache qu’ils te porteront toujours dans leur coeur », a exprimé Ambassadeur Touré, jeune frère feu le général Facinet Touré.
Pour sa part, le général Ibrahima Diallo (à la retraite) avec qui il a servi plus de 20 ans, en larmes, a, au nom des généraux à la retraite, pris la parole pour rendre hommage à un des leurs.
« Nous avons servi plus de 20 ans ensemble dans les forces armées, que ce soit au niveau de l’école militaire où nous avons reçu ensemble nos premiers grades d’officier, que ce soit à Boké où nous étions à la frontière (il était l’intendant des forces déployées aux frontières, moi j’étais ingénieur des travaux publics, que ce soit dans les différentes missions de la République de Guinée, ici à Conakry, aux frontières guinéennes ou sur le territoire africain dans les pays voisins. Ou que ça soit au sein du gouvernement du Général Lansana Conté. Lui et moi, quand on s’est connus, il a eu une sympathie particulière pour moi. Il m’a adopté comme son jeune frère. Je l’ai tenu comme un grand frère et nous avons travaillé ensemble comme tel jusqu’au jour où il a rendu l’âme. Général Facinet Touré, je m’incline respectueusement devant ta dépouille mortelle. Je présente mes condoléances à ta veuve et à tes enfants ainsi qu’à toute la famille Touré. Je présente, au nom de mes collègues Généraux, les condoléances à toute l’armée guinéenne. A commencer par le ministre de la Défense, le chef d’Etat-major des armées, tous les corps confondus. »
Kiridi Bangoura, ministre d’Etat, secrétaire général à la Présidence, a, au nom du président de la République, fait un bref rappel du parcours du général Facinet Touré. Pour lui, cet homme a traversé tous les jalons de notre histoire, avec le même style, la fierté et la sincérité. Il ajoute qu’aujourd’hui, c’est une circonstance de pleurs et de prières mais demain et après-demain que nous voulons ou pas, ses mots, ses phrases, ses prises de position se réveilleront en nous et nous permettront de savoir que nous avons perdu plus qu’un homme, on a perdu une partie de notre histoire.
« Le général Facinet Touré est rentré dans l’histoire, pas en 84 mais en 59, en faisant le choix de rejoindre la jeune République, au lieu de rester enrôlé dans l’armée française qui, à l’époque, bataillait en Indochine, en Algérie. Ce choix d’un jeune militaire guinéen est le premier témoignage de son patriotisme. Il s’en est suivi une carrière exceptionnelle. Le général Facinet Touré a traversé tous les jalons de notre histoire, toujours avec son même style,la fierté et la sincérité. Un tel homme est difficilement remplaçable mais un tel homme est source d’inspiration intarissable. Nous pouvons regarder sa vie et voir des moments qu’il peut nous inspirer pour notre vie propre mais aussi pour notre société. J’ai un souvenir, c’est en 2000. Lors des agressions rebelles, il a mis à la disposition des forces armées guinéennes sa plantation qui se trouve entre Pamalap et Gbalamouya, comme point de ralliement pour défendre la frontière. Quand Farmorya a été attaqué, il s’est rendu à la présidence de la République pour demander à son ami Lansana Conté de le laisser s’occuper personnellement de la défense de Forécariah. Et il a été le coordinateur militaire. Malgré son âge, il a été sur le terrain et il a profité de cette occasion aussi pour initier beaucoup de jeunes officiers à la gestion de ces périodes difficiles. Nous avons eu la chance à l’époque, très jeune chef de cabinet du ministère de l’Intérieur, rapporteur du conseil de défense et de sécurité, d’aller souvent en mission et de le trouver toujours dans sa plantation. Et quand on disait ‘’mais Général, vous n’avez pas peur’’, il disait « non, comme il me (l’ennemi) trouve chez moi, c’est plus simple pour moi. Je ne l’agresse pas, mais je défendrai chaque mètre carré de mon territoire. Je suis fait pour ça’’. Un tel homme dont la vie est aussi riche ne peut pas nous quitter comme ça. », a indiqué Kiridi Bangoura, secrétaire général à la présidence de la République.
Le général Facinet Touré s’en va en laissant une veuve et cinq enfants.
Christine Finda Kamano