Guinée : De la nécessité absolue d’une nouvelle constitution ? (Par Moise Sidibé)

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[TRIBUNE]. La constitution guinéenne avait été suspendue par le CNDD, celle sur la base de laquelle Alpha Condé a été élu et réélu, n’était pas légitime, puisque aucune consultation populaire n’avait été convoquée pendant la transition. Quand Jean-Marie Doré, alors PM, avait soulevé la question du référendum, aucune des mêmes personnes qui gesticulent présentement ne voulait en entendre parler. L’adoption par décret de cette constitution, bien qu’illégale, parce que court-circuitant le peuple, n’avait chatouillé personne. A l’époque, tout le monde était pressé d’aller se jauger aux urnes.

Pourquoi c’est maintenant seulement que l’on veut la changer, d’une part, et pourquoi l’on veut la garder intacte, de l’autre, tout en sachant pertinemment qu’elle ne devrait plus tenir la route, dans un Etat civilisé et moderne? La question se pose.

La Guinée est présentement à l’acmé d’une anomie sans nom. La suspicion est à son comble. En dépit des avancées notables indéniables dans tous les domaines, la gabegie est aussi sans nom. Quand on parle de l’électricité des barrages de Kaléta et de Souapiti, on évite de dire que le prix du kilowatt/heure a bondi de plus de 30%. Les factures en font foi au district de Lambanyi.

Dans le domaine de l’Education, on peut parler facilement de génocide intellectuel programmé, à en entendre des cris et récriminations en tous genres, dans tous les secteurs. La Formation Professionnelle est morte et enterrée. Qu’est devenue la Maison d’Autriche ? A l’Enseignement supérieur, ce sont les diplômes signés par un non diplômé qui fait objet de rejet par les partenaires extérieurs. L’échec massif aux examens de cette fin d’année est comme une sanction sur une génération sacrifiée…Le constat est loin d’être exhaustif.

Dans la Santé, malheureusement, ce sont les commerçants qui gèrent désormais les hôpitaux guinéens, où la vie ne compte pour rien. Quand on voit certains médecins guinéens indexés et dénoncés par les médias et les populations à la Mecque, on se demande si le pèlerinage a un sens.

C’est quand la césarienne a été déclarée gratuite, comme les extraits de naissance, qu’elle est devenue plus courante et plus onéreuse. Curieusement, dans le quartier, cinq femmes dans un rayon de cinquante mètres ont accouché par césarienne dans un intervalle de cinq ans. Quant aux fautes professionnelles, sont-elles pas réprimées et sanctionnées, qu’on se le demande. Les importateurs agréés de médicaments haussent les prix dans les pharmacies en luttant contre les médicaments par terre.

Les routes réalisées sous la présidence de Alpha Condé sont déjà en piètre état. Quand on évalue chaque kilomètre de bitume mal fait sur le dos des contribuables de façon impunie, ça fait mal.

C’est dans tant d’incertitudes et d’acrimonies non exhaustives, ici, que les gouvernants actuels, veulent une consultation populaire sur la constitution.

On ne veut pas que ce qui est arrivé à Dadis Camara et à Blaise Compaoré, arrive à Alpha Condé.

Pour le lecteur pas habitué à cette farandole, explication détaillée :

Dadis Camara avait dit qu’il ne s’accrocherait pas au pouvoir, il a eu le soutien de tout le monde. L’appétit vient en mangeant, il a demandé aux Guinéens s’il pouvait rester. Ils ont répondu NON, au Stade du 28 Septembre. Ses militaires tirent sur la foule : 156 morts et des disparus et des centaines de blessés à vie, des femmes violées ; la CPI met son nez dans l’affaire, il y a débandade, les militaires se tirent dessus. Dadis bloque une balle de Toumba Diakité de la nuque. Pour ne pas être livré à la CPI, il choisit de rester coi dans sa coquille chez Blaise Compaoré.

Blaise Compaoré, que Alpha Condé a pris pour maître absolu en politique, n’est pas un bon maître, loin s’en faut, puisqu’il a voulu faire comme Dadis Camara, un apprenti, de tripatouiller sa constitution pour briguer un mandat de trop, le peuple dit non, fusillade dans la rue, bilan 36 morts et des centaines de blessés à vie, le peuple saccage l’Assemblée Nationale. François Hollande l’exfiltre chez Alassane Ouattara, qui dit que Alpha Condé est son maître absolu en politique.

Voilà Alpha Condé, en mauvais élève, qui ne voit pas les déboires de son mauvais maître en exil chez son mauvais élève, Alassane Ouattara, il s’est résolu vaille que vaille, advienne que pourra, de demander aux Guinéens susceptibles, contestataires et réfractaires à souhait, s’il peut changer la constitution. En quoi, il ne le dit pas, mais une nouvelle constitution remet automatiquement le compteur à zéro.

La besogne est confiée à l’inspecteur « Harry Charognard », pas à Clint Eastwood, mais à Kassory Fofana. Faut-il changer cette constitution et la remplacer par quelle autre, dont aucune disposition n’est à la connaissance de la population, comme ce contrat du port autonome de Conakry ?

Alpha se dit respectueux de la volonté populaire, mais le soin confié à Kassory, dont la position contraire à celle de beaucoup est bien connue et fait grincer des dents.

La mobilisation se fait contre cette consultation. On a soufflé à Sèkhouna Soumah que dans la nouvelle constitution, le mariage des LGBT est à l’ordre du jour. Le chef coutumier de la Basse-Guinée n’a pas attendu de midi à quatorze heures pour faire savoir son opposition catégorique. Les chefs traditionnels de la Moyenne-Guinée, de la Haute-Guinée et de la Guinée Forestière sont dans l’expectative et gardent toujours le silence. Mais qui ne dit rien consent.

En attendant, mine de rien, Alpha a fait une passe décisive à Kassory, va-t-il marquer le but, ou sera-t-il taclé, lui qui lambine toujours dans l’audit sur la gestion calamiteuse du football, pis encore, Kassory s’est déjà affiché dans cette affaire. Dire qu’il est respectueux de la volonté populaire, le coaching de Alpha Condé est comme celui de Paul Put.

Cependant ! Cependant ! Cependant ! d’un certain avis, si le fichier électoral en préparation pour les législatives était épuré et accepté par tout le monde, et que les législatives se déroulaient dans toute la transparence possible, sans que les Cellou, Sidya, Kouyaté, Faya, Marie-Madeleine… ne crient au scandale, ce fichier pourrait servir de base pour la consultation populaire sur la constitution, quel que soit le contenu, à condition que le contenu soit connu et vulgarisé d’avance. On ne peut pas demander au peuple de voter oui ou non, s’il ignore de quoi il s’agit.

Attendez, avant qu’on n’oublie un détail :« Momo Kulihkhagnè » racontait que lors du référendum du 28 Septembre 1958, les gens de David-tondon, opposant farouche à Sékou Touré, on dit que c’est lui avait ‘’gnappé’’ Mbalia Camara d’un coup de sabre, demandaient : « Tu es pour oui ou pour non ? » Non, c’est « nomoye i-khorè », ne traduisez pas, SVP.

Il n’y pas de raison de faire autant de tintamarres. Le peuple étant le référentiel suprême, et personne n’est le peuple, personne ne doit parler au nom du peuple, ni à gauche ni à droite.

Il faut éviter une autre confrontation en Guinée gratuite. La Communauté internationale doit veiller au grain.

Moise Sidibé 

 

 

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