»Drame à huis clos’’ à Hamdallaye (Boké) : la CBG dans de vilains draps, l’Etat interpellé

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L’Etat guinéen restera-t-il éternellement sourd au cri du cœur des habitants du village de Hamdallaye ? Un rapport épingle la Compagnie des Bauxites de Guinée (CBG) et ses partenaires financiers pour n’avoir pas tenu leurs engagements vis-à-vis d’un village de la Basse Guinée.

L’appétit vient en mangeant. La Compagnie des Bauxites de Guinée (CBG) dans l’optique d’étendre son champ d’exploitation minière a procédé à la relocalisation du village de Hamdallaye, à Boké (Basse Guinée) avec ses 91 familles soit plus de 600 personnes.

Pendant que l’humanité est en croisade contre la pandémie de Coronavirus, ces communautés ont été séparées de leurs terres nourricières, de leur monde naturel, de leur vivier pour être recasées dans un endroit où les conditions d’existence ne s’y prêtent point, dénoncent des ONg dans un rapport accablant. Et c’est là que ces Guinéens et Guinéennes ont été contraints de vivre désormais sans aucune condition minimale.

Les citoyens de Hamdallaye vivent dans un calvaire qui ne dit pas son nom. Et pourtant, la CBG avait fait croire au commun des mortels que le déménagement se serait réalisé dans des conditions de santé, de sécurité et surtout conformément aux mesures sanitaires de prévention contre le Covid-19. Mensonge grossier si l’on en croit le rapport.

A parcourir ledit rapport, cette relocalisation de Hamdallaye est la pire des relocalisations. La CBG, pourtant financée par de grosses pointures a réussi cette opération en tandem avec une coentreprise détenue par Halco Mining (Alcoa et Rio Tinto) et l’Etat guinéen. Pire, Les habitants du village de Hamdallaye dans la région de Boké ont été déplacés de force vers un site de réinstallation inachevé avec un seul puits d’eau au moment du déménagement. Ce qui revient à dire que ce géant minier (CBG ndlr) en complicité avec l’Etat guinéen ne s’est jamais soucié des conditions de vie des déplacés. Elle ne s’est jamais préoccupée du devenir et de l’avenir de ces pauvres villageois coupés de tout : pas de terres cultivables, pas d’écoles, environnement détruit, pas de poste de santé, pas de source d’eau potable…

« On nous a envoyé dans une zone déjà exploitée. Aucune plante ne peut pousser là-bas. Quand il pleut, il y a de l’eau partout, toutes les maisons sont inondées. Nous demandons le respect du pacte établi en 2015 », souhaite Lamarana Mamadou Bah, agriculteur à Hamdallaye, cité par la Dw.

«La réinstallation a soulevé un nombre important de problèmes. Tout d’abord, les villageois de Hamdallaye ont perdu leurs moyens de subsistance. Les activités génératrices de revenus sont un échec à ce jour et nous n’avons plus rien parce que nous n’avons pas de terre à cultiver. Sans terre cultivable, les activités sont quasi inexistantes depuis notre déplacement. Les conséquences de la perte de terres et les moyens de subsistance ont été catastrophiques pour les conditions de vie des villageois. La plupart des gens sont à court d’argent. Certains ont été réduits à partir pour les villages environnants comme Tinguilinta, Balandougou, Boundou Lengué ou vers la frontière avec la Guinée Bissau pour faire du charbon. Le village est de plus en plus déserté par ses habitants qui travaillent de plus en plus comme ouvriers agricoles avec les voisins. De plus, bien qu’il existe des forages, la qualité et la disponibilité de l’eau est problématique. Par exemple, une fois que nous obtenons de l’eau de la pompe à la mosquée, le lendemain, nous voyons un dépôt de boue. CBG dit avoir fait une étude de l’eau sur le site, mais les résultats de cette étude n’ont pas été partagés avec la communauté. Le bétail s’est également dispersé par manque d’eau et de pâturages [sur le nouveau site], sans oublier qu’il n’y a pas de clôture autour du village, ce qui est inquiétant compte tenu de la proximité du village avec la route nationale », déplore dans le rapport Mamadou Lamarana Bah, représentant de la communauté de Hamdallaye.

Même amertume pour Pascal Tanguiano, directeur du Centre du commerce international pour le développement (Cecide), un des initiateurs du rapport.

 « Nous avons par exemple recensé un cas emblématique : une veuve et ses sept enfants qui n’ont pas de logement. Il n’y a pas de canaux d’évacuation des eaux et les maisons sont inondées. La question des terres de remplacement n’a pas été réglée avec satisfaction. Tout le processus d’acquisition de logements et d’indemnisation a été aussi biaisé », dit M. Tinguiano à la DW (Deutsche Welle), invitant la Compagnie des bauxites de Guinée et ses soutiens financiers, dont la Société financière internationale, filiale de la Banque mondiale, à réparer ce qu’elles qualifient d’injustice et d’atteinte aux droits de l’homme.

« La société minière et la société financière internationale devraient être en mesure d’avoir une obligation de vigilance pour suivre tout le processus d’indemnisation et de réinstallation », poursuit M. Tanguiano, interrogé par la DW.

Par ailleurs, souligne le rapport, la réinstallation par CBG du village de Hamdallaye viole flagramment les exigences environnementales et sociales de la Société financière internationale (SFI), la branche des prêts au secteur privé de la Banque mondiale.

La CBG de son côté se fend d’un communiqué à l’allure d’un droit de réponse qu’elle distille dans la presse. Elle rejette le rapport et soutient que « la relocalisation du village de Hamdallaye a été réalisée conformément aux standards de la Société Financière Internationale (SFI), et sur la base d’un Plan d’Action, de Réinstallation et de Compensation (PARC). Ce plan a été rendu public et validé collectivement avec toutes les parties prenantes. Toutes les décisions relatives à sa mise en œuvre ont été prises dans le cadre du « Comité de Réinstallation de Hamdallaye » (…) Dans le cadre de ce PARC, la CBG a construit 173 habitations, un poste de santé, une école de 6 salles de classes, une mosquée de 300 places équipée de panneaux solaires, un marché, un centre polyvalent Communautaire, et 6 forages d’eau potable fonctionnels au moment du déménagement. Avant d’entamer le processus de déménagement, les infrastructures d’habitation ont été validés individuellement par chaque ménage lors d’un processus participatif de réception technique incluant les autorités administratives, les sous-traitants en charge de la construction et la CBG. Chaque ménage a bénéficié d’une allocation de déménagement et d’aménagement pour la construction d’abri pour ombrage. Une allocation de transition a également été octroyée à toutes les personnes résidentes au village. Les personnes ayant été identifiées comme étant vulnérables ont bénéficié de mesures d’assistance complémentaires via une allocation spécifique. Ces mesures d’accompagnent transitoires s’ajoutent au Programme de Restauration des Moyens de Subsistance ». Suffisant ?

Malgré toutes les justifs de la CBG, les ONG –guinéennes et internationales- continuent de dénoncer des engagements non tenus de la CBG et partenaires vis-à-vis des villageois sur leurs propres terres.

La Guinée devrait-elle être un scandale géologique si ses populations végètent dans la misère interminable ? C’est sûr qu’à l’image des habitants de Hamdallaye, dans Boké, beaucoup d’autres citoyens de zones minières seraient en train de vivre ou connaître le même sort.

*Lire ci-dessous le rapport…

[pdf-embedder url= »https://mediaguinee.org/wp-content/uploads/2020/07/hamdallaye.pdf »]

Maciré Camara

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