En Sicile, le journaliste anti-Mafia était un pourri
Pour de nombreux militants anti-mafia, il symbolisait la figure de proue de la lutte contre la « malavita » sicilienne. Mais le masque de Pino Maniaci est tombé depuis la divulgation de ses méthodes mafieuses à l’égard de l’administration locale auprès de laquelle il monnayait son silence…
Mais depuis le 4 mai, quelque chose s’est brisé. Formellement inculpé d’extorsion au terme d’une longue enquête ouverte en 2014, le journaliste tombe désormais en disgrâce auprès de ses admirateurs encore sous le choc des révélations. Pino Maniaci est en effet accusé d’avoir monnayé son silence auprès de l’administration municipale « corrompue », des méthodes dignes des criminels qu’il était censé dénoncer.
Pris en flagrant délit
À l’origine des accusations, une caméra dissimulée dans le bureau de la mairie d’une commune sicilienne (non dévoilée). On peut y voir et y entendre le journaliste emblématique réclamer à son « ennemi » une somme d’argent contre son silence. Devant les menaces de Maniaci de faire « sauter l’administration », l’élu sort le portefeuille et s’exécute.
Héroïsme et fanfaronnades
Soutenu au plus sommet de l’Etat, dont le Premier ministre Matteo Renzi qui croyait en sa sincérité, Pino Maniaci se sent pousser des ailes et n’hésite pas à s’en prendre au fils d’un boss local, à insulter en direct les commanditaires de l’exécution de ses deux chiens ou de l’incendie de son véhicule. Pourtant, selon les révélations de la presse italienne, le responsable de sa chute n’aurait rien à voir avec la mafia. Il s’agirait en réalité du mari de la… maîtresse de Pino Maniaci, exaspéré par les fanfaronnades de ce dernier.
Naïveté
Si les faits devaient être confirmés, ce ne serait pourtant pas la première fois que la Sicile et la lutte anti-mafia tombent dans le panneau. Ainsi, l’année passée, Roberto Helg, président de la chambre de commerce de Palerme, avait ouvert une permanence pour les victimes d’extorsion dans la métropole… avant d’être arrêté pour corruption dans une affaire de pots-de-vin.
Source: Le Monde