INTERVIEW. Baïlo Teliwel Diallo, ancien ministre : « je rejette le concept de 4 régions naturelles… »

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Baïlo Teliwel Diallo est ancien ministre guinéen de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Dans une interview -à bâtons rompus- qu’il a bien voulu accorder à Mediaguinee, ce grand amoureux de la terre et brillant intellectuel a fait le diagnostic sans complaisance de l’éducation nationale, situé les responsabilités et proposé des pistes de solution. M. Diallo a également évoqué avec pertinence la question de l’introduction des langues nationales dans les programmes scolaires en Guinée. Non sans donner son avis sur la situation socio-politique du pays. [3è et dernière partie de l’interview…]

Partout où on a divisé les nations, c’est souvent à partir de la notion de « région », associée à la notion d’ethnie, de religion, de bastion politique etc. On a dit Soudan du nord et Soudan du sud et maintenant, on se rend compte que même le Soudan du sud a des problèmes de régions.

Mediaguinee : Dans une tribune au début du règne du CNRD, vous avez déroulé cinq propositions qui sont entre autres : la fin du monopole des partis politiques à l’assemblée nationale, la sortie du régime présidentiel à outrance, une décentralisation renforcée. Pouvez-vous nous en dire plus ?

BTD : Je suis très content que cette tribune ait eu une certaine diffusion. Encore une fois, comme je l’ai dit, je suis un idéologue confronté à des enjeux, à des problèmes de cette consistance là. J’essaie de proposer au niveau conceptuel une analyse et des solutions. Je viens un peu de faire l’analyse de ce que je pense de l’ultra libéralisme et de la démocratie ultra libérale, multi partisane qui polarise tout. On nous a installé dans un système où ce sont les politiques, pouvoir ou opposition, selon le modèle libéral, qui orientent les autres domaines, qui déterminent tous les autres domaines. Et on surpolitise en ne faisant que ce soit que du politique. Donc, ma proposition de façon conséquente est : il faut faire intervenir dans le champ politique, dans les institutions politiques, des acteurs qui ne sont pas des politiques professionnels, au sens de parti politique, pour que ces institutions politiques, que ce champ politique soient plus représentatifs et plus légitimes par rapport à ce qu’est la nation. Au lieu de dire par exemple qu’à l’Assemblée, il n’y aura que les partis politiques vu le degré de maturité de notre société qui n’est pas en retard mais qui est d’une autre maturité historique et politique, peut-être, qu’il faut faire intervenir de façon organisée, de façon réfléchie, d’autres acteurs. Il faut qu’on réfléchisse au lieu de se contenter de copier des modèles ultra-libéraux qui commencent à a être contestés par toutes les forces de progrès partout dans le monde. Est-ce qu’il n’y a pas par exemple une autre façon de faire intervenir des acteurs sinon que par le biais des partis politiques. Je ne dis pas de liquider les partis politiques. Je dis qu’il faut déposséder les partis politiques du monopole qu’ils prétendent avoir sur les institutions et le champ politique. Au niveau de l’Assemblée, par exemple, de ceux qui votent les lois, de ceux qui signent les conventions, de ceux qui définissent le cadre juridique dans lequel nous devons évoluer, faire participer d’autres organisations que les seuls partis politiques. Je mets en discussion par exemple la participation des syndicats et des grands opérateurs privés qui sont plutôt soucieux de l’économie que de la politique politicienne, des professionnels de la science, de la technique, qui sont plus soucieux du levier scientifique et technique que de la politique politicienne, du monde des paysans qui sont plus soucieux du développement agricole que de la politique politicienne, et qu’ils soient là au moment où on discute des lois des accords, des conventions, du budget etc. Ce n’est pas une fois que les politiques professionnels en ont discuté qu’on va leur apporter des solutions toutes faites pour dire voilà, on a pensé à vous et ainsi de suite, non. Les politiciens me répondent que toutes ces catégories sont déjà dans les partis politiques. Je dis non. Quand tu es dans ton parti politique, tu réfléchis politique. Tu veux que ton leader soit au pouvoir. Et c’est clairement dit, ils disent tous que l’objectif de notre parti politique, c’est d’arriver au pouvoir. Donc, le paysan qui est dans un parti politique, son objectif, c’est que son parti arrive au pouvoir, et pour ce faire, il serait opposé à un paysan d’un autre parti politique ! Ce n’est plus le développement agricole. Maintenant, j’ajoute, deuxième proposition : sortir du modèle français qui est un modèle présidentiel très centralisé, fortement présidentiel, ultra présidentiel parce que le président de la république en France, c’est presqu’un monarque. Et donc, au lieu de se contenter de dire séparation des pouvoirs, on n’a qu’à ajouter « mieux équilibrer les pouvoirs ». Entre le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire et même le pouvoir de l’information, le 4ème pouvoir, voir comment ça s’équilibre de façon à ce que, d’une part, l’exécutif ne soit pas gêné parce que c’est lui qui doit mettre en œuvre les politiques publiques mais, d’autre part, qu’il ne soit pas tout puissant face à un législatif qui ne serait qu’une caisse de résonnance. Et ça, ça nécessite beaucoup de réflexions. Ça signifie par exemple donner un peu plus de pouvoirs non pas à l’Assemblée en tant que telle, mais, aux commissions parlementaires, c’est-à-dire, le droit de regard, le droit de contrôle, le droit de suivi, non pas seulement sur le chef de l’État mais, aussi sur l’exécution des politiques publiques par les ministères, par les directions techniques, au compte des citoyens. J’ai aussi parlé d’une chose à laquelle je tiens beaucoup, la décentralisation. Nos sociétés sont structurées de telle façon que tant qu’on n’acceptera pas la décentralisation au sens fort du terme, les populations ne se sentiront pas concernées, ni même bénéficiaires des progrès, même si les progrès sont de bonne foi. Nos élites politiques, administratives et techniques à l’échelle nationale sont trop réfractaires à la vraie décentralisation. Alors, par les textes sur la décentralisation, on délègue alors que c’est l’inverse. Normalement, c’est le peuple qui délègue son pouvoir au centre. Nous, la définition, c’est le centre qui délègue ses pouvoirs à la base, aux collectivités décentralisées. On délègue des textes, on délègue des droits, on délègue des compétences, mais on retient aux niveaux centraux la répartition et même la gestion des ressources financières, des ressources humaines, des ressources en matière d’information. Résultats, celui qui détient ces ressources là détient le pouvoir. Je prends par exemple les agences mises en place pour planifier les ressources financières mobilisées pour les collectivités décentralisées : à mon avis ce sont des biais, une façon de freiner la décentralisation, et donc la démocratie à la base. Ce n’est pas vraiment nécessaire. Il faut mettre, via le budget et la loi des finances, ou via les organes de la planification territoriale décentralisée, les ressources mobilisées. Ça ne veut dire qu’on les met toutes à égalité. C’est là où l’État doit avoir, à travers la planification, le pouvoir d’équilibrer le développement territorial. A compenser là où il y a trop de retard en matière d’éducation, de santé, d’enclavement et autres pour que la solidarité nationale On a pas besoin d’une agence qui va dire, moi, j’ai de l’argent, dites-nous ce que vous voulez, non. Envoyons les ressources mobilisées directement dans le budget des collectivités et suivons, à partir de là, ce que les collectivités feront de ces ressources, les populations savent ce qu’elles veulent et quelles sont leurs véritables priorités. C’est de cette façon que nous pourrons, a très court terme, améliorer la bonne gouvernance locale et le développement participatif décentralisé. Mais tu viens dire aux collectivités d’envoyer des projets et les agences vont les financer, alors tu les places dans la mendicité, dans la dépendance, avec tout ce que cela pourrait entraîner en corruption clientélisme, inéquité, manque de transparence… La véritable décentralisation signifie également qu’en matière de gouvernance, il faudra tenir compte des spécificités locales, des ressources locales, des identités locales et des modes locaux de gestion, de planification, de réflexion. On a l’habitude de ça. On a bâti l’Empire mandingue, ça date du 12ème siècle. Quelqu’un qui a bâti l’Empire mandingue, quelqu’un qui a mis en place le royaume théocratique du Foutah ou qui a organisé des communautés premières des royaumes en Guinée Maritime ou Forestière, il ne peut pas gérer un quartier il ne peut pas gérer un village ? Qu’on ne nous raconte pas des histoires, qu’on ne nous donne pas une vision technocratique des choses. Le président Sékou Touré disait que le PRL (Pouvoir Révolutionnaire Local) n’est pas une solution, c’est la solution. Donner le pouvoir à la base, ce n’est pas une solution, c’est la solution. Je prends un exemple dans l’éducation. Si c’était la base, le conseil communal via le maire qui recrutait les enseignants du primaire, qui payait, qui évaluait les enseignants du primaire et qui proposait des primes et autres, avec l’appui des services techniques, car c’est ça le rôle des services techniques, c’est d’aider le conseil communal à faire le bon choix mais, que la responsabilité de la décision relève du maire, je suis convaincu que beaucoup de choses iraient mieux. Par exemple, si un enseignant abandonne sa salle de classe pour venir passer trois mois à Conakry, le maire ne le paie tout simplement pas. Le maire a le fonds, c’est lui qui paie. Le fonctionnaire à la base doit venir émarger chez le maire. Maintenant, s’il le laisse émarger un enseignant qui n’a pas fait un bon travail, ça, c’est de sa responsabilités, et ses électeurs finiront par se dire hum, si ça continue comme ça, la prochaine élection, ce sont d’autres qui vont venir. Par contre, si le fonctionnaire recrute par le conseil communal, agent de santé, enseignant, police communale, et., fait du bon boulot, alors il pourrait bénéficier de primes au résultat, accordé également par le Conseil. Ce sont des réflexions comme cela que je propose comme modèle de démocraties participative à la base, dans de nombreux domaines, comme l’environnement, la santé, la gestion des terroirs etc. Ce sont des réflexions que je propose, sur lesquelles je voudrais surtout que les jeunes réfléchissent. C’est pour cela que dans mon dernier bouquin « Insurrection idéologique, entretien avec un jeune sur l’ethnie, sur la démocratie et sur le développement », le seul conseil que je donne aux jeunes, c’est, il faut réfléchir. Il ne faut pas avaler les mots et les répéter ccommedes textes sacrés. Savoir vraiment de de quoi on parle quand on utilise un concept..

Pour faire bouger les lignes, pour faire évoluer une société, ça prend du temps. Alors, quand je dis, il faut donner du temps au temps, les gens disent ah, il veut que les militaires restent. Il ne veut pas que les civils reviennent. Ce n’est pas mon problème. Ce n’est vraiment pas mon problème. Je voudrais que l’État que l’on mettra en place sur une période donnée soit un Etat pensé par le peuple de Guinée, pour le peuple de Guinée, par ses forces porteuses de progrès.


« Prenons le temps qu’il faut pour nous éviter de perdre du temps et hâtons-nous lentement », vous l’avez écrit. Avec la situation sociopolitique actuelle du pays, cette phrase est-elle d’actualité ?


BTD : Moi, je la prononce. Moi, je l’assume. Maintenant, malheureusement ce n’est pas moi seul qui décide. Mais, tout ce que je viens de dire montre la nécessité de repenser non seulement l’État en tant que tel mais, les différents dispositifs par lesquels l’État exerce réellement son pouvoir et met en œuvre des politiques publiques. Pour ce faire, transition ou pas,, il faut donner du temps au temps. Tu ne peux pas dire « je veux faire une réforme de l’éducation en profondeur et l’année suivante je veux avoir 80% de réussite » . Tu ne peux pas dire « je veux faire une politique agricole pour multiplier les rendements du riz, du maïs, par 4 ou par 5 et dire, et ce sera pour la saison prochaine ». Tu ne peux pas dire, « je veux équilibrer le pouvoir entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire et dire bon, je prends un décret et ce sera fait demain ». Tu ne peux dire, « je vais adopter l’approche d’un Etat fortement décentralisé » et l’obtenir parce que tu as pris un décret. Non. Pour faire bouger les lignes, pour faire évoluer une société, ça prend du temps. Alors, quand je dis, il faut donner du temps au temps, les gens disent ah, il veut que les militaires restent. Il ne veut pas que les civils reviennent. Ce n’est pas mon problème. Ce n’est vraiment pas mon problème. Je voudrais que l’État que l’on mettra en place sur une période donnée soit un Etat pensé par le peuple de Guinée, pour le peuple de Guinée, par ses forces porteuses de progrès. Jeter les bases fondamentales d’un tel processus, c’est ça, la vraie transition. Que cet État là nous sortent de la violence, de la division, de l’ethno politique, de la haine de soi, de la dépendance. Que des leaders politiques émergent dans ce processus, des leaders politiques qui portent et défendent ce processus. Qui ne le défendent pas seulement par la parole mais, par des programmes. J’ai dit à mes jeunes dans « Insurrection idéologique »,vous jeunes, demandez à chaque parti politique son programme, pas uniquement sa vision. Pas comme la plupart des politiciens professionnels disent, « j’ai un projet de société ». ok, mais pour bâtir cette société, quel programme vous avez ? Et ce programme doit être chiffré. Tu ne dois pas dire, quand je serai au pouvoir, je construirai une école pour chaque village – où tu vas prendre l’argent ? Je vais multiplier tous les salaires par 3 – où tu vas prendre l’argent ? Je donnerai de l’emploi à tous les jeunes – où tu vas prendre l’argent ? ». C’est ça le programme. Le programme, c’est non seulement les objectifs mais, ce sont les moyens pour atteindre ces objectifs là. Si les jeunes interrogeaient les partis politiques sur leurs programmes pour voir la cohérence de ce qu’ils disent, la faisabilité de ce qu’ils disent, ils pourraient mieux apprécier la véracité de ce qu’ils disent, et qu’ils se donnent les moyens de contrôler, de suivre et d’évaluer. On irait alors vers une démocratie participative. Mais, s’ils se laissent illusionner, par des mots-clés de propagande politique, alors…

Ce n’est pas simplement le concept région naturelle qui me semble faux, c’est que ça piège politiquement aussi la perception que nous avons de notre nation.


Vous êtes farouchement opposé à ceux qui pensent que la Guinée est divisée en quatre régions naturelles ayant des identités historiques, socioculturelles spécifiques. Pour vous, c’est un faux postulat qui peut ouvrir la voie à l’instabilité ?

BTD : Mais bien sûr. D’abord, le concept de région naturelle, j’ai toujours dit et je le répète souvent qu’il y a des concepts, quand tu les prononces, ça t’a l’air évident, mais quand tu commences à réfléchir, tu te rends compte que ce n’est pas aussi évident que ça. Quand tu dis quatre (04) régions naturelles en Guinée, ça a l’air évident. Mais qu’est-ce qui est « naturel ? Quand tu prends les éléments naturels, c’est-à-dire, le relief, la pluviométrie, le climat, l’hydrographie, ne serait-ce que cela, tu te rends compte que les lignes de partage en région ne se superposent pas aussi facilement que cela. Et qu’il y a parfois des ensembles régionaux avec des cohérence plus longitudinales, est-ouest, que nord-sud. Si tu prends par exemple le relief, elles ont plus une configuration longitudinale, avec les piémonts du Foutah déjà en Guinée Maritime, se poursuivant avec les monts du Foutah, puis la dorsale guinéenne pour aboutir à la chaîne des Monts Nimba. De même, il y a une grande cohérence des sols qui va de Boké à Siguiri, ou de Forécariah vers N’zérékoré. Quand tu prends l’hydrographie, tu te rends compte que tu as une configuration des bassins fluviaux qui n’est pas auto centrée mais, il y a des bassins hydrographiques du nord-est et du nord, il y a des bassins vers le sud et des bassins vers l’ouest. Quand tu prends la pluviométrie, tu te rends compte que les configurations, c’est de Boké vers Siguiri et de Forécariah vers la forêt. Alors, quand tu dis que c’est naturel, il y a quatre régions naturelles, je dis hum, d’accord. Moi, j’aimerais bien que de vrais géographes nous aident à réfléchir sur le concept de région dite naturelle. Pourquoi c’est un problème ? Le premier élément est d’ordre économique. Tu planifies en fonction aussi des régions naturelles. Or, si tu fausses la notion de région naturelle, tu fausses la base de la planification régionale. Si tu prends les bassins des fleuves, la planification régionale autour des bassins fluviaux, tu ne vas pas faire des longitudinales, tu vas faire autre chose. Si tu planifies l’occupation agricole des sols en fonction de leur type, tu ne vas pas faire des transversales. Tu as des bassins différents. C’est le premier aspect. Le deuxième problème, pourquoi mes réserves sur ce concept de 4 régions naturelles ? C’est que derrière les concepts de région naturelle, certains politiques, beaucoup de politiciens visent la partition du pays en régions naturelles pour que ces régions ethno-naturelles afin qu’elles soient plus aisément leurs bastions en terme de langage politique : « nous ressortissants de telle région… ». C’est assez facile avec les divisions verticales des régions et c’est impossible si on prend les divisions géo-climatiques est-ouest. Et ça, c’est l’un des plus grands dangers qui guettent notre nation. Partout où on a divisé les nations, c’est souvent à partir de la notion de « région », associée à la notion d’ethnie, de religion, de bastion politique etc. On a dit Soudan du nord et Soudan du sud et maintenant, on se rend compte que même le Soudan du sud a des problèmes de régions. De même pour les velléités de partition de l’Éthiopie, de la Somalie, du Congo, du Nigéria, du Cameroun, du Mali etc. Et nous aussi, on commence à nous instiller dans la tête ce concept de région naturelle, pour dire que ça doit être une fédération ou une confédération de régions naturelles. Quelles régions naturelles ? C’est extrêmement dangereux. Donc, je rejette cela. Mais, je ne le rejette pas de façon dogmatique. Je dis aux jeunes, réfléchissez, ne vous laissez pas piéger. Moi, je suis de N’Zérékoré au même titre que de Boké ou de Forécariah. Et il faut qu’on arrête, que les jeunes cessent de dire, nous les natifs de…. Il faut être chez soi partout en Guinée, être impliqué partout en Guinée. C’est comme cela que se créent les solidarités. Ce n’est pas simplement le concept région naturelle qui me semble faux, c’est que ça piège politiquement aussi la perception que nous avons de notre nation.

Contrairement aux discours dominants qui veut que les jeunes soient mal formés, peut-être même mal éduqués, qu’ils sont trop poussés par l’argent, par la réussite rapide, moi, je crois que les jeunes guinéens, les jeunes africains ont un potentiel de développement extraordinaire que nous, on n’avait pas


Nous sommes à la fin de cette interview, quel est votre mot de la fin ?


BTD : je dis, j’affirme et je signe, j’ai beaucoup confiance aux jeunes guinéens. Contrairement aux discours dominants qui veut que les jeunes soient mal formés, peut-être même mal éduqués, qu’ils sont trop poussés par l’argent, par la réussite rapide, moi, je crois que les jeunes guinéens, les jeunes africains ont un potentiel de développement extraordinaire que nous, on n’avait pas. Ils sont aujourd’hui, potentiellement, la plus grande force porteuse de progrès. Et certains d’entre eux ont commencés à réaliser ce potentiel, même si les médias ne les mettent pas en lumière, parce que les médias aiment mettre l’accent sur les problèmes, les difficultés, mais ne mettent pas suffisamment d’accent sur les réussites extraordinaires qu’il y a dans ce pays. Il y a des jeunes qui réussissent, il y a des jeunes qui se battent au sens positif du terme, qui font avancer les choses à leur niveau. Il y a des jeunes qui montrent la voie y compris au niveau politique, y compris dans les partis politiques. Ça, c’est le premier point. Mais, pour que ce potentiel se réalise pleinement, les jeunes doivent opérer une insurrection idéologique. C’est-à-dire, réfléchir sur les mots qui portent les valeurs. Ce sont les valeurs qui ont du sens, ce ne sont pas les mots. Mais pour réfléchir, on passe par des mots. Les mots sont souvent ambivalents, ils sont ambiguës. Il faut construire les mots et parfois les déconstruire pour les reconstruire. Le mot démocratie a plusieurs sens.

La balle est dans le camp des jeunes. Unis et intellectuellement armés, ils vaincront. Désunis, idéologiquement aliénés et intellectuellement dépendants, ils perdront de nombreuses batailles…

Le mot développement a plus de sens encore. Le mot région, on vient d’en parler. Le mot école, c’est quoi l’école ? Il ne faut pas se limiter à la représentation immédiate des choses. Les jeunes sont intelligents, s’ils ne limitent pas leurs réflexions à la phrase de twitter, ou au petit texte de blog, ou au court texte de Facebook, vraiment réfléchir, se cultiver, capitaliser tout ce qu’il y a comme capital historique, intellectuel, théorique, alors, l’avenir à partir d’aujourd’hui est entre les mains des jeunes. J’ai beaucoup d’estimes pour les rappeurs et parfois, derrière le rap, il y a une pensée. Mais, le rap ne remplace pas la pensée. C’est en réfléchissant correctement que l’on peu construire la nation, dans l’unité d’action. La balle est dans le camp des jeunes. Unis et intellectuellement armés, ils vaincront. Désunis, idéologiquement aliénés et intellectuellement dépendants, ils perdront de nombreuses batailles…

Réalisée par Sadjo Bah

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