Interview. Ifra Dieng, président délégué du HAFIA FC : « toute la Guinée attend que le Hafia se réveille »

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Appelé au moment opportun pour relancer la machine Hafiaqui avait du mal à prendre ses marques dans l’élite du football guinéen, Ifra Dieng, ce proche et homme de confiance du richissime propriétaire du seul club légendaire du pays mesurait bien le poids de la mission à porter pour répondre aux nombreuses attentes. Des mois après le démarrage du championnat de ligue 1 GUICOPRES, sa conduite des affaires et son top management administratif redonnent de l’espoir pour un retour au premier plan du club triple champion d’Afrique des clubs. De son passionnant parcours, à son amour pour le foot. En passant par sa mission et ses ambitions à la tête du club, l’ex DJ nous parle à cœur ouvert. Exclusif !

Mediaguinee: Monsieur le président délégué, un bref aperçu de votre présentation et parcours pour le plaisir des lecteurs, s’il vous plait .

Ifra Dieng : D’abord, je vais remercier l’équipe de votre quotidien du fait d’avoir pensé à ma modeste personne pour le compte de cette parution. Alors, je suis Ifra Dieng, journaliste diplômé de la 35ème promotion de l’université de Conakry depuis 1999. Je dirai que j’ai eu un parcours atypique dans ma progression professionnelle car que j’ai touché à un peu de tout avant d’être où je suis maintenant. J’ai toujours eu comme philosophie de faire ce que j’aime pour lier l’utile à l’agréable.Ainsi, à la fin de mes études supérieures et comme tout jeune diplômé, j’avais beaucoup de fougue et l’objectif était de travailler aussitôt dans un média. A l’époque, il n’y avait pas cette floraison de médias en Guinée, Il fallait quasiment passer par la maison mère, la RTG qui est un média étatique qui malheureusement pour moi, ne collait pas à mes ambitions professionnelles, ni à ma conception de la profession de journaliste. Avec la passion qui m’animait pour la musique, je me suis retrouvé à être DJ par la force des choses. J’ai fait mon apprentissage au Grand Bleu chez mon ami Edouard en 1999. Ensuite, j’ai pris goût pour me retrouver au Climax, devenu après Crisber où j’ai travaillé pendant plus de cinq ans.C’est à la suite de cette expérience que certains amis et moi avions ouvert le Nirvana Night-Club à Coléah. Au départ, mon entourage et mes proches  étaient surpris de ce choix, mais je savais personnellement que ce n’était pas une distraction mais plutôt un gagne-pain doublé d’une passion me permettant de rester indépendant et éviter l’oisiveté et le parasitisme. Ainsi, j’ai exercé le métier de DJ pendant douze ans de ma vie, ce qui n’était pas prévu au départ. Je ne regrette pas d’avoir fait ce métier puisqu’il m’a permis de remporter le titre de champion de Guinée et surtout de faire la connaissance de grandes personnalités, mais aussi des célébrités. J’ai dû travailler très dur avec du sérieux avant d’intégrer la multi nationale Nestlé Guinée à la suite d’un test organisé en 2004.J’y ai passé près de six ans dans les activités de commerce et de marketing, avant que le groupe GUICOPRES S.A ne fasse appelle à mon expérience en 2010 comme responsable des vente au compte de sa filiale commerciale Guico Multi Service International que je dirige désormais en qualité de Directeur général depuis 2016. Par ailleurs, j’ai aussi pratiqué le football amateur au FC Séquence où j’ai été capitaine en 1996. Donc, ce n’est pas un parcours commun.

Aujourd’hui président délégué du Hafia FC, peut-on savoir ce qui a prévalu au choix de votre auguste personne?

D’abord, je ne pense pas être le mieux placé pour expliquer ce qui est à la base de ce choix, par ce que vous le savez autant que moi que j’ai été choisi. Mais je dirai plutôt que c’est une question de confiance, car Monsieur Kerfalla Camara KPC a plusieurs cadres qui travaillent autour de lui et qui répondent parfaitement aux critères pour diriger ce club. S’il m’a porté cette confiance, cela démontre à quel point notre collaboration professionnelle a été sincère, respectueuse et cordiale pendant ces 13 années. On a toujours su distinguer l’amitié du professionnel pour avancer. L’autre raison est certainement liée à ma passion pour le football. Je suis un passionné du foot et déjà, en tant que simple cadre de GUICOPRES,  je suivais le Hafia presque partout où il se déplaçait pour ces matchs de Ligue 1 et même en coupe. Il arrivait des moments où on discutait avec le président KPC sur certains aspects du jeu de l’équipe en présence de l’actuel secrétaire général du club. Je profitais souvent de ces échanges pour donner mon avis et je crois que tous ces éléments ont dû peser en ma faveur.

Ainsi, que peut-on savoir du projet du club ?

Je dirai que nous avons un projet reparti en deux phases, dont l’une à long termes qui est la construction et le fonctionnement de l’académie de Khörira (Dubréka) sur initiative du président KPC. A date, une cinquantaine de jeunes apprenants âgés de 12 à 13 ans sont recrutés à la suite d’un test rigoureux pour être pris en charge dans un système sport-étude. L’idée n’est pas que de former des footballeurs, car il n’y a aucune certitude que ces 50 jeunes seront tous des footballeurs professionnels. Mais depuis trois ans, nous faisons en sorte qu’ils soient des hommes capables de s’intégrer dans la société à l’approche des 18 ans mais aussipour enrichir l’effectif du Hafia et les sélections nationales guinéennes. L’autre phase à court termes concerne l’équipe A du club où tout est ugent en terme de resultats y. Toute la Guinée attend que le Hafia se réveille, les supporteurs sont impatients d’où les difficultés à construire l’équipe sur le long terme, il faut gagner tout de suite parce qu’on est le HAFIA et qu’on porte un grand nom du football Guinéen. 

Il ne faut pas se taper la poitrine et dire que ma venue a tout changé car avant moi, beaucoup de choses avaient déjà été faites par mes prédécesseurs. Les résultats d’aujourd’hui, sontle fruit d’un long chemin. Je suis venu apporter ma pierre à la construction de ce club sous la conduite de Monsieur KPC. Il y’a des choses qu’il fallait corriger, car aucune œuvre humaine n’est parfaite. On a tout de même corrigé quelques couacs administratifs. Et même au niveau du staff, il y’avait des choses à rajouter avec le recrutement d’un directeur sportif et de quelques joueurs. Des TDR ont été conçus pour éviter que les gens ne se marchent dessus, car le constat à mon arrivée était que les tâches n’étaient pas bien définies pour être bien accomplies. Il était difficile d’évaluer qui que ce soit, d’où la nécessité d’une remobilisation de l’équipe à tous les niveaux. Aux footballeurs, on les a mis en face de leurs responsabilités strictement professionnelles afin de tirer le meilleur d’eux. Chacun a ainsi redoubler d’ardeur et je crois qu’on commence à voir quelques résultats, même si le chemin est encore long.

Spécifiquement, quelles sont les missions qui vous sont assignées depuis votre nomination ?

Quand on s’appelle le Hafia dans le milieu du football Guinéen, on ne peut avoir comme mission que de jouer les premières places dans toutes les compétitions nationales auxquelles on prend part. La mission principale est d’être champion de Guinée et jouer la ligue Africaine des champions.

Des mois après votre prise de fonction, quelle évaluation faites-vous du travail ?

Si on se fie aux résultats, je dirai que le travail est positif jusque-là. C’est la première fois que le club enchaine autant de victoires, avec autant de buts lors de la première phase d’un championnat. Egalement, c’est la première fois depuis des années qu’on se retrouve au deuxième rang du classement avec un écart aussi réduit derrière le Horoya qui mène le championnat guinéen durant ces dernières années. Ma fierté, ce n’est pas que sur le plan des résultats sportif puisque le football va très vite dans un sens comme dans l’autre mais plutôt le fait d’avoir réussi à fédérer autour de moi une solide équipe, dynamique et prête à aller chercher des résultats probants le tout dans une harmonie totale. Nous avons pu assoir une famille, une équipe où chacun a son mot à dire pour la réussite collective.

Sur le terrain, une nette amélioration des résultats de l’équipe est remarquée en championnat. Qu’est-ce qui explique cela ?

A mon poste de président délégué, je me suis interdit d’interférer dans les choix tactiques ou de joueurs laissant cela au staff technique qui d’ailleurs le fait bien jusque-là.

Le début de la saison a été laborieux avec une défaite lors de la première journée du championnat et d’autres mauvais résultats qui se sont succédés et  nous ont poussé à revoir notre stratégie. Il a fallu changer de coach principal décision qui a malheureusement précipitée le départ de l’entraineur Pascal.Cette décision était certes difficile à prendre mais il fallait assumer les responsabilités et mettre l’intérêt du club au-dessus de nos relations amicale ou familiale et stopper la saignée au bon moment. J’ai ainsi fait la proposition au président KPC de faire changer l’entraineur principal de l’équipe qui est un jeune frère que j’aime bien (Pascal). Mais le professionnel est différent de la famille. Heureusement, j’ai été écouté sur le choix de l’actuel coach (Casimir) qui depuis son arrivée a apporté des réglages techniques qui nous permettent aujourd’hui d’avoir des résultats. Concrètement, il nous revient de mettre tout en œuvre aux plans administratif et financier afin que l’équipe ne manque de rien pour aller chercher les bons résultats sur le terrain.

« Il y’a une nette amélioration de l’attitude des footballeurs aux entrainements »

Ceci dit, quel est l’objectif fixé au staff technique ?

Le staff technique est bien conscient de l’objectif qui lui est assigné, à savoir le titre de champion de Guinée à l’issue de la saison. C’est un contrat de performance qui doit absolument aboutir à cela. Vous le savez autant que moi que s’il y’a un monde impitoyable, c’est bien celui du foot. Et les entraîneurs ont toujours fait les frais des mauvaises performances de l’équipe. Donc, je dirai que le contrat qui lie l’actuel entraineur à la direction du Hafia est bien clair avec un objectif précis qui n’est autre que de remporter le titre de champion et au minima jouer la prochaine ligue des champions CAF.

Quelles raisons vous poussent à cette confiance cette année ?

D’abord, il y’a la qualité et la motivation des joueurs. Je rappelle que quel que soit la qualité d’un entraineur, il revient aux joueurs de mettre ses stratégies et sa tactiques de jeu en place sur le terrain. Et cette fois-ci, il y’a une nette amélioration dans l’attitude des footballeurs aux entrainements. On sent qu’il y’a une prise de conscience sur le fait de porter le maillot du club. A ma prise de fonction, j’aitenu un discours qui interpellait chacun sur son rôle à jouer en tant qu’employé du Hafia. Je leur ai dit que voir ce club légendaire avec tous les moyens mis par le président KPC  occupé le bas du classement de la Ligue 1 ne faisait honneur à personne et qu’il était temps d’inverser cette tendance. On a ensuite exigé la mise en place et l’application d’un règlement intérieur à l’ensemble des joueurs et membres du staff une fois dans l’enceinte du stade petit Sory car porter la tunique HAFIA doit être un honneur et synonyme d’un comportement exemplaire. Tous ces éléments ont permis à chacun de réaliser l’immensité des attentes et de mieux se préparer pour aller au combat match après match.

Parlons à présent des difficultés de gestion. Dites-nous-en !

Les difficultés sont inhérentes à la vie, la gestion humaine est assez complexe car on est appelé à gérer plusieurs personnes venues de différents horizons. Je suis aussi à ma première expérience de dirigeant d’un club de football professionnel, Il y’a donc quelques difficultés en cette première année qui est aussi une année d’apprentissage pour moi. N’oubliez surtout pas qu’il n’est jamais évident de gérer les footballeurs qui sont des êtres humains avec des qualités, des défauts et quelques caprices de diva. Il faut donc être patient, à l’écoute de tous, avoir la chicotte et la carotte en même temps, être au top rendez-vous du management. En outre, il faut reconnaitre les immenses efforts du président KPC qui met tous les moyens à notre disposition pour atteindre les objectifs. Il faut lui tirer ce chapeau, si ce n’était que cela le foot, le Hafia Fc serait régulièrement champion de Guinée.

De manière générale, quel regard portez-vous sur le niveau de la ligue 1 en cette saison 2023 ?

Sincèrement, je suis épaté. Peut-être que c’est du fait que ce soit ma première année à la tête d’un club pour suivre avec autant d’attention toute une saison sportive. Mais j’avoue que j’ai vu un très bon niveau du championnat cette année. Je le disais récemment dans un échange qu’il y’a même plus d’intensité dans les matchs de ligue 1 que ceux avec les sélections. Et avec un tel niveau de jeu, j’ose croire que très bientôt le pays pourra mettre en place une équipe nationale locale capable de rivaliser au plan continental.

« Madame Sy et son équipe sont plutôt en train de bien travailler »

Et qu’en est-il de vos rapports avec les autres présidents de clubs ?

Au quotidien, on fait en sorte qu’ils demeurent cordiaux. C’est la famille sportive, on est loin d’être des ennemis. On participe à une même compétition pour que le meilleur l’emporte à la fin. Je suis un nouveau parmi les présidents de clubs, et très honnêtement j’ai été bien accueilli.

Le CONOR, parlons-en ! Votre avis sur la gestion de l’équipe de Madame Sy ?

Je pense que s’il y’a eu CONOR, c’est qu’il y’a eu dysfonctionnement dans la gestion de l’ancienne équipe. Si les instances qui étaient alors en place avaient fait les choses dans les règles de l’art, la FIFA ne nous aurait pas collé un comité de normalisation. Beaucoup de choses anormales se sont passées dans le football guinéen. On ne gère pas le foot avec les égos et les clans. Il faut donner la place au football et rien que lui. Pour moi, le CONOR essaye de réguler tout ça. C’est vrai que la tâche ne sera pas facile avec certaines réticences, mais je pense que jusque-là, Madame Sy et son équipe sont plutôt en train de bien travailler. N’oubliez surtout pas que certains intérêts égoïstes ont été touchés par le CONOR, d’où cette résistance par moment en face. Qu’à cela ne tienne, je les encourage à demeurer sur cette dynamique, à savoir : réunir tout le monde sans exclusion, maintenir la position neutre qu’ils ont adoptée jusque-là et surtout appliquer les textes en vigueur pour enfin laver le linge sale en famille. Bref, je leur tire le chapeau.

Monsieur, votre message à la famille du football en Guinée ?

Je lui dirai d’accepter de se réunir d’avantage et de mettre le football au-dessus et au-devant de tout. Egalement, accepter de mettre les égos et les intérêts personnels de côté. Par expérience, je sais que pour évoluer dans un domaine, il faut tout d’abord permettre au domaine de se développer. Mais si ce sont les hommes qui veulent se développer avant le football, alors ce sera compliqué. Il faut donc accepter de développer le football guinéen, après les acteurs trouveront forcément du profit.

Propos recueillis par Bernard Leno

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