Fidel voulait se défaire du Che, affirme le militaire qui l’a capturé

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Le général à la retraite bolivien Gary Prado, qui arrêta Ernesto Che Guevara en octobre 1967, à son domicile de Santa Cruz de la Sierra le 2 octobre 2017

En envoyant Ernesto Che Guevara en Bolivie, où il se fera tuer le 9 octobre 1967, le père de la révolution cubaine, Fidel Castro, voulait se débarrasser d’un ami devenu gênant, affirme à l’AFP le militaire qui l’avait capturé.

A quelques jours du 50e anniversaire de sa mort, Gary Prado, commandant de l’unité de l’armée bolivienne qui l’avait fait prisonnier, se souvient bien de ce que lui avait confié le Che: ce n’était pas lui qui avait décidé de venir en Bolivie.

Après avoir quitté ses fonctions au sein du pouvoir cubain, puis voyagé en Afrique et en Tchécoslovaquie, Ernesto Guevara avait été autorisé par Fidel Castro à revenir clandestinement à Cuba.

Sur place, « il a une réunion et on forme une équipe de Cubains pour l’accompagner » en Bolivie, raconte l’ex-militaire aujourd’hui âgé de 78 ans, depuis sa maison à Santa Cruz (est).

Mais Gary Prado en est certain: Fidel envoie le Che dans ce pays « pour se débarrasser de lui », une théorie qu’il défend dans son livre, « La guérilla immolée ».

Le Che « ne connaissait rien à la Bolivie », affirme le général à la retraite, en fauteuil roulant depuis qu’il a été touché par un tir accidentel il y a une trentaine d’années. Il y restera 11 mois, avec une cinquantaine de guérilleros.

– Executé à l’école –

Leurs deux premières attaques, les 23 mars et 10 avril 1967, surprennent une armée bolivienne désorganisée et mal armée, tuant 18 militaires.

La Bolivie reçoit alors l’aide des Etats-Unis pour entraîner 650 soldats.

Quand les hommes de Gary Prado, commandant de l’unité des Rangers, capturent le Che, ce dernier n’a plus à ses côtés que 17 guérilleros. « Ils ne représentaient un danger pour personne! », dit-il de sa voix douce, presque inaudible.

Ernesto Guevara n’est plus que l’ombre de lui-même, sale et affamé. « Il avait une petite gamelle avec quatre oeufs et il les protégeait plus que sa vie », raconte Gary.

Blessé par balle à la jambe, il porte des chaussures faites de chiffons et une arme endommagée.

Après avoir mangé, bu et fumé quelques cigarettes l’après-midi et la nuit du 8 octobre, le Che se sent déjà mieux. « Il m’a demandé ce qu’on allait faire de lui et je lui ai dit qu’il serait jugé comme les autres prisonniers », se souvient Gary, alors âgé de 28 ans.

Mais le lendemain, pendant que Gary Prado et ses hommes cherchent les autres guérilleros, l’armée l’emmène à l’école du village de La Higuera, sur ordre de La Paz.

Parmi les nombreux volontaires qui se présentent, c’est le sergent Mario Teran qui l’exécute, faisant sans le savoir entrer le guérillero de 39 ans dans la légende. Il ne s’exprimera jamais à ce sujet.

– Les Rolex du guérillero –

Parmi les objets, journaux et pellicules de photos non-développées en sa possession, le Che, entré en Bolivie avec un passeport uruguayen, a confié à Gary Prado deux montres Rolex que Fidel Castro avait offert aux guérilleros en leur disant au revoir.

L’une appartenait à son ami Tuma, mort au combat: il l’a remise au commandant de son bataillon. L’autre, marquée d’une pierre par le Che pour signaler que c’était la sienne, Gary l’a gardée.

Quand Cuba et la Bolivie ont renoué les relations en 1983, Gary Prado a envoyé cette montre au ministre de l’Intérieur cubain, afin qu’il la remette aux proches du Che.

« Je n’ai jamais su si elle est parvenue à sa famille », assure-t-il.

Cinquante après la mort du révolutionnaire, les militaires qui ont précipité sa chute boycotteront les hommages que le gouvernement du président Evo Morales organise ces jours-ci à Vallegrande, en présence de l’armée et des enfants du Che.

A la place, ils inaugureront dimanche à Santa Cruz un monument pour commémorer les 54 soldats tués dans la lutte contre la guérilla d’Ernesto Guevara, mettant « fin (à son) rêve utopique ».

Ambassadeur en Grande-Bretagne et au Mexique après sa carrière militaire, Gary Prado regrette qu’on se souvienne de lui comme celui qui a capturé cette « figure magnifique qui ne correspond pas à la réalité » et non pour avoir « aidé au retour de la démocratie » dans son pays.

Et il purge désormais, depuis plus de cinq ans, une peine à domicile pour avoir, selon le gouvernement, participé à une opération présumée de sécession de la région de Santa Cruz.

AFP

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