INTERVIEW. Bogola Haba du FNDT : « on a demandé au MATD de dissoudre les partis politiques… »

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Le coordinateur du Front National pour Défense de la Transition (FNDT), a dans une déclaration, recommandé au ministère de l’Administration du territoire et au CNT, de dissoudre les partis politiques guinéens. Interrogé par Mediaguinee, Keamou Bogola Haba a réitéré cette position, avant de se prononcer sur l’actualité sociopolitique du pays, avec l’appel à la mobilisation des leaders de l’UFDG, de l’UFR, mais aussi le voyage du colonel Doumbouya dans l’arrière-pays. Pour lui, en lieu et place du multipartisme intégral qui a conduit la Guinée à une situation politique intenable avant le 05 septembre, qu’il soit mis en place trois courants qui permettront aux populations de s’intégrer politiquement, communautairement, ethniquement et faire en sorte que ces partis n’appartiennent plus à une tierce personne. Interview !!!

Mediaguinee : Dans une déclaration lors d’une conférence de presse, vous avez fait des recommandations notamment la dissolution des partis politiques. Qu’est-ce qui a motivé cette décision selon vous?

Keamou Bogola Haba : Oui effectivement, l’une de nos recommandations, a été celle de demander au ministère de l’Administration du Territoire et de la décentralisation [MATD] de dissoudre les partis politiques. Nous avons également dit au CNT [Conseil national de la transition], d’accélérer la rédaction de la nouvelle Constitution, au sein de laquelle il y aura immédiatement la nouvelle charte des partis politiques, pour que nous rentrions dans une situation de normalité sur le plan politique. Cette recommandation est bien motivée, en ce sens que nous avons une opportunité énorme dans cette transition qui est une période exceptionnelle, où nous sommes en train de changer beaucoup de choses après 63 ans. Autre facteur, c’est que ce n’est pas un parti au pouvoir qui s’est succédé à lui-même, mais plutôt une jeune génération qui n’a pas connu assez de problèmes avec leur gestion antérieure. Nous avons donc la possibilité de faire la refondation à 365°, ce qui serait difficile avec l’administration passée. Par conséquent, nous avons constaté après la revue des 32 ans de  notre multipartisme intégral qui nous a conduits à une situation politique intenable avant le 05 septembre, qu’il y avait deux partis communautaires après la défaite du PUP qui servait le contre-poids au RPG Arc-En-Ciel et à l’UFDG, deux partis qui ont résisté au communautarisme. 

Et donc, nous sommes dans cette situation, où vouloir corriger tout ça sera très difficile, parce que ces partis ont eu des ancrages difficiles à éliminer aujourd’hui. Il faut donc que tous les partis politiques soient dissous et que dans la nouvelle Constitution, nous prévoyions une alternative ou deux à trois courants qui vont nous permettre de nous intégrer politiquement, communautairement, ethniquement et faire en sorte que ces partis ne soient pas des partis de personnes, où les mêmes leaders continuent de diriger depuis la création. Il faudrait que nous partions dans la nouvelle Constitution, avec l’organisation des primaires à chaque élection. Cela peut donc donner à tout le monde de pouvoir candidater. 

Mediaguinee: Dans la même déclaration, vous avez demandé aux populations de s’abstenir de prendre part à la manif projetée par les forces vives de Guinée (FVG). De l’autre côté, loin du pays, Alpha Condé, Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré continuent d’appeler à la mobilisation. Votre regard là-dessus ?

Keamou Bogola Haba: Nous avons été clairs. Le changement profond que nous demandons aujourd’hui au CNRD, ce sont les attentes des populations afin que le peuple adhère à leur idéologie. On ne peut s’attendre que l’ensemble de l’ancienne classe politique, qui est en contradiction avec la nouvelle donne nous laisse faire. Même si vous êtes venus du mont Nimba ou du mont Loura et que vous leur donnez toutes les propriétés, ils ne vont pas renoncer à leurs attentes de vouloir faire changer la donne. Il faut donc que les Guinéens se préparent à cela. Ils vont pendant ces 24  mois, continuer à secouer la République. Et parmi eux, si l’un ne sera pas Président après cette transition, ils feront toujours la même chose avec le nouveau qui sera là. Alors face à cette situation, nous avons deux types de responsabilités à prendre. La première revient à la population, laquelle on a demandé d’ignorer complètement ces appels à manifester, parce que le processus qui a commencé ne va pas s’arrêter. De ne vraiment pas céder à cette provocation et de ne pas aussi répondre à ces appels.

Le deuxième niveau de responsabilité, ce sont les autorités qui doivent prendre leurs responsabilités à travers les forces de sécurité et de la protection civile. En appliquant la loi et uniquement la loi.

Parce ce ne sont pas les ambassadeurs de la paix, les religieux et autres qui les amèneront à renoncer à cette décision. 

Mediaguinee: Les religieux ont récemment rencontré l’ANAD, l’UFR et le RPG Arc-En-Ciel pour les amener à renoncer à la manifestation et à rejoindre la table du dialogue. Sauf que ces acteurs tiennent mordicus au respect de leurs points de revendications, notamment la reprise du dialogue avec la CEDEAO ou encore la libération de leurs amis en détention. Que vous inspire cette démarche ? 

Keamou Bogola Haba: Dans notre déclaration, nous avons fait une  recommandation importante à ces religieux en leur disant de ne pas s’interférer dans les affaires judiciaires de l’État. Ce sont des personnes qui sont en conflit avec la loi et qu’il faut la loi pour pouvoir les redresser. Et donc ce que nous, nous demandons, Oui aux religieux de faire ce qu’ils ont en train de faire, mais de ne pas aller au-delà. De faire plutôt appliquer la loi. Aucune religion ne demande aux gens d’aller voler les biens de l’État, ou d’aller casser les biens d’autrui. Ces religieux doivent être les garants de la bonne gouvernance, ce qui est d’ailleurs leur mission selon la loi. Et ils doivent faire cette recommandation à ceux qui ont gouverné hier, qui gouvernent aujourd’hui et qui gouverneront demain.Passer donc un message de fermeté est extrêmement important. 

Mediaguinee: Que pensez-vous du voyage du Président de la transition Mamadi Doumbouya dans l’arrière-pays [précisément à N’zérékoré] où il a célébré la journée de la femme?

Keamou Bogola Haba: C’est une très bonne chose, qui consiste d’abord à consolider son pouvoir, vu que c’est l’une des premières. Deuxièmement, c’est également une bonne chose, en ce sens que nous avons un avion qui permet au Président de faire tous ces déplacements. La troisième raison, c’est que les populations en voyant le Président chez eux, ça veut dire que l’autorité de l’État est en cours et que le pays est complètement couvert. Cela permet aussi au colonel Doumbouya de remercier les femmes et les rassurer qu’il est en train de travailler pour elles. Aujourd’hui vous avez vu la place qu’occupent les femmes à travers les différents décrets que prend le Président. Ça veut dire après 63 ans, il faut renouveler tout, il faut remplacer tout, d’où la refondation. Ça montre que la question de la femme est extrêmement importante. 

Mediaguinee: le mercredi, 8 mars dernier, c’était la journée internationale des droits des femmes célébrée à travers le monde. Un mot donc à leur endroit, surtout celles de la Guinée ?

Keamou Bogola Haba: Nous disons aux femmes de prendre leur responsabilité, parce que c’est à elles que Dieu a donné cette capacité de mettre au monde. À celles de ma Guinée, de ne plus accepter d’être manipulées par qui que ce soit, parce que nous l’avons vu les années passées, où les femmes ont été arnaquées avec cette question des MUFFA. Elles ne sont pas rentrées en possession de leur droit et elles sont aujourd’hui en mal avec leur communauté et la justice. Je crois que l’affaire à la crief est une affaire très importante que nous suivons de près. Je pense que ces femmes vont être rétablies dans leurs droits. Mais que désormais, qu’elles prennent vraiment leur responsabilité et de ne plus faire de la démagogie. De dire au CNRD, au Président de la transition, de continuer la refondation afin que la nouvelle Guinée renaisse de ses cendres à travers les jeunes et les femmes.

Mediaguinee: Peut-être un dernier pour clôturer ?

Keamou Bogola Haba: C’est de dire que c’est un combat générationnel qui est actuellement en cours. Vous avez une génération qui a géré ensemble et qui a des intérêts en commun pour pouvoir maintenir leur hégémonie sur l’échiquier national et pour pouvoir protéger leur acquis sur le dos de l’État.  Vous avez toute une génération qui pense au futur et qui veut que les choses changent. Alors qu’on le veuille ou pas, ce changement générationnel doit être fait à tous les niveaux, ceci pour une prise de conscience et pour ne pas continuer à influencer le processus en cours. 

Propos recueillis par Sâa Robert Koundouno

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