Guinée : comment éviter au CNRD la réédition des mouvements socio-politiques de janvier-février 2007? (Paul Moussa)

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🔴Par Paul Moussa Diawara🔴 »Gouverner c’est anticiper », dit-on

Rien n’échappe au champ politique. C’est un postulat. De l’affaire du sang contaminé qui a fait chuter le plus jeune Premier Ministre français de la cinquième république Laurent Fabus en passant par la grève des étudiants maliens en 1991 qui a coûté le pouvoir du général Moussa Traoré à la chute du général El Bechir au Soudan pour cause d’augmentation du prix de la baguette de pain, toute activité corporatiste ou sectorielle, économique, culturelle; raciale… devient un mouvement social ou un mouvement populaire dès qu’elle tombe dans le champ politique.

En guise de rappel, en 2007 les mouvements socio-politiques qui ont ébranlé la Guinée et fragilisé le pouvoir du général Lansana Conté étaient à l’origine la grève syndicale pour cause de cherté de la vie, avant que la société civile, les partis politiques, le patronat… ne se mêlent à la danse.

« Les mêmes causes produisent les mêmes effets », dit-on.

Aujourd’hui, la vie est chère à Conakry et dans l’arrière-pays. En effet, les prix des produits alimentaires ont explosé sur le marché, et cela, largement au dessus du revenu du guinéen, pour ceux d’entre eux qui en disposent bien évidemment. En cette période de transition qui se poursuit depuis près de cinq (5) mois, cette hyper-inflation qui constitue une misère insupportable pour la population est un piège pour le CNRD et une opportunité pour la classe politique en cas d’incompréhension avec la junte militaire sur la durée du pouvoir du colonel Mamadi Doumbouya dont le CNT est chargé de déterminer.

« Le malheur des uns fait le bonheur des autres », dit-on.

Ainsi, sans cause commune au départ, l’intérêt politique pour les uns et l’intérêt social pour les autres convergent, se rejoignent finalement car, ayant en face le même adversaire qui s’appelle le CNRD.

C’est pourquoi, il est important voire urgentissime pour le CNRD de se mobiliser, et cela, sans délai pour gérer la flambée fantaisiste des prix sur le marché afin d’éviter maintenant ou plus tard la colère des populations pour cause de cherté de la vie, un terreau fertile pour la classe politique qui pourrait embrayer là-dessus, enclencher le mouvement au nom du peuple de Guinée en appelant à des manifestations populaires contre la junte militaire qu’elle accusera ou jugera incapable de gérer le pays.

A noter que le mécontentement populaire lié à la cherté de la vie n’obéit pas au caractère démocratique ou transitoire d’un régime. Le mouvement des gilets jaunes en France, un pays pourtant démocratique, fait suite à l’augmentation du prix du carburant à la pompe, constitue une parfaite illustration.

QUE FAIRE POUR ÉVITER LE SCÉNARIO DES MOUVEMENTS SOCIO-POLITIQUES DE JANVIER-FEVRIER 2007 EN GUINÉE ?

A la différence du régime démocratiquement établi, les mouvements socio-politiques ou les mouvements contestataires dans les régimes transitoires de type militaire en Afrique subsaharienne où, la fragile légitimité du pouvoir s’assimile à l’adhésion temporaire, à l’humeur variable… du peuple, sont un handicap majeur à la sérénité, à la stabilité… du pouvoir qui, du reste, est en alerte permanente; la contestation populaire sur fond de réclamation ou de revendication catégorielle étant possible à tout moment.

En l’absence de contrat social avec le peuple par le biais des urnes, l’amélioration des conditions de vie des populations, la réalisation du progrès économique et social bénéfique au pays constituent la condition sine-qua-non d’adhésion citoyenne et populaire aux idéaux du régime transitoire, le gage certain qui tisse les liens de proximité, de crédibilité, de fidélité, de complicité… entre les gouvernants du moment et les gouvernés.

De ce qui précède, il est manifeste et évident que le CNRD est encore sur la bonne trajectoire, même si, à sa décharge, il ne dispose pas de baguette magique, il devrait rapidement prendre des mesures idoines pour résoudre la question de l’envolée spectaculaire des prix sur le marché des denrées alimentaires, des produits pharmaceutiques, des produits de pêche… afin de bénéficier de l’adhésion totale du bas peuple qui tire le diable par la queue.

Manger, c’est le premier acte humain qui consacre la liberté, la dignité, qui assure la vie et pérennise l’humanité.

« Le ventre creux n’a point d’oreille », dit-on.

Paul Moussa Diawara

Membre fondateur du CRAS

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