Insécurité : le trésorier de Télimélé tabassé alors qu’il convoyait le salaire des fonctionnaires
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Malgré l’engagement des forces de sécurité à mettre un holà au grand banditisme, les hors-la-loi continuent d’opérer en toute tranquillité dans tout le pays. Le dernier cas en date s’est produit hier jeudi sur le tronçon Kindia-Télimélé où le trésorier préfectoral de Télimélé a été la cible d’hommes armés.
Selon nos informations, les malfrats ont battu à mort la victime avant d’emporter une forte somme destinée aux fonctionnaires de la préfecture. Aux dernières nouvelles, ces malfrats courent toujours et la victime serait dans un centre hospitalier pour des soins.
Youssouf Keita
C’est un récit surréaliste et infernal, et qui ne se justifie pas du tout. Ma profonde compassion pour notre compatriote Trésorier de Télimélé, qui aurait pu mourir de façon épouvantable dans ce braquage en brousse, sur une misérable piste rurale qui date de l’époque coloniale, pour qui connaît le tronçon Kindia-Télimélé-Kakoni-Gaoual. Dieu l’assiste pour qu’il recouvre sa santé.
Ceci dit, comment de nos jours, les Trésoriers et autres préposés des Régies financières ont-ils le courage de transporter des liquidités aussi élevées ? Dans le cas présent du braquage contre le Trésorier de Télimélé, l’on dit que le montant emporté serait supérieur à 1 milliard de Francs Guinéens ! Je n’en sais rien.
Même en plein centre urbain à Conakry ou à Kindia, cela ne doit pas du tout se faire. C’est totalement suicidaire de se promener avec de l’argent liquide partout dans le monde. Pourquoi, encore et encore ces opérations artisanales moyenâgeuses de paie des salaires des Fonctionnaires de l’Etat sur le billetage ?
Si le Trésor Public n’a pas de guichet à Télimélé, est-ce une raison d’envoyer à l’enfer un préposé chargé d’assurer la paie des Fonctionnaires publics à partir des fonds qui ont été très probablement payés au guichet de l’Agence de la Banque Centrale de Kindia ?
Non, ce n’est pas du tout une raison d’organiser la logistique entre la Trésorerie Générale et ses bureaux en province d’une manière aussi périlleuse. Le Trésor Public devrait l’interdire définitivement, et assumer ses responsabilités en ce qui concerne le transport des fonds sur place.
Nulle part au monde, l’on ne peut justifier une situation d’envoi des fonds publics, comme celle qui vient de se passer à Bangouya, la dernière Sous-Préfecture de Kindia en partance pour Télimélé.
QUELLES SOLUTIONS ENVISAGEABLES À COURT ET A MOYEN TERME ?
À court terme, pour les Préposés du Trésor dans les Préfectures n’ayant pas de guichets ultra-sécurisés de la Banque Centrale, le Trésor Public devrait organiser la logistique et le transport de tous les fonds dans les Préfectures.
Pourquoi pas, avec des systèmes de convoyage de fonds suffisamment protégés et qui pourraient assurer la rotation mensuelle en direction des Préfectures où il n’existe pas de Bureau du Trésor ou d’agence de la Banque Centrale.
La responsabilité du Trésor Public est totalement engagée dans le drame qui vient de se produire, pour la simple raison qu’aucun Préposé du Trésor, n’a le droit de se promener sur les routes avec des milliards de Francs Guinéens destinés au paiement des salaires des Fonctionnaires publics.
Un Trésorier mal intentionné, ne peut-il pas avoir la tentation de s’enfuir du pays avec des sommes colossales qu’il pourrait prendre soin d’échanger très rapidement sur le marché, les Francs Guinéens contre les devises fortes (Dollar US ou Euro) et prendre tranquillement la clé des champs ?
À moyen terme, l’idéal serait d’inviter le Trésor Public et la Banque Centrale pour qu’ils mutualisent leurs ressources afin de construire dans chacune des Préfectures non encore pourvues d’agence, des immeubles qui abriteront au même endroit, une agence de la banque Centrale et une agence du Trésor Public. Pourquoi pas ?
Dans ces conditions aucun Trésorier Préfectoral, ni aucun autre Préposé des régies financières, n’aura besoin de transporter des liquidités sur des distances longues et dangereuses.
Le Trésor Public et la Banque Centrale devraient mutualiser les ressources et partager les coûts pour construire et assurer l’entretien des agences des deux Institutions dans toutes les Préfectures et même dans les Sous-Préfectures d’une taille économique relativement élevée.
Quel dommage pour le Trésorier de Télimélé et pour tous les autres qui continuent de ferrailler si dangereusement dans les transports d’argent liquide !