Inde: la justice autorise un temple hindou sur un site disputé où une mosquée avait été détruite

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La Cour suprême indienne a autorisé samedi la construction d’un temple hindou à Ayodhya (nord) sur un site disputé où une mosquée avait été détruite en 1992, une victoire éclatante pour le gouvernement nationaliste du Premier ministre Narendra Modi.

Cette décision fait cependant craindre de nouvelles violences entre les deux communautés. La destruction de l’ancienne mosquée en 1992 par des nationalistes hindous avait provoqué de sanglantes émeutes intercommunautaires et fait quelque 2.000 morts.

La sécurité a été renforcée à Ayodhya, où des milliers de membres des forces de sécurité ont été déployés, dont des policiers anti-émeutes, et tout rassemblement a été interdit.

Dans son arrêt, la plus haute juridiction indienne a ordonné que le site soit confié à un trust qui y construira, sous certaines conditions, un temple hindou, tandis qu’un autre terrain sera remis à des groupes musulmans pour y bâtir une nouvelle mosquée.

Selon la presse indienne, la Cour a estimé que des preuves archéologiques montraient qu’une structure « d’origine hindoue » avait été construite sur le site avant la mosquée.

Narendra Modi s’est immédiatement félicité de ce jugement, en affirmant qu’il réglait « à l’amiable » une querelle datant de plusieurs décennies entre la majorité hindoue et la minorité musulmane du pays.

« La justice a conclu à l’amiable une affaire qui durait depuis des décennies », a déclaré M. Modi sur Twitter. « Chacun des deux camps, chaque point de vue a eu l’occasion et le temps d’exprimer des opinions divergentes ».

Pour le chef du gouvernement, « ce verdict va accroitre encore la confiance de la population dans les processus judiciaires ».

Le ministre pakistanais des affaires étrangères Shah Mehmood Qureshi a lui estimé que le jugement « plonge les musulmans d’Inde dans l’incertitude et les expose à un manque de sécurité et de protection ».

– Des années de violences –

Avant l’annonce de la décision de la Cour suprême, les autorités avaient renforcé la sécurité dans tout le pays et le Premier ministre avait appelé la population au calme et placé la police en état d’alerte.

Des milliers de membres des forces de sécurité avaient été déployés dans et autour d’Ayodhya et les écoles avaient été fermées. Des barrages de police avaient également été érigés aux abords de la Cour suprême à New Delhi.

L’arrêt de la Cour suprême devrait, selon les autorités, mettre un terme à des années de polémique et de violences autour de la mosquée du XVIe siècle détruite en 1992 par des nationalistes hindous.

Ceux-ci, parmi lesquels les partisans du Bharatiya Janata Party (BJP) du Premier ministre Narendra Modi, croient que Ram, leur dieu guerrier, est né à Ayodhya et que Babur, le premier souverain musulman de l’empire moghol, y avait fait construire la mosquée Babi sur le site d’un temple hindou.

Dans le cadre d’un mouvement lancé dans les années 80, quelque 200.000 nationalistes hindous s’étaient lancés en 1992 à l’assaut de la mosquée pour la détruire.

L’attaque avait déclenché les pires violences en Inde depuis l’indépendance en 1947: quelque 2.000 personnes, essentiellement des musulmans avaient été tuées. Dix ans plus tard, l’incendie d’un train en provenance d’Ayodhya avait tué 59 militants hindous, provoquant de nouvelles émeutes qui avaient fait un millier de tués.

En 2010, un jugement avait accordé un partage du site de 1,1 hectare entre les deux communautés, largement en faveur des Hindous, qui n’avait pas permis de mettre un terme au conflit.

Ces derniers jours, le Premier ministre Narendra Modi avait appelé la communauté hindoue à ne pas célébrer de manière véhémente un éventuel verdict favorable, tandis que des représentants de la communauté musulmane avaient également appelé les fidèles au calme.

« Quel que soit le verdict de la Cour suprême, il n’y aura ni gagnant ni perdant », avait tweeté Modi vendredi soir.

« J’appelle le peuple d’Inde à garder pour priorité que ce verdict renforce les valeur de paix, d’égalité et bonne volonté de notre pays », avait-il ajouté.

AFP

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