Harcèlement sexuel et viols: la dure réalité des femmes dans les fermes de fraises en Espagne

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Début avril, le journal anglais The Guardian publiait les témoignages de dix femmes marocaines. Venues travailler avec des visas de saisonnières dans les cultures de fraises en Espagne, elles ont porté plainte pour trafic d’êtres humains, agressions sexuelles et exploitation des travailleurs.

Depuis 2001, les gouvernements espagnols et marocains ont mis en place des facilités pour faire venir de la main d’œuvre à bas prix. Elle sert à récolter les 400.000 tonnes de fraises, expédiées par la suite vers le Royaume-Uni, la France ou l’Allemagne. L’industrie de la fraise qui, avec ses 580 millions d’euros de bénéfices, a été renommée « l’or rouge national », entache aujourd’hui la réputation nationale.

40 euros par jour
Elles sont plusieurs dizaines de milliers chaque année, à quitter le Maroc le temps d’une saison pour venir travailler à la récolte des fraises dans des fermes espagnoles. La promesse d’un meilleur salaire, 40 euros par jour pour certaines en plus du logement et de la nourriture, est un véritable luxe. La réalité, pourtant, s’avère bien différente de ce qu’elles avaient imaginé.

Violences physiques et sexuelles, traitements inhumains, prostitution forcée, les plaintes se sont multipliées, relayées par les médias locaux et internationaux. Pourtant, les deux gouvernements persistent à garder leurs yeux fermés. Au Maroc, des rumeurs se sont répandues, que peinent à croire les femmes, qui pensent que dans un pays riche comme l’Espagne, ce genre de traitements n’a pas cours. Les contrats de travail sont souvent proposés en espagnol à des femmes des régions rurales avec de jeunes enfants et qui ne comprennent que l’arabe, rendant impossible par la suite la réclamation de leurs droits.

Pénibilité
Ces femmes témoignent aujourd’hui des conditions de travail déshumanisantes. Forcées de travailler en permanence en position accroupie, avec une seule pause de trente minutes, elles prestent des journées de douze heures dans des serres où les températures peuvent atteindre les 40°C. L’accès à l’eau et à la nourriture leur est refusé et elles sont pénalisées lorsqu’elles prennent des pauses pour aller aux toilettes. Elles sont hébergées dans des containers insalubres, partageant un nombre restreint de douches et de toilettes défectueuses. Isolées loin des villes, elles sont continuellement harcelées par leurs « employeurs ».

Echange sexe contre nourriture
Certaines rapportent avoir été mises sous pression pour échanger des relations sexuelles contre de l’eau ou de la nourriture. D’autres, dénoncent des viols et de la prostitution forcée pour des hommes locaux, qui attendent à l’extérieur de la ferme dans leurs voitures toutes les nuits.
L’année dernière, après un séjour de six semaines dans une ferme, dix femmes ont porté plainte auprès d’officiers de police de la Guardia Civil pour exploitation, viols et agressions sexuelles. À ce jour, elles n’ont toujours pas été entendues par la police et l’enquête est au point mort. Leurs visas expirés, sans possibilité de subvenir à leurs besoins, elles dorment à dix sur le sol du petit appartement de l’avocat espagnol qui a bien voulu les défendre.

Visas humanitaires
Certaines ont été désavouées par leurs familles et ne veulent pas retourner chez elles tant que leurs plaintes n’auront pas été entendues et leurs noms blanchis. Elles souffrent d’attaques de panique et de dépression. Début avril, le gouvernement espagnol leur a accordé des visas de travail temporaires pour des raisons humanitaires afin qu’elles puissent trouver du travail.

Si le gouvernement espagnol a annoncé une augmentation des contrôles dans les fermes et des mesures pour relayer les incidents de mauvais traitements, pour ces femmes, la lutte est loin d’être finie.

Source : 7sur7

 

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