Droit de réponse- L’AVCB répond à Hadja Saran Daraba

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En réplique à la sortie de Hadja Saran Daraba sur notre site (lire ici l’article) à propos de la gouvernance du président Sékou Touré, l’Association des victimes des camps Boiro (AVCB) a fait parvenir à notre rédaction son droit de réponse…

Les errements de Hadja Saran Daraba dans ses tentatives de défendre l’assassin Sékou TOURE

Lors d’une récente conférence organisée à Conakry par des partisans de l’ancien dictateur guinéen, Sékou Touré, Hadja Saran Daraba Kaba, ancienne ministre des affaires sociales de Feu Lansana CONTE, s’est livrée à des commentaires regrettables sur l’histoire de la Guinée.

En effet, pour commencer elle indique que « le camp alpha Yaya abrite l’une des prisons les plus dures du pays…La prison de Kindia c’est l’une des prisons les plus dures de ce pays….Moi j’ai perdu mes parents au camp Boiro. 22 officiers supérieurs de l’armée guinéenne sont morts au Camp Boiro et j’ai perdu 41 personnes de ma famille à Kindia ». Ainsi, elle rappelle au peuple de Guinée que le sinistre Camp Boiro décrit par tant d’anciens prisonniers et connu à travers le monde comme étant le symbole de la nature criminelle de Sékou Touré, n’était en fait que l’un des innombrables camps de torture du pays, et probablement, selon elle, celui où la cruauté était moindre que les autres. Hadja Saran Daraba confirme par ces propos ce que l’association des victimes des Camps Boiro, représentante de toutes les victimes du PDG, ainsi que les organisations des droits de l’homme ont toujours martelé. De ce fait, cette ancienne Ministre vient exposer l’ampleur des crimes et le caractère criminel du régime du PDG. En effet, dans quel pays au monde, une citoyenne ordinaire, comme l’est Hadja Saran Daraba, peut à elle seule revendiquer 63 membres de sa famille exécutés sauvagement ? Il n’y a qu’en Guinée où cela a pu se produire. C’est pour cela que l’Association des victimes des Camps Boiro affirme que tous les guinéens sont victimes du PDG ; aucune famille n’a été épargnée.

En outre, un tiers de la population n’a dû son salut qu’à l’exil forcé. Il était interdit de quitter la Guinée sous le règne de Sékou Touré, et tout contrevenant arrêté était renvoyé au Camp Boiro, ou exécuté aux frontières par les policiers ou miliciens. Plusieurs milliers ont ainsi péri dans leur quête de liberté ou d’un avenir meilleur. Ceux qui ont réussi à quitter le pays se sont dispersés à travers le monde, ont été déscolarisés, ont erré dans les pays d’accueil sans papiers. Et seuls une minorité d’entre eux a pu s’en sortir et refaire une vie marquée par ce traumatisme. Quel triste bilan pour un PDG sensé être émancipateur du peuple !

Ensuite, Hadja Saran Daraba martèle : « le président Sékou Touré ne torturait pas au Camp Boiro, il n’était pas là-bas. Il a plein de ses amis qui sont morts au Camp Boiro, qui sont morts à Kindia, ce n’est pas lui qui torturait. Et pendant 26 ans il n’a pas conduit la Guinée seul, il avait une équipe, et c’est pourquoi çà a duré 26 ans ». Pour rappel, dès 1958, Sékou Touré est devenu président de la jeune république de Guinée, la perle de l’Afrique francophone. Il a été l’artisan de la mise en place d’un système répressif inimaginable en Afrique dans les années 60-70, et d’une brutalité inégalée. Certes il ne torturait pas physiquement dans les camps, mais c’est lui qui instrumentalisait la population, les députés et faisait arrêter et condamner qui il voulait en violation même des termes de la constitution et des lois votées par cette assemblée. Sa famille, en premier lieux Ismaël Touré et Siaka Touré, et celle de son épouse, une trentaine de personnes au total, furent mis à contribution pour assurer l’encadrement des interrogatoires et de l’exécution des tortures. De son palais, Sékou Touré suivait directement les séances de torture. Le système a pu perdurer parce que Sékou Touré était machiavélique, cruel et d’une extrême brutalité. Sékou Touré s’est attaqué à ses amis et la plupart des personnes exécutées le connaissaient bien. Il s’en est pris à toutes les ethnies. Il a décimé la Haute Guinée aussi bien que le Foutah, la Basse Guinée et la Forêt. Il a divisé le peuple, opposé les ethnies les unes aux autres, opposé les populations les unes aux autres, a forcé des citoyens à commettre des crimes et délits ignobles pour servir le système, et a fini par les arrêter, les torturer et les exécuter à leur tour. Il a ainsi fait du PDG un instrument de sa politique macabre, et des membres de ce parti, des victimes elles-mêmes des machinations de Sékou Touré et de son clan familial. Il n’y a aucune responsabilité collective, autre que celle de ces deux familles et de quelques zélés du PDG connus de tous. Hadja Saran Daraba sait que c’est là la raison profonde de la longévité du régime, qui a duré 26 ans. Nous sommes tous victimes de Sékou Touré, de sa famille et de celle de sa femme, Andrée Touré !

En poursuivant, Hadja Saran Daraba prétend que : « c’est grâce à la Guinée que la culture africaine a été valorisée à la fin du 20ème siècle…. Chaque année, il y avait un festival national des arts et de la culture, pourquoi on n’en parle jamais ». Hadja Saran Daraba n’a pas réalisé le naufrage de la Guinée sur le plan international, qui contrastait avec l’éveil culturel de l’Afrique, notamment celui de la Cote d’Ivoire et du Sénégal voisins. A ce stade, il serait intéressant de rappeler que les œuvres « artistiques » des guinéens sous le règne du PDG ne furent rien d’autres que des outils de propagande d’un régime totalitaire magnifiant le culte de la personnalité de Sékou Touré. Les festivals dont se vante Hadja Saran Daraba, furent accomplis chaque année au gré d’enrôlements forcés, de censure à outrance et aux dépens de l’enseignement ainsi que des activités économiques. À tous ceux qui les ont connus, ces festivals laissent des souvenirs amers dont pour des jeunes filles à peine pubères, des viols sexuels dont les parents n’osaient se plaindre. A ce titre, les affirmations de Hadja Saran Daraba enlèvent à la femme guinéenne toute sa dignité.

Pour induire en erreur les jeunes générations, Hadja Saran Daraba précise : « nous sommes morts pour que les autres africains deviennent libres. C’est nous qui avons libéré la Guinée Bissau. L’Angola, le Mozambique, l’apartheid en Afrique du sud. La Namibie, le Zimbabwe ». L’amère réalité est qu’une résolution de l’OUA (l’ancêtre de l’Union Africaine), sous le leadership de Diallo Telli, imposa à tous les états africains une contribution pour libérer les colonies portugaises et éradiquer l’apartheid.  On sait quel sort fut réservé à l’artisan de cette résolution, dont se vante aujourd’hui Hadja Saran Daraba. Quant à la Guinée-Bissau, les faits maintenant prouvés sur le tragique assassinat d’Amilcar Cabral s’orientent sur une complicité de Sékou Touré. En effet, Cabral fut outré par le marchandage fait par Sékou Touré à son insu, pour faire libérer les prisonniers de guerre que le PAIGC détenait à Mamou en Novembre 1970. Amilcar Cabral envisagea de transférer le gros de ses troupes au Sénégal. Oui ! le Sénégal qui fut aussi actif dans la libération de la Guinée-Bissau ! Mais Sékou Touré encouragea les dissensions internes du PAIGC qui entraîneront l’assassinat de Cabral. Un détail significatif d’ailleurs attire l’attention : les soldats du PAIGC qui exécutèrent Cabral se présentèrent à la présidence pour dire à Sékou Touré en personne qu’il s’agissait d’un règlement de compte interne. Auraient-ils agi de la sorte s’ils n’étaient pas convaincus du soutien de  Sékou Touré ? Mais ils ignoraient le machiavélisme de ce dernier, qui les arrêta et poussa à leur exécution. Peut-on alors parler si fièrement du rôle de Sékou Touré, comme le fait Hadja Saran Daraba ?

Mais là où la manipulation intellectuelle de Hadja Saran Daraba tourne à l’incohérence, c’est lorsqu’elle affirme : « qu’on avait 114 entreprises nationales publiques quand le président Sékou Touré mourait. C’est nous qui fournissions le cahier à l’Afrique de l’Ouest, on avait la plus grande imprimerie de l’Afrique de l’Ouest, l’Imprimerie Patrice Lumumba. C’est nous qui fournissions les tôles à toute l’Afrique de l’Ouest SOGUIFAB… ». Après la mort du dictateur en 1984 et la libération du pays par l’Armée Nationale le 03 avril 1984, il n’y avait aucune statistique dans le pays tellement il était mal géré. Il a fallu à la Banque Mondiale six ans pour compiler les premières statistiques fiables du pays. Ainsi, en 1990, la Banque Mondiale (cela est disponible sur son site www.worldbank.org), plaçait le Produit Intérieur Brut de la Guinée (c’est-à-dire sa richesse produite) à 2.6 milliards de dollars US. La même année, la Côte d’Ivoire avait un PIB de 16 milliards USD, le Cameroun un PIB de 16.5 milliards USD, le Sénégal un PIB de 6,9 milliards USD et enfin le Mali un PIB de 3 milliards USD. Ces statistiques permettent d’apprécier à leur juste valeur les propos de Hadja Saran Daraba. Les entreprises d’État qu’elle mentionne étaient de simples coquilles vides qu’il a fallu liquider parce qu’elles ne produisaient pratiquement aucun bien de qualité à des couts raisonnables. La dizaine de petites industries existantes vivotaient dans le marasme, avec du matériel vétuste, des détournements récurrents, l’indiscipline et le manque de professionnalisme, tous encouragés par la politique antiéconomique et de promotion de la misère comme moyens de contrôle des citoyens. Les critères de leur création n’obéissaient à aucune rationalité économique. Les plus performantes fonctionnaient à 15% de leur capacité. L’économie extractive, qui fonctionnait avec les capitaux étrangers, assurait 97% des recettes de l’Etat (le comble pour un pays dit révolutionnaire anti impérialiste).

Enfin, Hadja Saran Daraba nous donne l’occasion de rappeler au peuple de Guinée tous les méfaits du régime défunt de Sékou Touré, aussi bien sur le plan de l’anéantissement d’un peuple qui constituait la fierté de l’Afrique francophone, que sur le plan de la destruction d’une économie jadis exportatrice de produits agricoles de qualité. Avec la corruption, la perte des valeurs morales et l’appauvrissement durable des populations engendrés par le PDG, Il faudra longtemps à la Guinée pour se relever de 26 années de dictature sous Sékou Touré.

Conakry, le 28 février 2020

Secrétariat Exécutif

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