Etats-Unis : c’est le début de la fin pour Donald Trump
En seulement quelques minutes, le président américain a subi deux revers qui pourraient marquer son mandat. Voire, selon certains, précipiter sa chute.
Le mardi 21 août 2018 restera l’une des journées les plus noires du mandat de Donald Trump. Le même jour, et à quelques minutes d’intervalle seulement, le président des Etats-Unis a reçu deux gifles qui pourraient peser très lourd dans la suite de son séjour à la Maison-Blanche. Premièrement, son ancien avocat a plaidé coupable devant un juge de New York de fraude fiscale et bancaire. Michael Cohen a ensuite avoué avoir acheté le silence de deux femmes, dont l’actrice porno Stormy Daniels, «à la demande» de Donald Trump. L’objectif de la manoeuvre était d’éviter la fuite d’informations «qui auraient porté préjudice au candidat républicain».
L’aveu de Michael Cohen, ancien fidèle du milliardaire que l’on surnommait d’ailleurs «le pitbull de Donald Trump», est explosif. Il constitue l’accusation la plus grave portée à ce jour contre le président américain, car il sous-entend que le «commander in chief» pourrait lui-même avoir commis un délit. Or, le principal intéressé a toujours nié avoir agi contre la loi. «C’est probablement la pire chose dans toute cette phase d’enquête sur la présidence», estime Michael Caputo, ancien conseiller de Trump, cité par Politico. Trump se retrouve désormais à la merci des révélations de celui qui, autrefois, disait être prêt à «prendre une balle» pour lui, écrit le Huffington Post.
Presque au même moment, le tribunal d’Alexandria (Washington), reconnaissait Paul Manafort, ancien directeur de campagne de Trump, coupable de fraude bancaire et fiscale. Ces deux annonces sont tombées aux alentours de 16h (heure de Washington). Selon une journaliste, un proche du président américain a d’ailleurs qualifié les événements de «massacre de 16 heures».
One source in Trump world referred to this afternoon as “the 4pm slaughter"
— Tara Palmeri (@tarapalmeri) August 22, 2018
Dans le camp des adversaires de Donald Trump, on se frotte les mains. Le maire démocrate de New York, Bill de Blasio, a notamment déclaré qu’il n’avait jamais vécu un jour pareil dans l’histoire américaine depuis la démission de Richard Nixon. «Beaucoup de choses vont changer après aujourd’hui, d’autres dominos vont tomber», a-t-il ajouté.
I don't think we've seen a day like this since the end of the Nixon presidency. pic.twitter.com/L2FXoamQKS
— Mayor Eric Adams (@NYCMayor) August 21, 2018
Sur le plateau de MSNBC, l’ex-conseillère du milliardaire n’a pas mâché ses mots: «Aujourd’hui, tout a changé. C’est le début de la fin pour Donald Trump. Il sait que la personne qui connaît tout de lui (ndlr: Michael Cohen), tout de ses relations extraconjugales avec ces femmes et plein d’autres choses que les gens ne savent pas à son sujet, va maintenant témoigner en pleine lumière», a-t-elle déclaré.
“Today changed everything. This is the beginning of the end for Donald Trump … because he knows that the person who knows everything about him, about his relationship with these women and others people may not know about will come to light.” @OMAROSA on #Hardball. pic.twitter.com/pZCntnxhVl
— The ReidOut (@thereidout) August 21, 2018
Stormy Daniels, au coeur de l’affaire, s’est elle-même fendue d’un tweet lourd de sous-entendus, visiblement adressé à ceux qui doutaient de sa parole: «Qu’est-ce vous pensez de moi maintenant?» #teamstormy
How ya like me now?! # teamstormy
— Stormy Daniels (@StormyDaniels) August 21, 2018
En meeting en Virginie-Occidentale, Donald Trump s’est gardé d’évoquer Michael Cohen ou Paul Manafort. Selon le «Washington Post», qui cite des experts judiciaires, les accusations portées contre le président américain pourraient donner lieu à l’ouverture d’une procédure de destitution.
Cependant, Donald Trump ne sera probablement pas poursuivi tant qu’il officie dans le bureau ovale. Solomon Wisenberg, qui avait dirigé l’interrogatoire du grand jury de Bill Clinton lors du scandale Whitewater, va dans ce sens: «Je ne pense pas qu’il sera inculpé, comme c’est un président en exercice. Mais ça le rapproche de la procédure de destitution, surtout si les Démocrates reprennent la Chambre des représentants (ndlr: en novembre), explique-t-il à AP, repris par «Libération». Pour le «New York Times», une chose est sûre: Donald Trump est très doué pour choisir, pour des rôles de lieutenants, des «escrocs manifestes, des arnaqueurs et des truands».
Avec 20 minutes